mardi 6 juillet 2010

Comment l’UMP organise la faillite de l’Etat

C’est un rapport de l’Assemblée nationale on ne peut plus officiel, signé du député UMP Gilles Carrez, pour la Commission des finances, qui ne fera hélas pas la Une. Ce qu’il révèle est pourtant explosif : en dix ans, les "pertes de recettes fiscales non compensées" - en clair les baisses d’impôts - atteignent le montant faramineux de 100 à 120 milliards d’euros ! Précision du rapport : les "allègements" en question sont "concentrés sur l’impôt sur le revenu", à savoir le seul impôt juste, puisque progressif, pesant donc plus lourd pour les riches que pour les pauvres. Voilà ainsi la vérité toute nue : si la dette publique charbatteint aujourd’hui le niveau qui est le sien, c’est que les gouvernements qui se sont succédé depuis 2000 - inclus celui des sociaux-traîtres "socialistes" de Jospin, avec Dominique Strauss-Kahn le grand privatiseur au ministère de l’Economie - ont constamment fait peser sur la collectivité le poids de leurs cadeaux aux privilégiés. Le dessin ci-contre de Charb, publié par le blog du PCF de Carcassonne, l’illustre avec brio. Nous avions du reste titré, dès septembre 2007, lorsque le Premier ministre François Fillon avait osé déclarer la France en faillite, Ah les hypocrites : "Et oui, désolé les gars, les caisses sont vides. Il va falloir vous serrer la ceinture, parce que la dette, vous vous rendez compte... Sauf que. Qui a commencé son règne en distribuant 14 milliards aux privilégiés, avec l’inique paquet fiscal ? Le sénateur communiste Bernard Véra, lors des débats de la chambre haute, avait alors prévenu : "Mes chers collègues, allez expliquer que, pour réduire l’impôt sur la fortune de quelques milliers de privilégiés et restaurer la rentabilité financière des entreprises, il faudra réduire les crédits pour rénover les cités HLM de nos quartiers sensibles, fermer les écoles rurales, dissoudre les juridictions d’instance dans un certain nombre de sous-préfectures, diminuer les crédits destinés au financement des transports ferroviaires de voyageurs, remettre en cause les aides directes à l’agriculture ! Votez ce texte, mes chers collègues de la majorité, mais ne venez pas ensuite vous plaindre amèrement de la réduction de la dépense publique au détriment de tous ceux qui n’auront pas fait jouer le bouclier fiscal ou la défiscalisation des heures supplémentaires, tout simplement parce que leur salaire est trop faible affichepour qu’ils soient concernés par ces dispositifs !" C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. (...) On commence par vider les caisses pour alléger le fardeau insupportable qui pèse sur ces pauvres riches, et l’on se lamente ensuite que des coupe-sombres sont indispensables dans la dépense publique, qu’il n’y a plus d’argent pour ceux qui en ont vraiment besoin. Et on leur colle par-dessus le marché des franchises médicales... Monstrueuse hypocrisie ! Décidément, en Sarkozie, mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu."
Commentaire de Guillaume Duval, rédacteur en chef adjoint d’Alternatives économiques, sur sa page Facebook  : "100 [à 120, NdA] milliards d’euros de pertes de recettes fiscales en dix ans pour l’Etat. Celles et ceux qui sont abonné(e)s à Alternatives économiques ou l’achètent régulièrement savent depuis longtemps que l’aggravation de la dette publique est due avant tout aux pertes de recettes organisées et voulues par les gouvernements qui se sont succédé depuis le début des années 2000. Mais c’est bien aussi de le voir confirmé très officiellement par le rapporteur UMP de la commission des finances de l’Assemblée (soit dit en passant il n’a pas tort non plus de rappeler que ce n’est pas la droite qui a commencé après 2002 mais bien la gauche en 2001-2002 et qu’elle n’y était pas allé avec le dos de la cuiller, mais comme le répétait Laurent Fabius à l’époque : si on ne baisse pas les impôts on va perdre les élections...)." Morale de l’histoire : élections perdues quand même ! Au-delà de cette pierre dans le jardin solférinien, revenons à ces ordures qui nous gouvernent : le ministre du Budget François Baroin annonce ce matin dans Les Echos une "révision à la baisse d’aides dans le logement et l’emploi, comme le résume l’AFP. Les trois principales mesures concernent une révision à la baisse des subventions pour l’emploi des salariés à domicile et pour le logement étudiant ainsi qu’un ralentissement de l’aide aux handicapés." Ajoutons que "le nombre d’emplois aidés va passer de 400 000 à 340 00O l’an prochain". Ben voyons, alors que le chômage explose ! "Ne faut-il pas remettre en question la baisse de la TVA dans la restauration étant donné la gravité de la crise des finances publiques ?", interroge le confrère des Echos. sarko 
baroinRéponse de Baroin : "Ce n’est pas d’actualité, car il faut un minimum de stabilité. Cette mesure est récente. (...) rien ne sera fait avant la prochaine élection présidentielle. En effet, seul un candidat ayant pris cet engagement devant les Français peut porter une telle mesure." On en tombe à la renverse : il faut en prendre l’engagement devant les Français pour toucher à la baisse de la TVA dans la restauration mais on impose la contre-réforme des retraites alors que Nicolas Sarkozy avait au contraire promis de ne pas toucher à l’âge légal du départ à 60 ans ! Mais la tartufferie des UMPistes n’a donc aucune limite ! Evidemment, il n’est aucunement question de revenir sur l’inique bouclier fiscal. L’interview se clôt sur ce magnifique aveu de Baroin : "Nous agissons d’abord et avant tout sur les sources de dépenses et non sur l’augmentation générale d’impôts directs ou indirects". Alors que la dette qu’on fait supporter à la France qui souffre finance les cadeaux de celle qui se goberge. "Les Français vont devoir sérieusement se serrer la ceinture", résume la journaliste de France 2 à l’instant dans son journal. Pas tous ! Tout va bien pour la bande du Fouquet’s... Alors qu’on apprend ce matin par Mediapart que l’ancienne comptable de Liliane Bettencourt accuse Eric Woerth et Nicolas Sarkozy lui-même d’avoir touché des enveloppes d’argent liquide, les démissions de deux sous-ministres n’y suffiront pas : il faut renverser ce gouvernement antisocial !

Les faits contre la propagande
mardi 6 juillet 2010, par Olivier Bonnet

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