mardi 11 janvier 2011

Un petit air de Hongrie flotte sur la France de Sarkozy

Viktor Orban a réagi très vivement aux critiques européennes et notamment françaises à propos de la loi hongroise sur les médias considérée comme liberticide. “Il n’appartient pas aux Français ou aux Allemands de juger de la conformité d’une législation nationale avec les règles de l’UE, mais à la Commission européenne“, a indiqué le premier ministre hongrois qui s’est déclaré prêt à amender le texte controversé si Bruxelles le demandait.  Non sans malice et sans raisons, le chef du gouvernement de Budapest a invité la France à balayer dans sa cour en prenant pour exemple la nomination par le chef de l’État français du président de la chaîne de télévision publique.
Et voilà, l’arroseur arrosé d’autant, que le lendemain, le premier procureur de France dans un réquisitoire historique par sa teneur  a officiellement  tiré l’alarme sur les atteintes répétées à la séparation des pouvoirs et à l’ingérence du pouvoir exécutif dans le règlement des affaires judiciaires.
Si la question du traitement des médias par le pouvoir hongrois n’a suscité que de très molles réactions de la part de la commission européenne, la France en revanche, parallèlement aux indignations qu’elle avait suscité dans le traitement réservé au Roms, continue à être régulièrement épinglée pour la subordination du parquet au pouvoir politique.
Le camouflet suprême a été cet arrêt rendu le 23 novembre 2010 par lequel, la Cour européenne des droits de l’homme a estimé que les procureurs et membres du parquet ne sont pas, du fait de leur statut, des magistrats indépendants du pouvoir exécutif, et ne peuvent donc priver un justiciable de sa liberté.
Autrement dit, les juges de la CEDH estiment, contrairement au  gouvernement français, que le parquet ne  présente pas de garanties d’indépendance. 
Le procureur général Nadal aux paroles d’autant plus libres que sa retraite est proche, va plus loin. Parlant d’une République «blessée», il nous met en garde contre les atteintes au principe de séparation des pouvoirs qui, comme l’a démontré Montesquieu, est indissociable d’un pays démocratique.
Jean-Louis Nadal ne s’est pas contenté de rester dans de vagues impressions, des généralités. Il a, c’est là où l’on mesure la portée de ses propos, étayé son discours d’exemples concrets, de Grenoble à Bobigny en passant par les affaires Clearstream et  Woerth-Bettencourt.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire