mercredi 27 juin 2012

Pierre Laurent : tchat sur "Le Monde"

Bertrand : Jean-Luc Mélenchon parle de "carence de direction politique" dans votre parti, que répondez vous ?
Pierre Laurent : D'abord, il a parlé de carence de direction politique dans le Front de gauche, à propos des élections législatives. Je pense que chacun devrait faire attention aux déclarations à l'emporte-pièce sur nos résultats dans ces élections.
Nous avons progressé en voix et en pourcentage, et notre recul en nombre de députés est d'abord dû à l'injustice du système électoral et aux effets d'une présidentialisation aggravée des comportements politiques. C'est donc un sujet de réflexion pour toutes les femmes et tous les hommes de gauche.
Nous avons enregistré ce progrès y compris dans la plupart des circonscriptions où nous perdons un député sortant. Je crois moi aussi que nous avons manqué de lisibilité nationale dans ces élections législatives. Mais contrairement à Jean-Luc, je ne pense pas que la campagne menée localement par nos candidats, a fortiori dans les circonscriptions sortantes, soit en cause.
Jeanne : Croyez vous comme Mélenchon que les communistes ont tenté individuellement de "sauver leur peau" ?
C'est contraire à toute la réalité de la campagne, qui a été menée collectivement au nom du Front de gauche. Si on veut sérieusement s'interroger sur les électeurs qui avaient voté pour nous à la présidentielle et qui ne l'ont pas fait aux législatives, il faut chercher les raisons ailleurs.
Une partie d'entre eux ont sans doute considéré, à tort, que l'essentiel avait été fait en votant contre Nicolas Sarkozy. La présidentialisation excessive des comportements électoraux ne nous épargne pas. Par ailleurs, d'autres électeurs ont sans doute eu du mal à comprendre comment nous entendions être utiles à la réussite d'une politique de gauche dans la nouvelle situation créée par l'élection de François Hollande.
Ils ont du coup estimé que la seule question posée était de lui donner une majorité, en sous-estimant ce que nous voulions mettre en valeur : la qualité de cette majorité parlementaire et l'importance de compter ou non en son sein un groupe Front de gauche. C'est une leçon qu'il faudra retenir pour les batailles à venir.
Aline : Comment décryptez vous les attaques de Jean-Luc Mélenchon ?
A l'issue d'une période électorale aussi intense, il est normal que toutes les formations du Front de gauche tirent les leçons des scrutins et confrontent leurs idées sur la suite à donner.
Que s'expriment des opinions différentes au sein même du Front de gauche n'est pas en soi un problème. En revanche, je pense que chacun devrait se garder de réactions caricaturales, voire insultantes, sur la campagne de nos candidats.
L'exigence de confrontation n'exclut pas la solidarité et surtout, impose que nos jugements soient étayés sur des analyses approfondies et non des racontars. Je souhaite, j'espère que cela sera le cas très vite, que ces premières réactions laissent la place à ce nécessaire travail d'analyse dont nous avons besoin pour relancer de plus belle la dynamique conquérante du Front de gauche.
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