samedi 28 janvier 2012

Compétitivité et coût du travail

Depuis plusieurs mois, plusieurs semaines, c'est une véritable offensive qui se mène sur le thème du "coût du travail". Au nom de la compétitivité des entreprises,  la perte du AAA vient  accélérer cette offensive dont l'objectif au final est assez simple: transférer des poches des ménages à celles des actionnaires 50 à 80 milliards d'euros. Pour décrypter le débat sur compétitivité et coût du travail vous trouverez ci-dessous une note très argumentée de Jean Paul Duparc.
Compétitivité et coût du travail
Dans ces derniers mois, et plus encore depuis la perte du AAA, Sarkozy, Fillon, Parisot, se relaient en boucle pour assener qu’il faut prendre des mesures courageuses pour « baisser le coût du travail », présenté comme l’obstacle à l’emploi, à la compétitivité et le facteur essentiel des délocalisations. C’est ce coût qui serait le facteur premier du déclin industriel du pays.
Droite et patronat reprennent ainsi le discours des agences de notation, exigeant des « mesures structurelles » et qui sont bien obligées d’admettre les effets pervers et récessifs de l’accumulation des restrictions budgétaires !
Le coût du travail par rapport à qui ?
La concurrence libre et non faussée comme la libre circulation des produits et des capitaux, ainsi que l’orientation européenne qui encourage les dumpings fiscaux et sociaux en son sein, obligent à se poser la question. Car nulle baisse des charges ne permettra de rattraper les salaires des pays émergents, ni non plus les salaires des pays d’Europe orientale. Ce n’est d’ailleurs pas souhaitable. C’est une impasse totale et évidemment ce serait une catastrophe sociale et économique ( Que la directive Bolkestein avait tenté d’importer en ouvrant la voie à ce que des salaires des pays d’origine soient pratiqués en France !)
La seule comparaison raisonnable est de comparer les salaires dans l’industrie en France et en Allemagne ou en Belgique, pays aux niveaux de vie comparables, puisque nous avons avec ces deux seuls deux pays un déficit du commerce extérieur plus important qu’avec la Chine (Hong Kong inclus)
Le MEDEF, relayé un temps par l’INSEE, avait bien tenté d’imposer à l’automne 2010, une vision de coût salarial structurellement plus élevés en France qu’en Allemagne. Mais dès le printemps 2011 l’INSEE était obligé de faire machine arrière.
D’ailleurs une note de la Commission des comptes de la Sécurité Sociale en juin 2010 a montré qu’en coût annuel complet pour un salarié à temps plein en Allemagne et en France, le coût global restait supérieur en Allemagne, même si l’écart s’était réduit entre 2000 et 2008. (la réduction de cet écart est d’ailleurs à mettre en relation avec les orientations impulsées par Schroeder il y a quelques années, dans un pays sans SMIC et qui a généralisé en direction des chômeurs les petits boulots très mal payés, d’où l’extension récente d’une grande et nouvelle pauvreté en Allemagne)

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