mardi 17 juillet 2012

A gauche toute ?

par Maurice Lemoine, août 2012 
Le 6 mai 2012, M. François Hollande, candidat du Parti socialiste, était élu président de la République française. « Beaucoup attendaient ce moment depuis de longues années, déclara-t-il dans son premier discours, à Tulle, sitôt connu le résultat. D’autres, plus jeunes, ne l’avaient jamais connu. Le changement que je vous propose doit être à la hauteur de la France (1).  »
Ainsi, trois décennies après un fameux 10 mai 1981 qui, avec François Mitterrand, prétendit « changer la vie », « la gauche » revient aux affaires, en disposant d’une majorité tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Dès lors, les expériences du passé pouvant enrichir celles du présent, rien de plus utile que de se pencher sur son bilan lorsqu’elle exerça le pouvoir. Mais où ? Et quand ? Vaste sujet ! De « la gauche », chacun a sa définition, sachant par ailleurs qu’en fonction des époques celle-ci varie, et parfois fortement.
On ne s’attardera donc pas dans ce numéro sur les politiques de l’Union soviétique, qui, des décennies durant, incarna au nom du communisme les rêves de millions d’hommes et de femmes de gauche à travers la planète. Pas plus qu’on n’évoquera la Chine de Mao Zedong, Cuba, le rôle de l’idéologie socialiste dans les luttes anticoloniales, les multiples expériences qu’elle inspira.
Ce sont essentiellement les systèmes pluralistes d’Europe et d’Amérique latine qui retiendront notre attention. Et avec un premier constat : la conquête du pouvoir est la condition nécessaire, mais pas suffisante, pour mener à bien réformes et changements. « D’évidence, notait Pierre Mendès France évoquant les responsables politiques et les gouvernements, ils ne peuvent pas, d’un instant à l’autre, gonfler massivement le volume de la production nationale ou réviser de fond en comble sa répartition, bouleverser les relations des groupes sociaux entre eux, changer la qualité de la vie, résoudre des crises comme celles de l’école, de l’agriculture ou de la monnaie  (2).  » D’autant que, partout, des forces extra-institutionnelles — du « mur de l’argent » des années 1920 aux marchés, patronats, sociétés multinationales, technocrates libéraux, médias conservateurs ou pseudo-progressistes d’aujourd’hui — refusent de s’incliner devant la souveraineté populaire et, subtilement ou violemment, s’efforcent d’imposer leurs vues par d’autres voies. Dès lors, toute rupture devient-elle impossible ?
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