jeudi 6 septembre 2012

Roms : la règle d’or des socialistes

À quoi servent les Roms ? Au cœur de l’été 2012, Manuel Valls ne se sera pas contenté de célébrer l’anniversaire du discours de Grenoble. Il nous aura distraits de la ratification du traité « Merkozy » par François Hollande. Pour combien de temps ? (Éric Fassin et Michel Feher)
On pouvait déjà s’émerveiller que la France fût parvenue si longtemps à constituer « l’immigration clandestine » en un enjeu majeur – alors que l’on compte seulement 200 à 400 000 « sans-papiers » pour 65 millions d’habitants. La comparaison avec les États-Unis (même rapportée à une population presque 5 fois plus importante) est édifiante : ils y sont 11 à 12 millions. Or, outre-Atlantique, cette question pèse moins qu’en France sur la vie politique. Mais avec les Roms, un nouveau palier est franchi : ils sont en France environ 15 000 migrants (ceux de nationalité française sont 30 fois plus nombreux). Malgré les mesures d’éloignement volontaire ou forcé, ce chiffre est constant : si, pour prendre 2010 en exemple, les Roumains (presque tous Roms) constituaient 30% du quota de 28 000 reconduites à la frontière, les mêmes ne manquaient pas de revenir bientôt. Depuis l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’Europe en 2007, ce sont donc des dizaines de milliers de mesures d’éloignement pour rien : d’un côté, il n’y a pas d’invasion, et de l’autre, les expulsions sont sans effets (sinon humains !). La valse des contradictions ne fait que continuer : on rend difficile l’accès à l’emploi pour les Roms étrangers, afin de les empêcher de faire concurrence aux Français, quitte à leur faire grief d’un taux de chômage élevé…

Devant pareille absurdité, on peut s’interroger : pour quelle raison, malgré le changement de majorité présidentielle, les démantèlements de camps sont-ils devenus un marronnier politico-médiatique ? Pourquoi le ministre de l’Intérieur s’emploie-t-il à célébrer en 2012 l’anniversaire du discours de Grenoble de 2010 ? De Nicolas Sarkozy à François Hollande, à quoi servent les Roms ? Et aujourd’hui, à quoi sert Manuel Valls ? Rien ne permet en effet de penser que la « question rom » soit la préoccupation principale des Français, comme l’atteste dans les sondages de fin d’été leur impatience devant l’inaction gouvernementale en matière économique et sociale. Mais n’est-ce pas là, justement, tout l’intérêt de l’opération ? On met le projecteur sur l’accessoire pour mieux laisser dans l’ombre l’essentiel.

Lire la suite 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire