samedi 19 juin 2010

Retraite: Sarkozy et le MEDEF tuent un symbole du progrès social

Retraite à 60 ans :

Avec, en toile de fond, les scandales des cumuls rémunération-retraite de certains ministres, le gouvernement vient d’annoncer que nous allions tous travailler plus… ou chômer plus, perdre les plus belles années de notre maturité, pour continuer d’enrichir les actionnaires des entreprises qui nous emploient, malgré un chômage massif, particulièrement des jeunes et des plus de cinquante ans.
Après les réformes de 1993 et de 2003, dont les dispositions ont eu pour conséquence une baisse de 10 à 25 % des pensions, voici l’étape suivante qui consacre la casse de notre système solidaire de retraite par répartition. Et je dis bien LA CASSE. Car les étapes précédentes de la réforme, la formidable campagne médiatique visant à engendrer la résignation, à faire disparaître la confiance essentielle à la survie de la répartition, tout cela ouvre la voie à la capitalisation, à une logique individuelle et patrimoniale.
L’âge légal serait porté à 62 ans d’ici à 2018 et il faudrait avoir cotisé 41 ans ½ à cette époque. L’âge du départ à taux plein sans décote s’éloignerait d’autant pour atteindre 67 ans en 2018. Quant aux fonctionnaires, ils verraient progressivement leur taux de cotisation rejoindre celui du régime général. Le gouvernement habille la réforme d’une mise à contribution très symbolique des plus hauts revenus et octroie généreusement quelques jours aux organisations syndicales pour réagir à son projet, après un simulacre de dialogue ces dernières semaines.
En plus d’un tel retour en arrière, que dire de l’aggravation de l’injustice faite aux femmes dont moins de la moitié part en retraite avec une carrière complète ?
Quant à la pénibilité, c’est l’injustice suprême : sa prise en compte serait subordonnée à une visite médicale, c’est donc l’abandon de la notion de risque collectif, de pénibilité et de dangerosité de certains milieux professionnels !
Cette réforme constitue un recul social inacceptable. Nous allons assister à un écrasement sans précédent des salaires comme des retraites. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, elle n’est pas un choix technique destiné à faire face à un défi démographique qui serait insurmontable, ni à un manque crucial de financement. Elle est un choix éminemment politique et un gage donné aux agences de notation et aux marchés financiers. Les salariés, les retraités, les jeunes ne peuvent accepter d’être ainsi manipulés !
C’est pourquoi j’appelle celles et ceux qui n’acceptent pas la résignation à se rassembler massivement le 24 juin prochain, pour dire que l’argent existe, pour exiger que les richesses produites soient mobilisées en faveur de l’emploi et des retraites.
Les communistes, pour leur part, se prononcent résolument en faveur de la préservation d’un régime de retraite par répartition fondé sur les cotisations des salariés et des employeurs avec une indexation des pensions sur les salaires et non sur les prix ; nous voulons consolider et pérenniser un régime complémentaire dans le cadre de négociations avec les organisations syndicales ; nous estimons possible et nécessaire un départ à 60 ans à taux plein (75 % du salaire de référence) pour tous avec la prise en compte de la pénibilité de certaines professions donnant droit à des départs anticipés.
Pour cela, nous préconisons :
la suppression du bouclier fiscal ;
la modulation du taux de la part patronale de cotisations sociales en fonction du rapport masse salariale/valeur ajoutée ;
Une réforme de l’assiette de cotisations à tous les éléments de rémunération utilisés par les employeurs pour contourner les hausses salariales demandées par les salariés. Nous entendons donc soumettre au même taux de cotisation que les salaires l’intéressement, la participation ou les plans collectifs d’épargne salariale ou retraite. Ces différents dispositifs, qui échappent partiellement ou totalement aux cotisations sociales sont estimés par la Cour des comptes à 120 milliards d’euros par an !
Nous proposons également l’instauration d’une cotisation sociale, au moins égale aux cotisations assises sur les salaires pour les revenus financiers des entreprises. Là encore, outre l’effet financier pur, qui permettrait de dégager pas moins de 20 milliards d’euros pour la Sécurité sociale, il s’agit d’inciter les entreprises à favoriser l’emploi contre la spéculation.
Avec mes collègues du groupe "Communiste, Républicain, Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche », nous défendrons bien entendu ces propositions durant l’été et dès la rentrée à l’Assemblée nationale et au Sénat.

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