mardi 22 décembre 2009

Sabiha AHMINE : Morts de rue et du froid, les oubliés du gouvernement


Cet hiver, chaque jour qui passe voit le froid franchir une nouvelle étape. Depuis deux semaines les températures sont négatives, la nuit comme le jour. Le niveau 2 du plan grand froid a été déclenché dans au moins 20 départements. Des sans-abri ont été découvert mort "probablement de froid" en plein centre des villes comme Bordeaux et ailleurs en France. 327 personnes sont décédées dans la rue cette année, selon le décompte des « Morts de la rue », contre 360 décès de SDF en 2008.

De son côté, Emmaüs estime à plus de trois millions le nombre de mal-logés et à 100.000 celui des sans-abri. En effet, avec la crise, avec ou sans RSA, beaucoup plus de personnes qui dorment dans la rue cet hiver en France sont menacés dans leur vie. Il faut un hébergement décent et un logement digne pour toutes et tous. Pendant ce temps, que fait le gouvernement ? Rien. Si ce n’est d’alimenter l’opinion publique en polémique stérile sur l’enfermement par grand froid. Pis, alors que nous sommes en plein trêve hivernale, alors que cette vague de froid était annoncée, entre le 5 au 11 décembre, ce sont plus de 250 personnes qui sont expulsé des squats dans le Rhône, avec enfants et bébés à la rue, Et ensuite, le gouvernement communique sur le « Plan Grand Froid » !!!
Dans l’agglomération lyonnaise où les températures avoisinent les (-10°), la politique de l’Etat « est un scandale ! », dénoncent les associations humanitaires, puisque la « trêve hivernale » n’est même pas respectée. Face à ce drame, elles sont plusieurs associations lyonnaises du respect des droits qui, après avoir lancer une pétition pour un réel engagement du gouvernement en faveur des personnes SDF, appellent à la mobilisation solidaire : « ceux d’entre nous qui ont un toit peuvent exprimer leur solidarité avec ceux qui n’en ont pas » en particulier les Roms et autres exclus sans discrimination.
Comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises, la politique, ou plutôt cette non politique du gouvernement en matière d’hébergement d’urgence, comme celle du logement ou de la ville, est en totale contradiction avec la réalité des faits. Elle est d’une incohérence intégrale. Exemple, la baisse du budget des logements sociaux pour 2009 de 9%... Il faut aussi rappeler que le Projet de loi de finances 2010 annonce une baisse inquiétante du budget de l’Etat relatif à la ville et au logement et enregistre des coupes claires dans les programmes d’action sociale : ce sont plus de 20 millions qui sont soustraits au programme 177 « Prévention de l’exclusion et insertion des personnes vulnérables ». Pire, alors même que le Président de la République avait fait la promesse que plus aucune personne ne dormirait dans la rue dans notre pays, le budget consacré à l’hébergement d’urgence diminue de 20 millions d’euros, et celui des aides à l’intermédiation locative de 6 millions d’euros. Même le budget de l’aide alimentaire – qui perd 1 million d’euros – n’échappe pas à la politique de casse sociale menée depuis deux ans et demi par ce Gouvernement. Cela rend d’ailleurs plus que suspectes les annonces faites par M. le secrétaire d’État au logement dernièrement, à propos des sans-abri.
Aujourd’hui, il est urgent que les représentants de l’Etat puissent étendre la trêve hivernale aux squats et aux bidonvilles, se mettre autour d’une table pour trouver des solutions de logements dignes avec les collectivités et les autres acteurs sociaux.
Nous voulons l’application de la Trêve hivernale à tous les sans droits, avec ou sans titres, dont les squats et les bidonvilles. Des hébergements d’urgence décents. Pas d’expulsions sans relogements. Et trouver des solutions pour des logements adaptés, dignes et durables pour tous. A long terme, seule un grand Service Public du logement et de la ville peut répondre à l’urgence comme à la crise du logement.

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