dimanche 3 octobre 2010

Apparu hué au congrès des HLM

Le secrétaire d'Etat du Logement Benoist Apparu et le mouvement HLM se sont affrontés sur la place du logement social, jeudi 30 septembre 2010, lors de la clôture du 71e congrès de l'USH (Union sociale pour l'habitat) à Strasbourg.  
Pas facile tous les jours d'être au gouvernement. Le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, en a fait la cruelle expérience lors de la clôture, ce jeudi, du 71e congrès de l'USH (Union sociale pour l'habitat) à Strasbourg.  
 
"Les inégalités patrimoniales sont en train de constituer un divorce irréconciliable entre les propriétaires et les locataires", a déploré Thierry Repentin, le président de l'USH, mouvement qui loge 10 millions de Français dans quatre millions de logements HLM.  
 
Souvent hué pendant son discours, Benoist Apparu a admis que "la situation actuelle laisse apparaître un déficit structurel qui s'accumule" et qu'il fallait construire "davantage de logements, à des prix acceptables" mais avec moins d'argent public car "depuis trop longtemps la France vit au-dessus de ses moyens".
  
"Alors que la demande potentielle se situe entre 350 000 et 400 000 logements neufs par an, nous n'avons ouvert en 2009 que 330 000 chantiers et le résultat pour cette année se situera probablement autour de 350 000 logements, c'est-à-dire encore en deçà des besoins", a reconnu le secrétaire d'Etat pour qui il faut "repenser le modèle économique du logement social".  
 
Notamment en poussant les organismes HLM à vendre aux locataires "1% du parc par an", soit "2 milliards de fonds propres nouveaux".  
 
Le secrétaire d'Etat au Logement a ainsi plaidé une nouvelle fois pour "une France de propriétaires" car "posséder son logement, c'est la constitution d'un capital pour la retraite" d'où la réforme, contenue dans le projet de budget 2011, favorisant les primo-accédants avec l'élargissement du Prêt à taux zéro (PTZ).  
 
Pour Benoist Apparu, "la mission première du parc social" consiste surtout "à loger les plus modestes mais aussi ceux qui pour de multiples raisons ne trouvent pas de logement sur le marché" même s'il considère qu'il ne faut "pas concentrer les populations les plus pauvres dans les mêmes quartiers".  
 
Thierry Repentin s'est fait au contraire l'avocat d'une poursuite de la mixité sociale dans le parc HLM et a refusé toute idée de "ghettoïsation".  
"Les évènements de La Villeneuve à Grenoble cet été ne sont que le reflet d'une situation dramatique dans les zones urbaines sensibles: le chômage y est deux fois plus élevé que la moyenne nationale, la pauvreté touche un tiers des habitants et la violence y est plus présente", a souligné Thierry Repentin pour qui "dans 70 à 80 quartiers on vit mal".  
Le président de l'USH a estimé "à plus de 9000 les agressions enregistrées par les bailleurs sur leurs personnels en 2009 dont 25% sont physiques".  
 
Mais l'indignation de Thierry Repentin s'est surtout exprimée à propos du désengagement de l'Etat, traduit dans le projet de budget 2011, pour les "aides à la pierre", les subventions pour aider à construire des logements sociaux.  
"D'un montant de près de 800 millions d'euros en 2008, elles tomberaient à 500 millions en 2011 dont 160 seulement pris en charge par l'Etat", a dénoncé le président de l'USH.  
 
Le gouvernement, tout en limitant les hausses de loyers sociaux en 2011, a en effet décidé de prélever en 2011, 2012 et 2013 340 millions par an sur les fonds du mouvement HLM pour arriver à boucler son budget.  
 
Même s'il a peu d'espoir de voir son voeu traduit en actes, le congrès a voté une résolution demandant "solennellement au Parlement de revenir" sur cette dernière mesure car "ce sont 10 milliards d'euros de travaux qui ne seraient pas engagés" en raison des 20.000 logements par an qui ne seraient pas construits par les HLM.

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