jeudi 25 février 2010

INTERVIEW ANNIE DAVID

« J'aime bien l'idée d'une femme présidente »
Elle le dit elle-même : « Je ne suis la plus médiatisée des personnalités politiques de l'Isère », même si elle siège depuis 2001 au Sénat. Membre du Parti communiste, elle assure aussi ne pas être « très appareil politique » et avoir toujours gardé son franc-parler. « Je suis comme ça, assez directe. » Et elle restera, « comme ça », tout au long de cette interview décalée. Alors qui est Annie David ?

Vos premières actions militantes ?
« Mes parents étaient des militants communistes, alors j'ai très tôt entendu parler politique. Je collais des affiches avec eux. On faisait ça le soir, ce qui donnait au geste un petit côté clandestin. J'adorais ! »
Votre premier souvenir politique ?
« J'en ai un, mais c'est une défaite. Mais c'est quand même mon premier souvenir politique. C'était en 1995 lors des municipales à Villard-Bonnot. C'est à ce moment-là que j'ai pris ma carte au Parti communiste français. J'ai toujours été militante et au cœur des luttes syndicales. Mais ce n'est qu'en 95 que j'ai vraiment compris combien il était important d'adhérer à un parti pour donner du poids aux idées. »
Votre pire souvenir politique ?
« La dernière présidentielle et le score de mon parti. J'avais de la peine pour mes camarades et j'étais abattue de voir que nos idées n'avaient pas été comprises. Oui, dans ces moments-là, on pleure. Pas en public, mais on pleure. »
Votre meilleur souvenir politique ?
« Mon élection au Sénat en 2001. Une journée surréaliste. Le dépouillement, le préfet qui annonce mon nom, et je réalise que je suis sénatrice. Le lendemain, comme j'étais encore salariée, je vais au bureau et mon patron me dit en rigolant : "Tiens j'ai entendu à la radio qu'une Annie David vient d'être élue sénatrice". Je revois ses yeux quand il a compris que c'était moi, cette Annie David ! »
Votre plus grande honte en politique ?
« Ma plus grande honte serait d'apprendre la trahison d'un camarade, d'apprendre qu'il a fait des choses contraires à nos valeurs. Donc, non, je ne vois pas. »
Et le passé du PC ?
« Vous voulez dire en Russie ? On nous le ressort toujours. Mais je ne peux pas avoir honte de ce qui s'est fait sous Staline, car non seulement je ne cautionne pas ses actions mais encore je ne m'identifie pas du tout à sa politique. Ce n'est pas du tout le communisme que je défends... C'est comme si vous demandiez à un militant de l'UMP de s'excuser pour Pinochet ! »
Etre une femme en politique ?
« C'est plus difficile ! Nous n'avons pas le droit à l'erreur. Une femme sera très vite taxée d'incompétente. Pourtant les femmes politiques, les femmes en général d'ailleurs, ont un atout considérable, celui d'être ancrée dans la vie quotidienne. »
Dans un autre parti, qui appréciez-vous et qui détestez-vous ?
« Celui qui représente ce que je déteste le plus en ce moment, c'est Besson. Ce qu'il est capable de faire contre les demandeurs d'asile, non, je ne peux pas. Et celui que j'apprécie ? Je dirais Dupont-Aignan. Je ne suis pas d'accord avec lui, mais j'aime bien sa démarche. Il va jusqu'au bout de ses convictions, sans se renier, même si cela le marginalise. »
Votre avenir en politique ?
« Si les conditions sont réunies, pourquoi pas continuer ce que j'ai commencé au Sénat ? »
Qui sera le président en 2012 ?
« Pas Sarkozy ! Et si on arrive à rassembler la gauche, ce sera la gauche ! On parle beaucoup de Martine Aubry. Pourquoi pas ? J'aime bien l'idée d'une femme présidente. »
REPÈRES
Une militante devenue sénatrice
Annie David est née le 17 janvier 1963 à La Tronche.
Elle est mariée et mère d'une fille de 23 ans et d'un fils de 20 ans.
Études : BEP sanitaire et social
Parcours pro : acheteuse en informatique
Parcours politique : carte au PCF. Elle est conseillère municipale de Villard-Bonnod.
Sénat : elle est sénatrice de l'Isère depuis 2001, en charge de la vice-présidente de la commission des affaires sociales.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire