mercredi 1 septembre 2010

Services publics, l'emploi massacré

L’Humanité s’est procuré le rapport annuel sur l’état de la fonction publique. Les effectifs diminuent fortement dans la fonction publique d’État tandis que la précarité progresse. Nombre de missions sont abandonnées.
Pour la première fois depuis 1980, les effectifs de la Fonction publique ne sont pas en progression en 2008. C’est le fait saillant du rapport annuel sur l’état de la fonction publique qui va être présenté aujourd’hui au conseil supérieur de la fonction publique et que l’Humanité s’est procuré. Avec 5,3 millions de personnels en 2008, les effectifs des 3 fonctions publiques réunies n’ont progressé que de 1800 agents. Le rapport note également une importante montée de la précarité. Il révèle que 872 600 agents publics sont des non titulaires, soit près d’1 agent sur 5.
 un exercice comptable
Sans surprise la fonction publique d’État (FPE) est la plus touchée par la diminution des effectifs. Lancée en juillet 2007, la révision générale des politiques publiques (RGPP) devait permettre de réduire les déficits publics «en modernisant l’État». En guise de modernisation, elle a surtout consisté en un exercice comptable visant à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partants à la retraite. « 100 000 postes de fonctionnaires ont été supprimés », se félicitait Nicolas Sarkozy en juin 2010 dans une lettre au premier ministre . Pour la seule année 2008, les effectifs de la FPE ont fondu de 77 500 postes dans les ministères et les établissements publics à caractère administratif (ÉPA). La diminution du nombre des agents publics de l’État se traduit par une dégradation très inquiétante des missions de service public. On le ressent particulièrement dans l’Éducation nationale. Elle a perdu plus de 110 000 postes depuis dix ans et cette regression s’est brusquement aggravée. D’une perte de 1% en moyenne annuelle, on est passé à une diminution de près de 4% en 2008. Mais cette dégradation est générale. Des missions sont déléguées au privé comme à Pôle emploi, désorganisé par la fusion avec l’Assedic et les diminutions de postes. Dans l’équipement, les missions de conseils aux communes et d’ingénieries sont abandonnées. De même pour ce qui concerne les services de contrôle et de répression des fraudes.
La situation est différente dans la fonction publique territoriale (FPT). Les effectifs des agents des collectivités locales, qui représentent 35% des agents publics, ont progressé de 69 000 postes. Il faut noter que des transferts ont été effectués de l’Etat vers les collectivités locales. Mais l’essentiel des postes créés dans la FPT, 500 000 en 10 ans, répond à l’explosion de la demande sociale (le RMI ou l’APA par exemple) prise en charge essentiellement par les communes et les départements. Le désengagement de l’Etat oblige d’autre part les collectivités locales à s’investir davantage dans des domaines comme la culture ou l’environnement. Enfin la progression des effectifs dans la fonction publique territoriale accompagne l’accroissement de la population. Ce dynamisme 
– reproché par le pouvoir aux collectivités locales au nom de la rigueur– est aujourd’hui freiné par leur étranglement financier. Le rapport annuel montre que si elle reste forte, la progression des effectifs dans la FPT s’est ralentie en 2008 (3,9% contre 5,4% en 2007).
L’évolution est comparable dans la fonction publique hospitalière (FPH). Les personnels des hôpitaux publics et établissements autonomes d’hébergement pour personnes âgées représentent 1 045 042 personnes fin 2008. Depuis 1998, les effectifs de la FPH ont augmenté de 1,8 % en moyenne annuelle. En 2008, les effectifs augmentent globalement de moins de 1%.
 de sombres perspectives
L’inquiétude est d’autant plus grande que la tendance à la diminution des postes est loin de s’être inversée depuis 2008. Et les perspectives sont des plus sombres. Le rapport met en évidence une pyramide des âges qui verra le départ de 300 000 agents publics à la retraites d’ici 2012. Si un poste sur deux n’est pas remplacé, cela signifie une disparition brutale de 150 000 nouveaux emplois publics.
Olivier Mayer

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