vendredi 21 septembre 2012

« Notre non au traité austéritaire »

J-10 avant la manifestation unitaire contre le Pacte budgétaire. "Le traité renforcera le chômage", "Sur cette question, c'est au peuple de se prononcer", "Les femmes précaires, premières victimes de l'austérité"... Dix personalités du monde politique, associatif et syndical expliquent leur position sur le pacte budgétaire européen.
  • Cécile Cukierman, sénatrice PCF de la Loire : «Il n’y a que le peuple qui peut décider de son avenir»
« Ce traité organise la mise sous tutelle du Parlement et donc de la démocratie, du choix des peuples. Nous nous sentons dessaisis. Mais ce n’est pas un caprice de parlementaire : nous sommes l’expression de la démocratie, et si nous sommes dessaisis, c’est donc la démocratie qui est dessaisie de l’avenir du pays. En 2005, le peuple s’était déjà exprimé contre un traité européen, donc nous demandons que celui-ci soit lui aussi soumis au référendum. Ce sont des questions importantes : ce traité va servir à justifier l’austérité pendant des années. Il n’y a que le peuple qui peut décider de ce que sera ou ne sera pas son avenir, certainement pas la Commission européenne. Dans mon département, la Loire, je vois beaucoup d’élus, pas forcément engagés dans des partis politiques mais progressistes, nous interpeller. Au-delà du Front de gauche et des parlementaires socialistes et écologistes qui voteront contre ce texte, je vois l’opposition au pacte budgétaire s’élargir petit à petit à l’ensemble des forces progressistes du pays. »
  • Karima Delli, députée européenne 
Europe Écologie-les Verts (EELV) : «C’est maintenant 
qu’il faut changer de cap»
« Le rejet de l’Europe tel qu’il apparaît dans les sondages est une conséquence de la politique Merkel-Sarkozy menée depuis 2008. Il y a, pour François Hollande, une occasion d’inverser la tendance et ne pas encourager le repli sur soi. Il ne la saisit pas en défendant le TSCG, qui serait un véritable délitement économique, entraînerait un accroissement de la récession, et aiguise le risque du repli nationaliste. Il faut s’engager dans une autre voie, et à mes yeux cette voie ne peut être qu’un saut fédéral. C’est maintenant qu’il faut changer de cap, qu’il faut avancer des propositions concrètes pour, par exemple, remettre à plat le rôle de la BCE pour la transformer en un véritable Trésor européen, constituer un bouclier social, avancer sur la transition écologique. Et surtout réconcilier les citoyens avec l’Europe, relancer le rêve européen. Le tout sous contrôle démocratique, celui du Parlement européen et des Parlements nationaux sur la Commission européenne. L’Europe doit disposer d’un vrai budget, alimenté par exemple par des taxes environnementales ou sur les transactions financières. C’est à ces conditions que l’on peut réinventer une Europe plus solidaire, une Europe des peuples. »
  • Christophe Ramaux, membre du collectif 
des Économistes atterrés : «L’austérité plonge les pays dans la récession»
« Le creusement de la dette publique, ces trente dernières années, n’est pas dû à un excès de dépense, puisque l’on a fait au cours de cette période plutôt de l’austérité budgétaire. Si la dette passe de 25 % du PIB en 1982 à 65 % en 2007 et plus de 90 % aujourd’hui, c’est parce que les politiques budgétaires et salariales étouffent l’activité et diminuent les recettes fiscales. Si ces recettes diminuent, c’est d’abord en raison de politiques contre la croissance, ensuite en raison des cadeaux fiscaux aux plus riches, dans une véritable contre-révolution fiscale. Avec le TSCG, les règles budgétaires connaîtront un durcissement inédit. Le simple calcul du déficit structurel, la « mauvaise graisse » qu’il faudrait limiter à 0,5 %, est une notion libérale qui prête à polémique depuis des lustres. 2007 marque la faillite du libéralisme. Deux ans plus tard, les néolibéraux réussissent le hold-up intellectuel de prendre prétexte de l’une des conséquences de la crise – la dette publique – pour réclamer d’aller plus loin dans l’application de modèles qui ont failli. La preuve : mois après mois depuis le début 2012, dans les pays soumis à des cures d’austérité d’une violence inouïe, Grèce, Portugal, Italie et Espagne, le déficit est plus important qu’en 2011. Faute d’activité, l’austérité plonge les pays dans la récession. »
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