jeudi 22 septembre 2011

Les Pinçon-Charlot : « La guerre des classes s’accompagne d’une guerre psychologique »

par Erwan Manac’h

Le couple Pinçon-Charlot, deux sociologues de la grande bourgeoisie, réédite une version augmentée de « Le président des riches ». L’ouvrage examine point par point les contours de « l’oligarchie » qui gouverne la France. Entretien.
Gonflé à bloc par le « grand bonheur » de se sentir « en phase avec la société », Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon et leur « Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy » ont retrouvé ce 15 septembre les têtes de gondoles. Un an après sa parution, « Le président des riches » a été réédité en poche, augmenté d’une analyse des récentes affaires (Lagarde-Tapie, Woerth-Bettencourt, Mediator) et d’une promenade sociologique au Grand Prix de Diane à Chantilly, fief de l’emblématique Éric Woerth. « Un orage est prêt à éclater » estime le duo, au terme d’un an de rencontre et de débat avec leurs lecteurs dans toute la France.
Politis.fr : Comment analysez-vous le succès de votre ouvrage ?
Monique Pinçon-Charlot : Il y a une sorte de brouillard idéologique. Les mots que nous mettons sur ce que vivent les gens adoucissent considérablement leurs souffrances, car nous regardons les choses avec des lunettes très spécifiques. Pour nous les riches mènent une « guerre des classes », qui vise à réduire au minimum les coûts du travail. Ils utilisent la dette et le déficit comme armes pour détruire les services publics, maintenir des salaires bas...
« Nous avons rencontré une très lourde inquiétude. »

Politis.fr : Dans la « guerre des classes » qui se joue selon vous aujourd’hui, la « conscience de classe » n’existe que du côté des dominants...
Michel Pinçon : Oui, la bourgeoisie fonctionne en réseau avec des interconnexions très fortes entre les familles. Il existe un militantisme insoupçonné mais très efficace, sur les problèmes urbains par exemple.
La conscience de classe se traduit aussi dans les urnes. Les beaux quartiers ont voté en masse pour Nicolas Sarkozy, tandis que les votes sont dispersés dans les quartiers populaires. Il n’existe pas la même unité idéologique, la même conscience politique, que dans la bourgeoisie.
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