mardi 26 janvier 2010

Le Sarkozy-télé show : Morne plaine sur le plateau


Sur TF1, le président de la République s’est évertué, dans le JT de TF1, à animer une émission dont l’objectif était de rassembler l’électorat populaire de droite, mais, surtout, de défendre une cause : la sienne.

On n’était pas obligé de regarder TF1 lundi soir. Le président y faisait un show chez ses amis de la télé privée : l’intelligence populaire n’y devait jouer que le rôle de faire valoir, et la démagogie populiste se déverser à flots. Émission taillée sur mesure, selon les convenances personnelles de l’hôte de l’Élysée, à l’étiage le plus bas dans les sondages. Mais en campagne électorale pour son parti, tout en contournant les contraintes de temps de parole. C’est pourtant durant une heure et demie que Nicolas Sarkozy devait occuper l’écran. Sa mission : rassembler son camp et, en particulier, la partie de l’électorat populaire qui a voté pour lui à la présidentielle mais qui a aujourd’hui de gros doutes.
LES SUJETS ABORDES DEJA CONNUS A L’AVANCE
Dès le journal de 20 heures, présenté par Laurence Ferrari, pendant une quinzaine de minutes, l’opération était lancée. Le point culminant de l’opération devant venir avec un faux débat avec des Français rassemblés comme pour un panel. Mais d’entrée de jeu, le ton était donné. Nicolas Sarkozy s’efforçait d’être plus calme qu’à l’accoutumée sur la forme. Sur le fond, il ne renie rien et semble dire : «  Je continue.  » Affaire Proglio d’abord. Après avoir été contraint de demander au patron d’EDF d’abandonner son cumul des salaires, Nicolas Sarkozy manœuvre en recul sur le cumul des fonctions public-privé. Il l’assure : «  C’est transitoire.  » Et d’attaquer le PS qui polémique «  contre les salariés et le président de la République ».
Laurence Ferrari évoque le débat sur l’identité nationale. Le président soutient Éric Besson. Les retraites ? Il annonce la couleur : « La réforme concernera tout le monde.  » Public, privé, régimes spéciaux. Il indique vouloir aller dans le sens d’un allongement de la durée des cotisations. À propos des chômeurs en fin de droit, le président de la République botte en touche et affirme sans barguigner que la France est le meilleur pays pour l’indemnisation. Cerise sur le gâteau : alors que tous les observateurs sont d’accord pour considérer que la prestation présidentielle d’hier soir s’inscrit dans la campagne des régionales, Nicolas Sarkozy adopte un ton au-dessus des partis qui ne trompera personne : «  Mon rôle est de ne pas faire campagne.  » Mais la main sur le cœur, il promet «  d’écouter les Français  ».
DES ECHANGES AVEC LES FRANÇAIS BIEN QUADRILLES
Sur le registre des vœux, pas d’annonces attendues. Mais un exercice de pédagogie. «  Il s’agit de favoriser l’échange  », jure-t-on à l’Élysée. Où l’on fait croire que Nicolas Sarkozy aime cela quand pas un des déplacements qu’il multiplie en province ne donne lieu à des contacts directs, dans des villes quadrillées par les forces de police et devant des aréopages triés sur le volet ou des rassemblements soigneusement encadrés par l’UMP ou par des figurants spécialement engagés. Place donc «  à la mise en perspective  » de la politique de l’exécutif : «  Il s’agira de ramasser l’ensemble des sujets, d’expliquer les réformes et de les mettre en cohérence  », précise-t-on dans l’entourage présidentiel, qui a repéré que les Français ont bien du mal à distinguer où le président veut en venir.
Certes, la prestation du président de la République est attendue par les salariés quelque peu désenchantés face à une politique qui, de bouclier fiscal en faveur des plus riches, jusqu’aux cadeaux aux banques, en passant par la double fonction publique et privée du patron d’EDF, chipote le pouvoir d’achat et fait profil bas sur l’emploi. Selon un sondage de LH2 NouvelObs.com, un Français sur deux souhaitait que Nicolas Sarkozy aborde la question de l’emploi, la réforme des retraites arrivant en deuxième (39 %), et celle du pouvoir d’achat (32 %). Les autres sujets, qui font pourtant partie de la communication sarkozyste, étant largement distancés : l’encadrement des hauts salaires et des bonus (18 %), l’interdiction du port du voile intégral (17 %), la taxe carbone (11 %), la réforme des collectivités locales (11 %), l’identité nationale (9 %).

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