vendredi 13 avril 2012

Trois chercheurs du CNRS en campagne pour Mélenchon, à Sceaux

Un archéologue, chargé de recherche au CNRS – Pierre Ouzoulias. Deux sociologues, directeurs de recherche en retraite – Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon. Il n’en faut pas moins pour convaincre de voter Jean-Luc Mélenchon, dans cette ville des Hauts-de-Seine dont les habitants cumulent capital économique et culturel (Sceaux est la quatrième ville la plus diplômée de France).
Ce mercredi matin, tous trois tentent de distribuer « Prenez le pouvoir ! », le tract du Front de gauche, devant la jolie halle restaurée qui abrite un marché dont la réputation n’est pas d’être le moins cher du coin. A leurs côtés, encore, la conseillère régionale Pascale Le Néouannic, qui sera bientôt candidate Front de gauche aux législatives, dans cette 13e circonscription, ainsi qu’une poignée de militants. Sont-ils venus nombreux pour se serrer les coudes en terrain hostile ?
« C’est vrai que, en semaine, il y a beaucoup de retraités, et qu’on n’est pas forcément en terrain conquis », admet Pascale Le Néouannic. Ici, le Front de gauche table sur 6 à 7% des suffrages, guère davantage. Démonstration immédiate. En réponse au tract tendu, des pas qui accélèrent, des visages qui se détournent, des sourcils haussés, des moues de dégoût, des « Ahhhh non, SUR-TOUT pas ! » Et même un « Le cher homme qui veut nous couper la tête… ». Pas gagné, effectivement. Madame Le Néouannic ne se dépare pas d’un grand sourire. Et positive. Il fait soleil. Les gens prennent souvent le tract, tout de même. Et ils restent polis. « Ici, ils sont relativement ouverts, ce n’est pas comme la droite dure d’Antony… »
Faire campagne chez les riches, ça vaut le coup, assure-t-elle. « Même là, on aura des voix. Avec la crise, et ce qu’on a mis en mots dans cette campagne, les choses ne se résument plus à : « Les pauvres votent pour nous, les riches pour Sarkozy ». Certains sont prêts à payer plus d’impôts pour ne plus voir autant de personnes en situation de précarité. On ne peut pas être heureux dans un océan de misère.»
Un vieux monsieur bien droit, en casquette et veste de tweed sous l’imperméable, demande à la conseillère régionale si « on va raser gratis ». Ancien ingénieur « qui a fait des choses qui marchent », il pose une main sur son bras, et sur un ton de la confidence du grand-père à sa petite-fille, lui explique: « Il faut s’adapter, tout doit évoluer. Et surtout il faut d’abord travailler, produire des richesses, après seulement on peut les distribuer. Avec les 35 heures, les gens ne travaillent plus… » Il votera Sarkozy qui a fait la réforme des universités.
Plus loin sur le trottoir, Pierre Ouzoulias, le responsable Front de gauche de Sceaux et Bourg-la-Reine, sort à grand peine d’une conversation avec un quinquagénaire, ancien communiste, CGtiste, passé au Front national, qui revient désormais vers le Front de gauche. « Il y a une forte envie de politique », constate M.Ouzoulias, contredisant bien des analyses sur cette campagne censée ennuyer les Français.
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