lundi 29 novembre 2010

Salauds de pauvres


« La France » est « menacée », crie ce matin Le Journal du dimanche d’Arnostradamus Lagardère.
Quand on lit ça d’un peu loin, forcément, on flippe : sont-ce encore des al-qaidâtres, qui la menacent ?
Nenni, découvre-t-on quand on s’approche : c’est la « crise financière ».
Olivier Jay, le big boss du JDD (que nous appellerons OJ pour gagner du temps), nous explique, dans l’un de ces éditoriaux qui font le dimanche après la messe la joie des adhérent(e)s de la CGPME, d’où vient cette « crise grave » : l’Europe, narre-t-il, « voit arriver brutalement les factures de ses fuites en avant », qu’elle finançait « à crédit, par des taux d’intérêts faibles grâce à l’euro gagé par l’Allemagne » - et au début tout se passait bien, mais tout d’un coup, sans prévenir, « la crise financière a fait exploser l’addition » [1].
Dès l’abord, donc : le gars induit que ce ne sont pas tant les banques (et plus généralement le capitalisme financier), qui sont responsables de la crise financière, que « l’Europe ».
C’est gentil pour les banques - et plus généralement pour le capitalisme financier, dont OJ n’est probablement pas le pire ennemi : la suite confirme ses excellentes dispositions.
Les « fuites en avant » que paie l’Europe sont trois - comme les petits cochons -, d’après OJ.
D’abord, il y a : « L’immobilier espagnol ».
(Dont la presse, jusqu’à récemment, nous vantait les vertus miraculeuses.)
Puis : « Le dumping fiscal irlandais ».
(Dont la presse, rappelle-toi, nous montrait hier encore qu’il méritait qu’on émigrât vers Dublin, ville de toutes les opportunités.)
Puis enfin - et surtout : « Le modèle social français ».
(Dont la presse, retrouvant du sens critique, se défie de longue date.)
Pour le dire autrement, la crise n’est pas seulement le résultat de l’âpreté au gain des banques (et plus généralement du capitalisme financier), comme t’as pu le supputer quand t’as découvert que la crise était le résultat de l’âpreté au gain des banques (et plus généralement du capitalisme financier) : elle est aussi, nous dit OJ, la rançon de la pénible habitude que les Françai(se)s ont de se vautrer dans la sécurité sociale.
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