lundi 7 novembre 2011

Les damnés du pétrole

Par Sara G. Mendeza
 Exploités, sous-payés, licenciés lorsqu’ils osent se révolter, les ouvriers du pétrole de Campo Rubiales et Campo Quifa, en Colombie, travaillent sur un site entouré de grillages barbelés et de tranchées. Depuis plusieurs mois, 12 000 travailleurs s’opposent à la multinationale canadienne Pacific Rubiales Energy. Dans un pays où les leaders syndicaux sont régulièrement assassinés et les militants réprimés, ces ouvriers se battent pour leurs droits, par une grève permanente et générale. Voyage en terre d’exploitation.
« C’est dans cette pièce qu’ils m’ont retenu, avant de m’expulser du site ! » Nous sommes à l’entrée de Campo Rubiales, dans le département du Meta, au centre de la Colombie. Edwin Sánchez, ancien salarié, nous désigne une petite salle du poste de contrôle. Edwin fait partie des premiers qui se sont mobilisés lors de la première grève en juin dernier. Puis, il a été « contrôlé » avec du matériel syndical : son contrat mensuel n’a pas été renouvelé. Il travaillait depuis plus de huit mois à un poste de préparateur de surface, pour un sous-traitant de la multinationale canadienne Pacific Rubiales Energy.
Comme d’autres des travailleurs qui se sont retrouvés sans emploi après les premières grèves, il accompagne la caravane organisée à l’initiative de l’Union syndicale ouvrière de l’industrie du pétrole (USO) pour venir à la rencontre des ouvriers de ce site. Partis de Bogotá le 10 octobre, les représentants d’une cinquantaine d’organisations sociales et syndicales participent à l’événement. À la sortie de Puerto Gaitán – la municipalité dont dépendent les exploitations – la caravane rassemble sept bus et dix voitures. Cette « action humanitaire et syndicale » doit pénétrer dans les installations pour témoigner des conditions de vie des ouvriers et des habitants des villages voisins. La caravane accompagne les dirigeants de l’USO et de la Confédération unitaire des travailleurs (CUT), à qui a été refusé de nombreuses fois l’accès à ces territoires de non-droit syndical.
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