lundi 12 mars 2012

La nouvelle arme anti-patrons:le magnéto de Mickaël !


La nouvelle arme anti-patrons : le magnéto de... par fakirpresse
par François RUFFIN, Grégoire SOUCHAY
Mickaël Prince, délégué CGT de Stef-TFE, ne s’est pas laissé acheter par son patron. Il a tout refusé : le chèque de 40000 €, la promotion comme cadre... et il a enregistré toute la conversation ! Depuis, son entreprise fait de son mieux pour le virer. En soutien à Mickaël, rendez-vous le 13 mars à 12h30 devant le tribunal d’Amiens.
« Allô ? Monsieur Prince ?
– Oui ?
– C’est Monsieur Morvan, le directeur de la région Normandie-Ile de France. On veut vous voir, pour parler de votre parcours professionnel dans le groupe.
– Pas de problème. On se rencontre à la plate-forme de Chaulnes quand vous voulez.
– Non, on préfèrerait un endroit plus discret. »
C’est donc au Novotel de Longueau, près d’Amiens, que Mickaël Prince, délégué CGT de Stef-TFE – « le leader du transport frigorifique en Europe » – se rend le 14 février 2006 pour rencontrer sa direction. Qui lui offre un chèque de 40 000 €, en échange de son mandat syndical. « Toi, t’as répondu, "40 000 €, c’est pas assez" ? on le taquine.
– Nan, j’ai dit non. Quand même, on n’est pas des objets. On peut pas vous acheter comme ça, du jour au lendemain. Et en rentrant à TFE Chaulnes, j’ai rempli une fiche de frais pour le déplacement, et dessus, j’ai mis "achat du délégué syndical". C’était un message, pour dire que je n’étais pas à vendre. » Pour que le message soit encore plus clair, il dépose plainte à la gendarmerie. Et ses supérieurs, à leur tour, déposent plainte. Pour « dénonciation calomnieuse ». Le détail, le hic, le petit souci qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que Mickaël n’était pas venu seul, à l’hôtel. Qu’il avait sur lui un petit magnéto. Qu’il n’avait pas oublié de changer les piles. Que l’officier de police judiciaire a retranscrit toute la conversation. Et que le président du Tribunal correctionnel, finalement, a tout repris dans son jugement…
Son directeur, dans le texte :
« Je vous propose pour partir de l’entreprise 40 000 €. J’ai eu à traiter il y a trois ans, j’avais traité avec un délégué et puis ça s’est traité avec d’autres, c’est moitié un secret chez TFE, je pense que vous le savez… » Face au refus, le supérieur lance un plan B : « Si vous voulez rester dans le groupe, moi je vais réfléchir à la question mais à ce moment-là, il faudrait qu’on fasse l’affaire entre vous et moi, que vous abandonniez tous vos mandats. Vous en faites la démarche… Vous abandonnez tous vos mandats, et je vous donne un avenir dans l’entreprise, si c’est l’informatique, c’est l’informatique. » Nouvelle rebuffade, et voilà le plan C : « Je ne laisserai pas faire les choses. J’ai fait partir un délégué syndical sans un centime, parce qu’au bout de trois ans, il avait perdu tout son pouvoir. On peut, de la même façon qu’un syndicat ou un syndicaliste peut déstabiliser la direction, la direction peut aussi déstabiliser, vous comprenez ? » Oui, Mickaël Prince avait bien compris : la guerre était ouverte.
« Mais pourquoi ils sont prêts à raquer pour te faire partir ?
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