lundi 22 octobre 2012

Compétitivité: cap sur le brouillard !

Par Laurent Mauduit
Mais pourquoi les socialistes ont-ils donc décidé d’enfourcher le cheval de bataille de la compétitivité des entreprises ? Assurément, ils ont été mal inspirés de s’emparer du dossier fétiche de la droite et des milieux d’affaires car, depuis qu’ils s’y sont risqués, ils multiplient les maladresses.
On aurait tort, pourtant, de railler l’Elysée ou Matignon au seul motif que ces changements de pied ou ces bévues font désordre. Car l’affaire révèle quelque chose de plus grave que de simples maladresses. Elle met surtout en évidence que la politique économique du gouvernement n’a pas de ligne directrice ni de source d’inspiration.
En d’autres temps, pour reprendre une formule qui fleure bon le marxisme, on aurait dit qu’elle ne s’inscrit pas dans une Weltanschauung – une vision du monde. Ou, si l’on préfère, une perspective de long terme. Reprenons le film de ces derniers mois : on aura tôt fait de cerner la gravité du problème. D’abord, en janvier, François Hollande rejette la proposition de Nicolas Sarkozy visant à alléger le coût du travail, en transférant sur les consommateurs, via une hausse de la TVA, une partie des cotisations familiales à la charge des employeurs. Pour justifier son veto, le candidat socialiste avance de solides arguments. Primo, la TVA est un impôt injuste, qui risquerait en outre de peser lourdement sur un pouvoir d’achat déjà en chute libre. Secundo, dans son principe même, un transfert de charges à l’avantage des entreprises et au détriment des salariés ou des consommateurs ne se justifie pas.
A l’époque, François Hollande dénonce donc une « mystification économique », car le projet risque de peser sur la demande et de faire le lit de la récession, et une « faute sociale », car la bataille pour améliorer la compétitivité des entreprises n’exige en rien de réformer le mode de financement de la protection sociale. La voix du bon sens : améliorer la compétitivité des entreprises, évidemment ! Mais en dynamitant notre modèle social, jamais !
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