samedi 26 mars 2011

La Commune. Le 18 mars 1871, le peuple prend le pouvoir à Paris !

Jean-Louis Robert, historien, professeur émérite 
à l’université Paris-I, président 
des Amis de la Commune.
La France célèbre  le 140e anniversaire de la Commune de Paris. Durant soixante-douze jours, les communards jettent les bases d’une République sociale, démocratique et citoyenne. Retour sur les premiers jours d’une expérience politique et sociale unique… 

Le 18 mars 1871, 9 heures du matin, champ des Polonais sur la butte Montmartre.
Depuis des heures déjà, les hommes du 88e régiment de ligne et la foule de femmes, d’enfants et de gardes nationaux sont autour des canons de la garde nationale. Les lignards discutent avec les habitants, boivent et mangent les provisions que les femmes leur apportent. Le général Lecomte, qui ne peut supporter cette situation, crie à la foule qu’il va tirer si elle ne s’éloigne pas de trente pas de ses hommes.
La foule ne fuit pas et se jette au-devant des hommes en criant « Ne tirez pas !» Le général commande : «Apprêtez-vous !» Les lignards obéissent. «En joue !» ordonne le général. Les crosses des chassepots montent aux épaules. La foule ne bouge toujours pas. Mais le silence, lourd, se fait, et l’on entend distinctement Lecomte crier «Feu ! » 
Mais un fusil s’abaisse, puis deux, dix, cent. À trois reprises, le général tente de faire tirer. Les hommes refusent. Puis un lignard jette son fusil, d’autres se rallient aux fédérés. Le général Lecomte et ses officiers sont arrêtés par les fédérés. Il sera exécuté, avec un autre général (Thomas, le massacreur de juin1848), rue des Rosiers. La Commune commence !
Le 3 mars. Ce jour-là, les Prussiens quittent la capitale sous les huées des Gavroche. Les délégués de 200 bataillons de la garde nationale, (le peuple armé) élisent un comité central de la garde nationale qui, désormais, échappe à l’autorité de l’armée et de Thiers.
Le 10 mars. Thiers, chef du pouvoir exécutif, abolit le moratoire des loyers en place depuis août1870 (80% des Parisiens sont concernés car les propriétaires menacent d’expulsion les locataires récalcitrants à acquitter les termes). Le même jour, décret sur les échéances : les effets de commerce deviennent exigibles. Des dizaines de milliers d’artisans, 
150 000 commerçants sont pris à la gorge. Car comment payer alors que l’activité est considérablement réduite ? L’Assemblée nationale, dominée par les monarchistes, vote son transfert de Bordeaux à Versailles. Nouvelle provocation contre le peuple de Paris, massivement républicain.
Le 16 mars. C’est la mi-carême. Le général Vinoy, commandant de l’armée à Paris, interdit aux Parisiens bals et mascarades.
Le 17 mars. Thiers décide de récupérer les 171 canons de la garde nationale entreposés à Montmartre. Un plan d’occupation militaire de Paris tout entier y est associé. Entre 15 000 et 20 000 hommes sont mobilisés pour l’opération (on espérait 50 000 hommes des 40 bataillons de la garde nationale des quartiers bourgeois; il n’en vient que 1000!)
Le 18 mars, 3 heures du matin. Les premiers lignards arrivent sur la butte. Il y a là l’homme de garde, l’ouvrier maçon Germain Turpin. Il est abattu sans sommation. Le général Lecomte refuse qu’on l’envoie se faire soigner à l’hôpital Lariboisière afin de ne pas éveiller l’attention de la population. Le garde Turpin mourra quelques jours plus tard.
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