mardi 14 décembre 2010

A propos des « déficits publics que l’on ne peut léguer à nos enfants »

Article de Maxime Camuzat, maire et conseiller général, à partir de son intervention en séance lors du 93ème Congrès des Maires de France (23-25 novembre 2010).
"Je crois que nous l’avons tous et toutes remarqué : on ne peut pas lever le doigt en demandant un peu plus de moyens pour nos retraites, la sécurité sociale, les budgets des communes, des départements ou des hôpitaux, sans qu’à un moment ne survienne l’argument suivant : « vous n’y pensez pas : vous savez bien qu’il n’y a plus d’argent », alors que les déficits publics « sont énormes », jusqu’à la phrase imparable : « vous ne voudriez tout de même pas que l’on lègue une telle situation à nos enfants ? »
Évidemment, cette culpabilisation est imparable : si l’on répondait autre chose que « non », vous imaginez la suite. Et bien sûr, ensuite arrive la phrase « il faut donc que tout le monde fasse des efforts »...
Nous venons de l’écouter pendant des semaines à propos du « financement impossible de nos retraites » ; nous l’écoutons sans cesse au sujet de la « réforme territoriale », de la situation de la Grèce, de l’Irlande…
Nous l’avons à nouveau entendu au Congrès des Maires de France. Entendu, réentendu.
C’est pourquoi je me suis permis de demander la parole, lors de la séance du mercredi après-midi intitulée « Finances locales, 2010, année de tous les chantiers », pour simplement, donner quelques arguments prouvant que « non, ce n’est pas l’argent qui manque : il y en n’a jamais eu autant ».
Simplement, il n’est plus là où il faut, car il y a eu un transfert de richesses sans précédent du « travail vers le capital » au cours des dernières décennies du 20ème siècle. Sans précédent, et partout ! Ce qui attire les commentaires suivants aux États-Unis : « j’ai attendu et j’attends encore quelque normalisation dans le partage du profit et des salaires » car « la part des salaires dans la valeur ajoutée est historiquement basse, à l’inverse d’une productivité qui ne cesse de s’améliorer ». Cette phrase est extraite d’une interview de Monsieur Alan Greenspan, ancien directeur de la Réserve Fédérale Américaine (FED), livrant, il y a quelques années déjà, ses inquiétudes au « Financial Times ».
Ce constat chiffré est unanimement partagé : d’après le Fonds Monétaire International (FMI), dans les pays membres du G7, la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut (PIB) a baissé de 5,8 % entre 1983 et 1986.
Ce que cela donne en Europe ? D’après la Commission Européenne, cette part a chuté de 8,6 %. « La part des revenus du travail dans la richesse globale européenne a, ces 30 dernières années, continuellement perdu du terrain par rapport aux revenus du travail. Il est souhaitable que cette tendance soit inversée pour préserver la cohésion sociale » a-t-elle commenté dans son rapport 2007 sur l’emploi en Europe.
Que donne cette réalité en France ? Toujours selon la Commission Européenne, et selon le calcul employé, le chiffre serait de 8,4 % à 9,3 %.
L’intégralité de l’intervention :
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