vendredi 18 mai 2012

L’héritage empoisonné de Claude Guéant, serial ficheur

Par Agnès Rousseaux
L’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant a fait passer en douce des décrets renforçant le fichage de la population française. Des fichiers qui compilent des éléments sur l’origine ethnique, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses et même la vie sexuelle des individus ! Revue de détail sur ces fichiers Stic, Judex et TPJ dont beaucoup ignore l’existence mais qui, eux, ne vous oublient pas. 
Avant son départ, Claude Guéant a lancé une dernière salve, sur le front du fichage. Plusieurs décrets ont été publiés en hâte pour venir parachever son œuvre sécuritaire. Dimanche 6 mai, un décret publié au Journal Officiel entérine la fusion des fichiers d’antécédents judiciaires de la police et de la gendarmerie. Le nouveau fichier – TPJ, pour « Traitements de Procédures Judiciaires » – mis en place d’ici le 31 décembre 2013, recensera les auteurs et les victimes des délits. Dans ce fichier : nom, adresse, sexe, photo, date et lieu de naissance… Mais aussi des menus déroulants permettant de préciser : « aspect visage », « aspects cheveux », « longueur cheveux », « type pilosité », « accent », « défaut prononciation »... Et des données sensibles, « laissant apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci », prévient la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
Le fichier permettra également la « comparaison automatisée de photographies, notamment la comparaison biométrique de l’image du visage des personnes, » décrit la Cnil, qui relève que « c’est la première fois qu’elle est saisie par un service de l’État d’une demande d’avis sur un traitement reposant sur cette technologie. » Dans son avis, la Cnil conclut que « cette fonctionnalité d’identification (par reconnaissance faciale, ndlr), voire de localisation, des personnes à partir de l’analyse biométrique de la morphologie de leur visage, présente des risques importants pour les libertés individuelles, notamment dans le contexte actuel de multiplication du nombre des systèmes de vidéoprotection. » La durée de conservation des données est précisée : 5 ans pour les contraventions, jusqu’à 40 ans pour les délits les plus importants, 15 ans maximum pour les victimes. Des durées supérieures aux délais de prescription de l’action publique...
Des fichiers plein d’erreurs et non sécurisés
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