mercredi 11 novembre 2009

À LA MÉMOIRE DES CATERPILLÉS


Le cas d’Alexis Mazza est, à cet égard, exemplaire. Délégué syndical central CGT de Caterpillar depuis le départ en préretraite de son prédécesseur, cet usineur de trente-huit ans, père de deux enfants, continue de subir les foudres de la direction (lire son portrait dans l’Humanité du 27 avril). Il a d’abord été mis à pied pendant deux mois, puis son licenciement pour « faute lourde » a été refusé par l’inspection du travail et il a réintégré l’usine fin juin. Mais, tout en contestant en justice sa désignation comme délégué syndical, la direction a déposé un recours hiérarchique auprès du ministère du Travail ; Xavier Darcos doit l’examiner d’ici à janvier 2010. « Á entendre la direction, je suis le meneur de tout et je suis extrêmement machiavélique, raille-t-il. Selon eux, j’ai organisé la retenue des dirigeants, j’ai démonté un portail, j’ai entraîné des gens “d’origine africaine ou maghrébine” à insulter les patrons, j’ai bousculé des chefs, j’ai fait des réunions syndicales sans autorisation… C’est totalement absurde et faux : j’ai une centaine d’attestations dans mon dossier. Moi, je dois tout aux patrons. Il faut le dire, c’est grâce à eux qu’on n’a jamais fait autant d’adhésions au syndicat qu’aujourd’hui, que le niveau de conscience s’est élevé par la lutte. C’est sans doute cela qui gêne la direction. »

Responsable CGT de la métallurgie dans l’Isère, Patrick Bernard confirme : « Alexis Mazza paraît peut-être arrogant, mais en fait, pendant la lutte, ce mec entier, apprécié par les salariés qu’il a accompagnés, ce qu’il a fait, c’est d’éviter des drames humains. Accepter qu’il soit licencié, ça serait une injustice insupportable à mes yeux. » Pour Renzo Sulli, maire PCF d’Échirolles, « il y a une volonté d’humilier, à travers l’acharnement contre Alexis, tous les travailleurs en lutte de Caterpillar. La direction doit maintenant adresser un signe d’apaisement. »
Les « Caterpillés », c’est entendu, sont des têtes brûlées, consumées par l’atmosphère de violence et de torture morale ; dedans, pour ceux qui restent, c’est la chasse aux temps morts à leur poste de travail ; dehors, pour les sacrifiés aux dividendes, la traque au bifteck. Doit-on rappeler que les familles sont menacées ?

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