dimanche 19 mai 2024

Conférence internationale pour la Paix : conclusions par Fabien Roussel

Chers amis, chers camarades, Mesdames messieurs les Ambassadeurs, les représentants des forces politiques, vous qui êtes venus nombreux mais aussi ceux qui nous suivent en direct sur les réseaux,

Avant de commencer, je souhaiterais que nous remercions collectivement l’ensemble des équipes et des camarades qui ont rendu possible cette journée. Plus de 20 pays sont représentés sous cette coupole aujourd’hui, preuve que l’internationalisme est toujours bien vivant et que les peuples n’ont pas renoncé à construire et à défendre la Paix !

Alors merci au secteur international du PCF et à Vincent Boulet. Merci aux services généraux de l’espace Niemeyer et merci aux camarades de l’Accueil sécurité qui ont assuré la bonne tenue de cet événement. Merci enfin à vous, toutes et tous, d’avoir répondu aussi nombreux, présents à notre invitation.

Monsieur l'Ambassadeur du Vietnam en France,

Monsieur l’Ambassadeur de Cuba en France,

Monsieur le ministre conseiller, représentant de l’Ambassade de Chine en France,

Messieurs les députés européens,

Monsieur le Vice-président du Parti communiste du Japon,

Monsieur le président du Sinn Féin,

Mesdames, Messieurs les représentants du Parti du travail de Belgique, du parti Gauche unie d’Espagne, du Parti communiste portugais, de l'Ambassade de Palestine, du parti des travailleurs du Brésil, de Somos 4T du Mexique, du Parti communiste israélien, du parti iranien Tudeh, du parti kurde DEM, du PPA - Côte d’Ivoire,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis, chers camarades,

Je commencerai par exprimer la solidarité des communistes avec les peuples victimes des conflits. Vingt-deux guerres déchirent aujourd'hui la planète. Ce ne sont pas ceux qui les décident qui en paie le prix. Ce sont les populations civiles essentiellement.

Ce sont les femmes les premières victimes du viol utilisé comme arme de guerre.

Je pense aux femmes du Congo, aux femmes afghanes, israéliennes, palestiniennes, iraniennes, qui, dans l’indifférence générale, en sont victimes. Ce sont aussi les enfants, privés d’accès à l’éducation voire enrôlés de force dans les conflits.

Ce sont les personnes âgées, meurtries, tuées par des bombardements sauvages à Gaza.

J’exprime la solidarité des communistes envers le peuple palestinien, dont les droits nationaux leur sont déniés par les puissances internationales et par les gouvernements israéliens successifs.

Le peuple palestinien vit sous occupation depuis 1967 et subit actuellement sa plus grande catastrophe, victime de massacres de masse et d’un risque de génocide à Gaza;

De nombreux palestiniens, palestiniennes sont victimes d’arrestations, d’assassinats et de l’épuration ethnique dans les territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Et d'ailleurs, je suis fier d'avoir conduit une délégation qui a pu se rendre en Israël, en Palestine, en Cisjordanie occupée, dans les camps de réfugiés quelques semaines après les terribles attentats du 7 octobre dernier pour rencontrer autant les forces progressistes israéliennes et nos camarades du Parti communiste israélien que l'autorité palestinienne et celles et ceux qui vivent dans les camps de réfugiés pour pouvoir témoigner de ce qui se passe là-bas sous les regards de la communauté internationale qui, ces dernières décennies, a refusé d'agir et de faire appliquer les résolutions de l'ONU.

La France doit reconnaître maintenant l’État de Palestine ! Honte à la politique française, frappée de lâcheté et dominée par la politique néocoloniale avec ce deux poids-deux mesures en matière de respect du droit international.

Cette reconnaissance de la Palestine, je l'ai autant entendue de la bouche du Premier ministre de l'autorité Palestinienne - rencontré sur place à Ramallah, que des députés communistes israéliens qui, avec d'autres organisations, réclament la même chose de la part de la France et de l'Union européenne. Et je veux aussi saluer les forces progressistes qui, en Israël, se battent pour faire respecter ce droit international et pour que le peuple palestinien ait droit à un État aux côtés du peuple israélien.

J’exprime la solidarité des communistes envers le peuple israélien, que la politique suprémaciste et raciste menée par Netanyahou et son gouvernement de criminels de guerre conduit à la catastrophe.

Je n’ai pas oublié les victimes, auxquelles je rends également hommage, celles des pogroms commis par l’organisation terroriste et islamiste du Hamas, ni les otages toujours détenus dans la Bande de Gaza et dont j’exige avec vous tous la libération.

Nous participons pleinement aux campagnes, aux mobilisations qui appellent la France à agir pour mettre fin à ce massacre. Bravo à la jeunesse française qui se mobilise dans les facs et les grandes écoles, bravo à la jeunesse communiste, aux étudiants communistes qui participent activement à cette campagne pour exiger un cessez-le-feu à Gaza !

Bravo à ce titre aux élus communistes et à l’AJPF qui organisent les jumelages avec les camps de réfugiés, les villes palestiniennes occupées et multiplient les actions de solidarité. Bravo à cette association et sa Présidente, Charlotte Blandiot-Faride, qui, tous les ans, se rend en Palestine pour organiser les jumelages et des campagnes de solidarité.

J’exprime la solidarité des communistes envers le peuple ukrainien, dont le droit à l’indépendance a régulièrement été piétiné par les puissances environnantes, avides de contrôler son territoire et les richesses de sa terre. Il résiste avec courage à l’agression du régime autocratique et chauvin de Vladimir Poutine.

J’exprime la solidarité des communistes envers le peuple russe, avec lequel il faut renouer les fils du dialogue. Le peuple russe, que nous ne confondons pas avec le dictateur Poutine, qui est et restera un peuple voisin de l’Europe et nous partageons avec lui tant de luttes communes, à commencer par la lutte contre le fascisme. Ni lui, ni les autres peuples européens n’ont intérêt à une confrontation. Et je voudrais saluer le courage du camarade russe qui est intervenu lors de cette conférence aujourd'hui et qui s'en est pris directement à Vladimir Poutine. Il risque pour cela des années de prison et nous avons été heureux de l'accueillir au sein de notre conférence.

J’exprime la solidarité des communistes envers le peuple arménien, qui est à nouveau menacé dans son existence. L’épuration ethnique commis par le régime de Bakou, avec lequel l’UE préfère passer des accords gaziers plutôt que d’exiger le respect des droits des peuples, contre la population arménienne du Haut-Karabakh risque de n’être qu’une première étape si une véritable solidarité concrète n’est pas apportée à l’Arménie.

J’exprime toute notre solidarité avec nos amis kurdes qui ont été en première ligne pour combattre les intégristes religieux de Daesh, ont payé dans leur chair ce combat et sont ensuite lâchés par l’Union européenne quand le dirigeant turc Erdogan vous pourchasse. Gloire aux femmes kurdes, celles du parti DEM, en première ligne dans ce combat, et pour certaines d'entre elles tuées ici-même à Paris dans de lâches attentats.

Solidarité avec le peuple cubain qui subit un embargo inacceptable depuis plus de 60 ans de la part des États-Unis, dénoncé tous les ans par l’ONU, privant le peuple cubain de ses droits fondamentaux. Les États-Unis sont responsables de la pauvreté qui s’abat sur ce peuple digne qui se bat pour sa liberté. Ils sont responsables de la pénurie de médicaments, d’essence, de matériels indispensables pour les machines agricoles. Là aussi, il ne peut pas y avoir deux poids-deux mesures en matière de droit international ! Avec J. Bacchi, sénateur, et André Chassaigne, député, le PCF mène une grande campagne de solidarité envers le peuple cubain pour dénoncer cet embargo et pour sortir Cuba de la liste des pays dits « terroristes ».

Tous les peuples victimes de conflits ne font pas la Une de l’actualité mais ils sont nombreux à souffrir dans une indifférence coupable, comme ceux de la République démocratique du Congo, qui subissent depuis presque 30 ans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par des bandes armées au service d’États régionaux qui se disputent les richesses minières.

Ou encore le peuple du Yémen, victime d’une guerre qui dure depuis 10 ans. Avec le peuple kurde, dont j'ai parlé précédemment.

Partout la même question se pose : allons-nous laisser les dynamiques nationalistes emporter le monde dans la catastrophe sans retenir les leçons de l’histoire ? Dix millions de morts durant la Première Guerre mondiale. Soixante millions durant la Seconde. N’avons-nous donc rien retenu de l’histoire. A chaque fois, on parlait « der des der », on criait « plus jamais ça ! ».

Partout les nationalismes agressifs de l’extrême droite comme des fondamentalistes religieux poursuivent la même politique : celle de l’asservissement des peuples. De Poutine à Netanyahou, de Trump à Millei en Argentine, des mollahs en Iran aux talibans d'Afghanistan, on voit les régressions, les collusions entre forces d'extrême droite, fascistes et intégristes de tout poil.

Aujourd’hui, l’extrême droite française, dont les racines plongent directement dans l’histoire du fascisme et de l’antisémitisme, affiche son soutien sans borne à l’extrême droite suprémaciste israélienne. C’est une collusion que nous dénonçons. Partout, la lutte pour la paix est inséparable de la lutte contre les nationalismes ethniques et contre l’extrême droite. Plus l’extrême droite reculera dans nos pays, plus les risques de guerre reculeront.

Aujourd’hui, nous sommes face à la menace d’une nouvelle déflagration mondiale avec un risque nucléaire à la clé.

Dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les classes dirigeantes nous avaient promis une Europe qui devait être celle de la Paix et de la prospérité. Aujourd’hui, nous voyons la pauvreté et la guerre arrive.
Et pourquoi donc ? Parce qu’on voit aussi des chefs d’États européens qui, depuis 1945, ne savent compter que sur les États-Unis et l’OTAN pour garantir la sécurité de l’Europe.

C’est une erreur fatale à l’heure où le risque d’une réélection de Trump nous fait mesurer la fragilité d’une telle stratégie. Cet homme, allié des partis de l’extrême droite européenne, soumis aux Évangélistes américains, est un milliardaire qui pense « dollars » et facturera cher le coût de cette protection. S'il arrivait au pouvoir, il nous fera payer cela comme un service de sécurité.

Comment parler de paix, mettre fin aux conflits dans le monde quand on voit enfin une nouvelle course aux armements. 2 440 milliards de dollars pour la seule année 2023 au niveau mondial ! C’est du jamais vu depuis la fin de la guerre froide. En France, le budget des armées va doubler d'ici 2027! Quand ceux du service public, de l'éducation, de la santé, de l'écologie eux, sont en baisse !

L’égoïsme des classes dirigeantes, la montée des nationalismes, la paresse de nos diplomaties, comme les dénonçait déjà Jean Jaurès en son temps, sont tristement à l’œuvre. Alors, il est urgent d’agir et d’emprunter les chemins d’une paix durable, pour la paix mondiale.

Pour cela, nous avons une force. Notre solidarité, qui s’est exprimée durant tout le long de cette journée.

La solidarité internationale n’est pas abstraite. Elle implique d’avoir les pieds dans le réel pour faire émerger les intérêts communs des peuples et des nations, qui, contrairement à certains discours, n’ont pas disparu. Vingt pays ont échangé aujourd'hui à travers la parole de leurs ambassadeurs, des représentants des partis politiques et des porte-paroles.

J'ai participé aujourd'hui à un bel échange entre le parti Tudeh d'Iran et le Parti communiste israélien. Dans l'actualité, sur nos chaines de télévision, on voit tous les jours des mots terribles s'échanger, des roquettes, des missiles entre ces deux pays, prêts à faire la guerre.

ET quand on parle aux forces progressistes de ces deux pays, on voit que l'on sait parler la même langue, celle de la paix et de la coopération. C'est ça qu'il faut à chaque fois pouvoir célébrer : la paix et la coopération entre les peuples en s'appuyant sur les forces progressistes qui existent dans chacun de ces pays. Merci à vous!

Bien sûr, nous ne sommes pas d’accord sur tout. Nous avons des débats, des différences, des divergences parfois.

Mais nous avons aussi, et c’est là le principal, des exigences communes de faire émerger un autre ordre du monde, bâti non pas sur une bataille entre hégémonies concurrentes mais sur le droit des peuples à l’autodétermination et la sécurité collective.

C’est le sens de notre combat pour la paix. Car la paix n’est pas uniquement l’absence de guerre. C’est un projet politique global liée à l’exigence d’émancipation des peuples.

C’est un combat politique, contre l’hégémonie de quelques-uns, contre l’impérialisme, contre le colonialisme.

C’est un combat pour l’égalité, car nous savons que les guerres provoquent des inégalités sociales, voire même les approfondissent.

C’est un combat pour le climat, car les guerres accélèrent la crise climatique en pillant les ressources naturelles.

C’est un combat pour l’égalité des droits, car nous savons à quel point les femmes sont les premières victimes des conflits.

C’est un combat pour un nouvel ordre économique et monétaire mondial, dégagé de l’hégémonie du dollar, pour que les ressources financières des banques soient réorientées vers une politique de co-développement répondant aux besoins sociaux, écologiques des peuples.

Pour cela, il ne suffit pas de brandir la paix comme un slogan. Mais comme un objectif politique de sécurité commune et collective. D’avoir une paix d’avance, au lieu d’avoir une guerre d‘avance comme le théorise ici Emmanuel Macron.

Le PCF est le parti de la Paix né sur les cendres de la Première Guerre mondiale.

Un parti internationaliste qui a combattu le colonialisme en Algérie, en Indochine, solidaire du peuple espagnol sous Franco, chilien sous Pinochet, vietnamien agressé par les Américains.

Notre conception des luttes anti-coloniales rejoint celle d’Ho Chi Minh qui disait, à propos de la guerre d’indépendance du Vietnam : « cette guerre n’a jamais été une guerre de haine et de rancune pour l’ennemi mais une lutte pour la paix et la justice ». C’est la lutte pour le droit des peuples à l’autodétermination et l’application du droit international.

Et nous n’avons jamais confondu ce combat pour l’indépendance, ce soutien aux forces de résistance et de libération nationale, avec le terrorisme qui lui, choisit de terroriser les esprits en s’en prenant à des civils pour défendre ses cause. Le terrorisme n’est pas l’arme des pauvres. C’est l’arme des faibles et par leur crimes, ses auteurs tuent l’idéal de paix qu’ils sont censés défendre. Honneur à Missak Manouchian qui est le symbole de la Résistance française et de l'engagement des forces communistes et qui a rejoint le Panthéon il y a quelques semaines. A lui seul, il représente ces francs-tireurs et partisans de la main d’œuvre immigrée, qui a fait le choix de la Résistance pour défendre un idéal : la République, en s'engageant dans la Résistance et en s'attaquant aux soldats nazis. Ils ont rejoint l'armée de la libération et c'est ce combat-là que nous, nous soutenons partout !

Notre combat pour la paix c’est aussi un combat pour la sécurité collective, en Europe et dans le monde. Les politiques de bloc emmènent les peuples à la catastrophe et à la guerre. Une paix véritable, juste et durable, ne peut émerger que si les questions de sécurité sont envisagées, non pas en exacerbant les oppositions, mais en réglant globalement les sujets de tensions. En se mettant d'accord sur des traités qui écrivent des mécanismes diplomatiques et politiques, nous pouvons résoudre les conflits qui peuvent naître entre chaque pays.

C’est la raison pour laquelle une véritable autonomie stratégique européenne, une véritable sécurité collective en Europe ne peut pas s’inscrire dans le cadre de l’OTAN qui, lui, est tout le contraire : une visée impérialiste qui, à long terme provoque des tensions et n’assure aucune sécurité.

C’est aussi un combat pour la sécurité humaine globale. Il n’y aura pas de paix sans résoudre les crises alimentaires, sociales et climatiques qui ravagent des régions entières et qui montrent à quel point les interdépendances sont profondes. Il n'y aura pas de paix si les ouvriers français, chinois, indiens, sont mis en concurrence pour enrichir les banques et quelques multinationales.

C’est en prenant globalement l’ensemble de ces approches, en liant paix et progrès social qu’une véritable politique de paix, une véritable culture de paix, pourra émerger.

Nous voulons aussi être clairs encore sur un point. Oui, nous sommes opposés aux guerres de conquêtes, aux guerres impérialistes, nous disons aussi que les peuples ont le droit légitime de défendre leur liberté, leur indépendance, leurs frontières. C’est d’ailleurs précisé dans la charte des nations unies.

Les communistes français peuvent être fiers d’appartenir au seul parti qui a refusé la capitulation de Munich en 1938. Les députés communistes ont voté les crédits de guerre en septembre 1939, certainement pas contre le peuple allemand mais contre le nazisme, avec lequel rien, aucune négociation n’était possible.

Une politique de défense nationale et populaire fait partie intégrante d’une politique de paix, au service non pas d’expéditions aventuristes et impérialistes et sans perspective politique, mais une politique de la défense du territoire national et du peuple français.

Je lance ici deux appels : un appel à la gauche et un appel à la France et aux Français.

  • Un appel à la gauche.

Aujourd’hui, je constate avec amertume et déception qu’une partie de la gauche semble prête à céder aux sirènes de la guerre et de l’union sacrée. On en a vu le résultat en 1914 quand, en quelques jours, l’internationale socialiste s’est disloquée. Cela a eu pour résultat de produire la principale fracture de toute l’Histoire du mouvement ouvrier international qui a perduré durant tout le XXe siècle.

Je comprends, et je partage, les inquiétudes. Je comprends, et je partage, l’indignation face à l’agression du régime de Vladimir Poutine contre l’Ukraine souveraine et indépendante. Face à cela, reprenons la « méthode Jaurès ». Celle-ci consistait en trois points : une analyse de la gravité de la situation, une politique de paix et un rapport de force pour faire appliquer le droit international. C'est ce triptyque qui devrait commander la politique française et européenne.

Car le monde, l’Europe, la France sont à la croisée des chemins. Soit l'escalade guerrière se poursuit, avec une confrontation possible directe des pays de l'UE avec l'armée russe et une menace nucléaire à la clé,
Soit nous arrivons à contenir l'offensive russe tout en ouvrant des négociations permettant d'aboutir à un cessez-le-feu et faire respecter le droit international.

Nous sommes assis sur un baril de poudre. Allons-nous prendre la responsabilité d’envoyer nos enfants, notre jeunesse, se faire hacher sur les champs de bataille ?

C'est le combat que mène Léon Deffontaines, tête de la liste "Gauche Unie pour le Monde du Travail" aux élections européennes. Parce qu'il fait partie des seules voix à gauche qui s'opposent à cette escalade guerrière et qui appellent à une résolution du conflit par les voies diplomatiques et politiques. Bravo à lui !

Nous avons besoin d'envoyer beaucoup de députés européens qui demain, au Parlement, porteront cette voix de paix, de coopération, d'amitié. Cette voix aussi qui mettra tous les pouvoirs dans les mains des chancelleries, de toutes les diplomaties européennes pour trouver une solution à ce conflit. En regardant le PTB et le PCP, je sais qu'au Parlement européen, nous œuvrerons dans le même sens.

  • Je lance aussi un appel à la France et aux Français.

La politique d’E Macron et de son gouvernement est dangereuse pour la France. Il s’était tout d’abord fixé des lignes rouges. Maintenant, il n’y a plus qu’une course à l’abîme. Il ne fait qu’accompagner les dérives bellicistes. On pourrait résumer cette politique par la formule : « nous sommes devant le précipice, sautons! ».

Il parle maintenant d’un bouclier anti-missile européen et d’une européanisation de la force nucléaire française. Mesure-t-on ce que cela représente ? C’est alimenter la peur, l’insécurité et la course aux armements. C’est aussi engager notre pays dans une aventure guerrière, dans un engrenage totalement incontrôlé, au service d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, ni ceux des peuples européens.

Le partage de la dissuasion nucléaire signifie trois choses : imiter ce que font les USA avec l’OTAN et la Russie avec la Biélorussie ; le stationnement permanent des forces aériennes stratégiques à l’étranger ; un fardeau financier en échange d’une protection incertaine. Tout cela aura des conséquences désastreuses pour notre pays. Il faut y mettre fin !

Il faut que notre pays retrouve la place qui était la sienne dans l’ordre du monde, en se positionnant comme force d’équilibre, agissant pour le respect du droit international partout : en Ukraine, en Palestine, à Cuba, en Afrique. Je réitère la proposition faite lors de mes vœux en janvier dernier. La France doit utiliser le 80e anniversaire du débarquement en juin prochain pour réunir une coalition d’États pour la paix, une conférence internationale au service de la paix.

Ce serait reprendre la place qui est la sienne pour une solution de paix fondée sur la négociation et visant à un nouveau système de sécurité collective, en Europe et dans le monde. Cela passe par la récupération de la souveraineté de notre pays, en toute indépendance de l’OTAN et des États-Unis, pour faire entendre une voix alternative aux politiques de blocs et aux politiques de force en vigueur.

La France peut et doit prendre des initiatives concrètes pour rompre avec la spirale guerrière, au lieu de se murer dans l’impuissance et dans la veulerie qui caractérise la politique de Macron. La France serait ainsi fidèle à son héritage révolutionnaire.

Comme le disait Jaurès, « c’est par le droit et l’idée du droit que nous reprendrons en Europe notre rôle ».

Notre pays pourrait ainsi agir pour un nouvel ordre du monde, fondé sur le droit et la justice. Un nouvel ordre du monde qui rompe avec la politique des indignations sélectives et du deux poids-deux mesures, qui est un trait caractéristique d’une politique néo-coloniale.

Un nouvel ordre du monde qui s’appuie sur les principes de la charte des Nations Unies, et sur une réforme des institutions internationales, de l’ONU notamment, afin de donner à l’Assemblée générale qui représente les États à égalité un rôle prépondérant, en ouvrant le conseil de sécurité aux réalités du monde contemporain. En agissant pour le désarmement global et négocié, en respectant et en signant le traité de l’ONU pour l’interdiction des armes nucléaires. En agissant pour un ordre global profitable à toutes et tous.

Chers camarades, la rencontre internationale d’aujourd’hui aura permis de formuler des propositions, des pistes de réflexion et d’actions. Je souhaite que tout ce dont nous avons discuté et débattu aujourd’hui puisse être repris et approfondi. Le PCF est en train de rehausser son engagement international en ce sens car la situation l'exige. Vous pouvez compter sur lui. Vous pouvez compter sur le PCF pour être à vos côtés pour qu'ensemble, nous puissions faire gagner la Paix.

Je vous remercie.

 

Abject !


 Le Mémorial de la Shoah à Paris a été la cible d’un acte de vandalisme dans la nuit de lundi à mardi 14 mai. Des mains rouges ont été taguées sur le « Mur des Justes ».Des bâtiments du quartier du Marais ont également été tagués de la même façon.

Le Mémorial de la Shoah a également souligné que « cet acte de vandalisme survient en cette date anniversaire de la rafle du 14 mai 1941 durant laquelle environ 3 700 Juifs du Marais et de la région parisienne ont été arrêtés, transférés dans les camps du Loiret avant d’être déportés au camp d’Auschwitz-Birkenau, en juin et juillet 1942 pour y être assassinés ». Le mémorial indique également que les auteurs de ces graffitis sont « des individus cagoulés ».
Des responsables politiques ont également réagi pour condamner cet acte de vandalisme. « Dégueulasse » a ainsi dénoncé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. « Les victimes juives d’hier doivent reposer en paix. Elles ne sont la cause d’aucune guerre. L’utilisation des mains rouges est une provocation après la polémique de Sciences-Po, ce qui peut aussi laisser penser à une manipulation », ajoute le dirigeant socialiste.
Le député insoumis Hendrik Davi a lui fustigé des « actes antisémites inadmissibles ». Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel a condamné une « odieuse profanation ». « Quels qu’ils soient, les auteurs de cet acte antisémite doivent être identifiés sans délai et poursuivis par la justice » a twitté le dirigeant communisteEn avril, les « mains rouges » avaient été au centre d’une polémique, alors que des étudiants de Sciences Po avaient utilisé ce symbole pour dénoncer les massacres commis par l’armée israélienne à Gaza. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé avoir saisi le procureur de la République pour des faits « potentiellement constitutifs du délit d’injure publique à caractère antisémite ».

samedi 18 mai 2024

La visite de Xi Jinping en France - Y-a-t-il un pilote à l’Élysée ?


 

Nouvelle-Calédonie : E. Macron et le 1er ministre sont les responsables de cette crise et doivent trouver les ressorts pour en sortir.

 L’aggravation brutale de la crise en Nouvelle-Calédonie se solde par un bilan humain et matériel d’ores et déjà inacceptable et tragique : quatre morts dont un gendarme et de très nombreux blessés ainsi que la présence de milices armées qui agissent en toute impunité.

Nous adressons toute notre amitié et nos pensées aux familles des victimes et nous appelons à ce que toute la lumière soit faite sur ces drames .

Nous adressons également à la famille du gendarme décédé, à ses proches, ses collègues ainsi qu'à l'ensemble de la Gendarmerie nationale toutes nos condoléances.


La crise politique néo-calédonienne rappelle les heures les plus difficiles des années 1980.


Pourtant, depuis 30 ans, les présidents de la République et leurs premiers ministres successifs ont su préserver le cadre d’un processus fondé sur l'impartialité de l’Etat, la concertation, l’équilibre et le respect mutuel entre les différents partis.

Aujourd’hui ce processus qui a commencé par la poignée de main historique entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur au moment des Accords de Nouméa, est remis en cause.


Le seul responsable de cette crise est le président de la République Emmanuel Macron et son Gouvernement, qui avancent à coup d’ultimatums et de menaces, de l’imposition du calendrier du 3e référendum en dépit du deuil du peuple calédonien au moment de la pandémie à celle de la réforme du corps électoral.


La colère qui explose aujourd’hui est le fruit amer de cette politique destructrice, dont les conséquences sont accentuées par des inégalités sociales très fortes sur l’île .


Le PCF appelle au calme. Plus aucun drame humain, plus aucun mort, plus aucun blessé, autant parmi les manifestant·es que parmi les forces de l’ordre, ne doit être à déplorer.


Emmanuel Macron et le Premier ministre sont les responsables de cette crise. C’est à eux de trouver les ressorts pour en sortir.


Malheureusement, en décrétant l’État d’urgence, en annonçant d’ores et déjà que le Congrès sera convoqué fin juin, ils se comportent de la pire manière, comme les représentants d’un Etat colonial dont on pensait être définitivement débarrassés.


Il faut retrouver les voies du dialogue, sans ultimatum, ni coup de force, et dans le respect mutuel des différents partis. Pour cela, le PCF et ses parlementaires demandent que la réforme du corps électoral soit stoppée.

Ils appellent à l’envoi immédiat d’une mission gouvernementale dirigée par le Premier ministre, chargée de réunir l’ensemble des partis pour trouver une solution politique négociée et consensuelle à la crise dans le respect des Accords de Nouméa.


Parti Communiste Français, 15 mai 2024

vendredi 17 mai 2024

Le Parti communiste de l’Isère organisait une « action symbolique » mardi 14 mai 2024,

Le Parti communiste de l’Isère organisait une « action symbolique » mardi 14 mai 2024, place Nelson-Mandela à Grenoble, pour prôner la paix entre Israël et la Palestine, mais aussi exiger la libération de Marwan Barghouti, homme politique palestinien. Une dizaine de militants se sont réunis, le temps de déployer une banderole et quelques fumigènes
Emprisonné par Israël depuis 2002 pour sa participation à la seconde intifada, Marwan Barghouti est décrit par Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF 38, comme une personnalité politique laïque, en faveur de la paix et opposée aux attaques contre les civils israéliens. « On a un enjeu de porter des perspectives au-delà du cessez-le-feu : si on veut une solution à deux États, la figure de Marwan Barghouti est une figure centrale comme interlocuteur du côté palestinien », juge ainsi le militant.Les militants communistes se sont donné rendez-vous place Nelson-Mandela pour appeler à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas et réclamer la libération de Marwan Barghouti. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Le choix de la place Nelson-Mandela ne s’est pas fait au hasard : pour le PCF 38, Marwan Barghouti est celui qui pourrait unifier le peuple palestinien, comme l’ancien président de l’Afrique du Sud le fit pour son pays. Jérémie Giono l’assure : Marwan Barghouti incarne une alternative au Hamas comme à une autorité palestinienne contestée et demeure identifié par les Palestiniens. « On fait des élections en Palestine aujourd’hui, c’est Marwan Barghouti qui les gagne ! », veut croire le chef de file du PCF 38, qui appelle la France à faire pression sur Israël.

 

Kanaky–Nouvelle-Calédonie : Le gouvernement français crée le désordre

Le gouvernement français tente un nouveau passage en force en modifiant la loi constitutionnelle pour dégeler le corps électoral de Kanaky–Nouvelle-Calédonie.

En remettant ainsi en cause le processus de décolonisation, le pouvoir provoque le désordre et agit de manière totalement irresponsable.

Le gel du corps électoral est prévu par les accords de Nouméa de 1998. Il répond à la tentative de mettre en minorité le peuple kanak sur sa propre terre avec l’installation par la France de populations favorables à la domination française.

Plutôt que le seul élargissement du corps électoral, le Front de libération nationale kanak et socialiste, dont est issu le chef du gouvernement de l’archipel Louis Mapou, demande un accord global pour poursuivre la décolonisation.

L’organisation du troisième référendum sur l’indépendance en 2021 était déjà un coup de force du gouvernement français. La France avait accéléré volontairement le calendrier référendaire pour éviter le progrès du vote indépendantiste. En effet, entre le premier scrutin de 2018 et celui de 2020, le « oui » à l’indépendance et la participation avaient progressé. Le « oui » était à 10 000 voix d’écart avec le « non » en 2020.

En avançant brutalement le troisième référendum, le taux de participation était passé de 85,6 % en 2020 à 43,9 % en 2021. Le scrutin de 2021 avait ainsi perdu toute légitimité sans la participation du peuple kanak.

En dégelant le corps électoral, le gouvernement croit favoriser le camp opposé à l’indépendance, mais aucune manœuvre administrative ne pourra résoudre la très nette fracture territoriale de l’archipel causée par la colonisation de peuplement.

Le Mouvement jeunes communistes de France demande au gouvernement français de retirer son projet de loi et de rétablir le dialogue avec les forces politiques kanakes.

Le MJCF affirme son soutien au processus de décolonisation, au droit à l’autodétermination des peuples et aux forces kanakes éprises comme nous de justice sociale.

Article publié dans CommunisteS, numéro 996 du 15 mai 2024.

 

jeudi 16 mai 2024

Comment taxer le rachat d’actions ? (2/2)

Le gouvernement a annoncé vouloir mettre en place une mesure pour taxer les entreprises qui rachètent leurs propres actions. Selon Bercy, cela pourrait rapporter « plusieurs centaines de millions » d’euros.

Ce genre d’opération réalisée par les sociétés du CAC 40 n‘est pas vertueuse. Il faut la pénaliser et favoriser l’actionnariat salarié.

Natalia Pouzyreff

Députée Renaissance des Yvelines

C’est en 2023 que j’ai pris conscience de l’ampleur du phénomène des rachats d’actions en vue de leur annulation par de grandes entreprises cotées. Dès 2021, les rachats d’actions ont atteint un niveau record dans notre pays avec 23,8 milliards d’euros, soit 1,1 % de la capitalisation boursière. La tendance s’est confirmée en 2022 – 24 milliards – et 2023, avec plus de 30 milliards d’euros !

Cette pratique concerne principalement des sociétés matures du CAC 40 ayant fait des bénéfices exceptionnels et sans projet d’investissement immédiat. Elle peut certes permettre de renforcer la structure capitalistique de l’entreprise mais le plus souvent elle vise à accroître la valeur boursière des titres et ainsi à mieux rémunérer les actionnaires par annulation du nombre d’actions rachetées. Que la France compte de grandes entreprises leaders sur les marchés mondiaux qui réalisent de forts bénéfices et attirent ainsi des capitaux est une bonne chose.

Qu’elles mettent en œuvre des programmes de rachat d’actions en vue de leur annulation n’est en revanche pas très vertueux eu égard à l’impact sur l’investissement et le partage de la valeur au détriment des salariés. Aux États-Unis, où les rachats d’actions sont courants, ce constat a conduit le président Joe Biden à introduire une législation visant à encadrer cette pratique.

Entrée en vigueur le 1er janvier 2023, l’Excise Tax on Repurchase of Corporate Stock prévoit ainsi un prélèvement de 1 % sur les rachats d’actions, taxe que l’administration américaine a envisagé de faire passer à 4 %. En mars 2023, le président Emmanuel Macron dénonçait le procédé « des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu’elles en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions » et d’appeler à trouver la bonne technique pour que ces sociétés « distribuent davantage à leurs salariés ».

Forte d’un long engagement en faveur de l’actionnariat salarié dans ma carrière préparlementaire, j’ai pris attache en août 2023 avec la Fédération française des associations d’actionnaires salariés et anciens salariés (FAS) dans l’idée de déposer un amendement visant à favoriser l’actionnariat salarié. Le dispositif proposé est le suivant : majorer de 1 % le taux de la taxe sur les transactions financières, actuellement fixé à 0,3 %, pour les rachats d’actions de sociétés capitalisées plus d’un milliard d’euros, tout en prévoyant une possibilité d’exonération si au moins un dixième des actions rachetées est attribué gratuitement aux salariés de manière égale et concomitante à l’annulation des autres actions.

Ma démarche n’est pas idéologique mais pragmatique : encourager les grandes entreprises qui aujourd’hui rachètent leurs actions à développer l’actionnariat salarié et à favoriser l’investissement en vue de concilier défis industriels et cause environnementale.

Cette pratique qui ne bénéficie qu’aux actionnaires est la manifestation ultime d’un capitalisme dégénéré. Il faut l’interdire ou la taxer à 100 %.

François Hommeril

Président de la CFE-CGC

Racheter des actions pour les détruire est l’acte anticapitaliste le plus répugnant qui puisse exister. On ne parle pas ici des rachats nécessaires à distribuer des actions à ses salariés. Mais de cette pratique obscène qui consiste à détruire du capital aux seuls fins de faire monter le cours de l’action d’une entreprise, enrichir ses actionnaires par la spéculation et au surplus échapper à l’impôt.

Le regretté Bernard Maris considérait cet acte suicidaire comme la manifestation ultime d’un capitalisme dégénéré dépourvu de ce qui fait sa substance : inventivité, initiative, prise de risque, ce que, usuellement, on appelle, « l’esprit d’entreprise ». Plus de 30 milliards d’euros de rachats d’actions en 2023 pour le CAC 40, quand l’économie est au ralenti et que les dépôts de bilan font la chronique quotidienne de la presse régionale. Magie du chiffre, 30 milliards, c’est justement ce que Bruno Le Maire déclare rechercher dans les finances publiques pour passer son rabot austéritaire.

Ainsi, et alors que les entreprises n’auront jamais été autant gavées d’argent public sans discernement ni condition (plus de 200 milliards), le haut du panier de l’économie française brûle les euros qu’il a captés en comprimant la chaîne de valeur et en consommant les aides de l’État. Leurs actionnaires nous rient au nez, tout le monde dit que c’est mal, et personne ne fait rien. Et pourtant, tout serait si simple avec un peu de volonté politique et un peu moins de cynisme de la part de nos dirigeants qui s’offusquent du moindre larcin d’un fraudeur social et passent l’éponge en baissant les yeux devant ce qui est peut-être un des plus énormes scandales de notre époque troublée.

Il faut interdire cette pratique, ou la taxer à 100 %. À tout le moins, exiger le remboursement de toutes les aides publiques perçues par les entreprises qui pratiquent cette calcination de la valeur. Défier le pouvoir actionnarial qui régente une économie définitivement financiarisée est possible. Encore faut-il avoir l’esprit libre et la pensée claire. Autant dire une mission, tant les charlatans de l’économie qui squattent les plateaux des médias ont rependu un épais brouillard de propagande tentant à absoudre ces pratiques pour « plaire aux marchés ».

Racheter des actions pour les détruire, c’est la marque assumée d’un capitalisme sans idée. Une machine qui tourne à vide quand l’urgence climatique impose des investissements et une créativité sans précédent. On peut se demander comment restaurer un peu de confiance en l’avenir pour une jeune génération exigeante et soucieuse du bien commun devant un spectacle aussi désolant d’égoïsme. La CFE-CGC se bat pour une société de liberté de prospérité et de solidarité.

Pour y arriver, nous pensons qu’il faut réformer la structure juridique des entreprises et empêcher le capital et ses représentants de guider toutes les décisions de l’entreprise dans le seul objectif de maximiser le profit de ses actionnaires. Empêcher le rachat d’actions sera le premier signe d’une reconquête de l’intelligence dans le projet de développement des entreprises.

 

Sénat diverses dispositions d’adaptation au droit de l’UE en matière d’économie, de finances, de transition écologique, de droit pénal, de droit social et en matière agricole -

Nous procédons à l’ultime examen du second projet de loi de cette législature portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne.

Je voudrais en premier lieu soulever un problème de méthode, voire de démocratie. En 2021, j’avais, avec Jean-Louis Bourlanges, rédigé un rapport d’information sur les méthodes de transposition des directives européennes. Nous y rappelions – pour le regretter – que, depuis le début des années 2000, le Parlement avait examiné pas moins de neuf de ces lois, appelées Ddadue, portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne. Nous en sommes désormais à onze et le rythme s’accélère puisque vous semblez vouloir nous en proposer désormais une par an.

Contrairement au dahu de nos montagnes, qui est boiteux, le principal avantage des Ddadue, résiderait, selon l’exécutif, dans le rythme de son examen, si rapide qu’il s’apparente, écrivions-nous dans ce rapport, à « un rituel purement formel de clôture du processus législatif ». (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR-NUPES. – M. Gérard Leseul applaudit également.) Désapprouvant le recours à de telles voitures-balais législatives, nous demandions de réserver désormais ces projets de loi aux seuls cas d’urgence en veillant à « conserver une cohérence thématique » au sein des textes concernés. Ces recommandations n’ont visiblement toujours pas été entendues. Finalement, le Ddadue boiteux a tout d’un dahu !

C’est très regrettable car, une fois encore – et c’est une des faiblesses structurelles du système français de transposition –, le Parlement se trouve, en pratique, dépossédé de tout pouvoir d’appréciation. Quel message déplorable à deux mois des élections européennes !

Vous nous proposez ainsi à nouveau un texte fourre-tout qui cantonne le Parlement à un rôle de moine copiste au mépris du principe de clarté de la loi. Vous nous imposez de débroussailler dans l’urgence un maquis de dispositions techniques, dont plusieurs laisseront nos concitoyens cheminer sur un terrain semé de chausses-trapes, voire dangereux pour notre environnement.

Nous y trouvons, pêle-mêle, des mesures relatives à l’encadrement de l’influence commerciale, à la sécurité des produits, à la garde à vue, aux carburants alternatifs, à l’hydrogène renouvelable, à l’encadrement des cryptoactifs, à l’interdiction des microplastiques, à la régionalisation de la PAC, aux boues d’épuration, au marché carbone, aux contrats de concession aéroportuaires, à l’acquisition des congés en période d’arrêt de travail – et j’en passe. Ce n’est pas sérieux, d’autant moins que ce texte, comme les précédents, renvoie très largement aux ordonnances.

Loin de répondre à de quelconques urgences, comme le voudrait une conception rigoureuse du recours à cette procédure, les ordonnances sont devenues le moyen ordinaire de méconnaître la répartition des compétences normatives entre la loi et le règlement. Le Gouvernement doit impérativement revoir sa façon de travailler et cesser de malmener ainsi nos principes démocratiques.

Sur le fond, à présent, que dire de ce texte ? Si l’on excepte l’article 28 qui vient enfin réparer une faille de notre droit national, en garantissant le respect des droits de tous les prévenus, ce texte ne comporte aucune mesure satisfaisante. Songeons ainsi aux quotas gratuits pour les émissions de gaz à effet de serre, aux dérogations à l’usage des microplastiques et aux réticences à mettre en œuvre la protection des droits des fonctionnaires. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR-NUPES.)

Vous nous proposez encore une transcription minimaliste de la directive du 4 novembre 2003 en matière d’acquisition de congés en période d’arrêt de travail. Il aura fallu plus de vingt ans pour que cette directive soit enfin appliquée. Vous en profitez néanmoins pour introduire une mesure discriminante en plafonnant à quatre semaines les droits à congés acquis pour les arrêts de travail qui ne sont pas d’origine professionnelle. Alors que la directive européenne vise une harmonisation favorable des droits pour l’ensemble des salariés, vous faites le choix d’aller à l’encontre de l’esprit du texte européen, fidèles en cela à votre conception réactionnaire du droit du travail.

Vous l’aurez compris : nous ne pouvons nous satisfaire de l’examen à la hussarde d’un texte qui transforme une nouvelle fois notre assemblée en une caricature de chambre d’enregistrement. Ce projet de loi confirme le mépris dans lequel le Gouvernement tient le Parlement depuis le début de cette législature, avec l’utilisation incessante de l’article 49.3, le recours excessif à la législation par ordonnance ou par décret ou encore l’ambition désormais affichée par le Premier ministre de délégaliser, si j’ose dire, un nombre sans cesse accru de normes législatives au nom de l’efficacité.

Pour toutes ces raisons, vous l’aurez compris, nous confirmerons évidemment notre vote contre ce texte.

 

mercredi 15 mai 2024

Le 30 mai aura lieu notre “niche” parlementaire,

Le 30 mai aura lieu notre “niche” parlementaire, cette unique journée de la session où notre groupe a la possibilité d’inscrire ses textes à l’ordre du jour de notre Assemblée. Ce matin, nous avons présenté les 8 textes qui y seront inscrits à la presse.
Comme chaque année, nous souhaitons faire de cette journée un moment politique fort permettant de débattre des aspirations de nos concitoyennes et concitoyens.
Protection sociale, santé, logement, réussite scolaire, démocratie, changement climatique, souveraineté alimentaire et agricole, tels sont les sujets qui préoccupent prioritairement les Françaises et les Français aujourd’hui.
Ce sont les sujets que nous ferons résonner dans l’hémicycle le 30 mai, soucieux de faire vivre l’espoir d’un projet de société plus juste et plus humain.
Les textes sont disponibles sur le site de l'Assemblée, la liste des textes est ici







 

Pour faire barrage à Bardella, ne comptez pas sur Hayer

Sur BFMTV, les têtes de liste RN et Renaissance se sont affrontés sans le faire vraiment.

Comme l’a rappelé le candidat d’extrême droite en début de soirée, il en faut du courage pour être tête de liste du parti présidentiel : entre un bilan européen toujours compliqué à défendre et 7 ans d’Emmanuel Macron sur le plan national, ce qui est demandé à Valérie Hayer est une sorte de mission impossible vraiment impossible.

Bien sûr, quand on met face-à-face les qualités oratoires et la répartie du chef du premier parti de France qui manie empathie et racisme décomplexé avec une rare dextérité, et les tâtonnements de la candidate macroniste à exprimer sa vision, on se dit qu’on n’est pas sorti de l’auberge.

Car au fond, si Hayer a tellement pédalé dans la semoule hier soir, c’est que le parti actuellement au pouvoir a choisi la pire des stratégies pour s’opposer à la dynamique de l’extrême droite : aller dans son sens en rajoutant « oui mais nous, on est vraiment sérieux ». Avec quelques dérapages du genre : « il n’y a pas de grand remplacement dans la Mayenne ». Non, Mme Hayer il n’y en a effectivement pas car le grand remplacement n’existe que dans la tête de l’extrême droite.

Sur l’immigration, la violence de la jeunesse, ou sur l’école : les deux s’accordent à dire qu’il faut un retour de l’autorité, de la coercition et du contrôle. Dans la bouche de l’eurodéputée Renaissance, cela donne : M. Bardella, qu’est-ce que veut dire contrairement votre histoire de double frontière ? C’est infaisable. Alors que nous qui sommes au pouvoir, savons comment nous attaquer aux migrants. Ce n’est pas bonnet blanc et blanc bonnet mais des étapes différentes dans un voyage qui risque de nous mener jusqu’au bout de l’enfer.

Pour s’opposer, il faut un projet. Pour rassembler, il faut un projet. L’extrême droite en a un. Les macronistes pensent que l’exercice du pouvoir suffit à définir ce qu’ils sont. Mais l’on voit bien que ça ne marche pas, qu’ils sont à sec et que pour se ressourcer, ils vont moissonner en idées, concepts et perspectives sur les terres qu’ils imaginent fertiles du RN. Erreur fatale pour eux-mêmes, pour la République et pour la démocratie. La gauche est désormais la seule à pouvoir s’opposer à l’extrême droite.