mercredi 31 octobre 2012

USA : Ouvriers en lutte, à l’école des ex-Samsonite

Le fonds d’investissement créé par Mitt Romney délocalise une usine américaine en Chine. Résultat des courses : 170 licenciements. Mais pour la première fois de leur vie, les employés ont décidé de lutter.
Mitt Romney a promis la guerre économique à la Chine, mais c’est contre l’ouvrier américain que son fonds d’investissement Bain Capital la livre. L’entreprise passée maître dans l’art de la délocalisation a racheté l’usine Sensata de Freeport près de Chicago en janvier 2011. La sentence n’a pas tardé à être rendue : ses 170 employés seront licenciés le 5 novembre. Non pas que les 500 millions de dollars de bénéfices réalisés au second trimestre par l’usine de fabrication de composants automobile ne permettaient plus de les payer, mais l’attrait d’ouvriers chinois payés 99 centimes de dollars par heure et travaillant 75 heures par semaine, 7 jours sur 7, a été trop grand.
Aucun des ouvriers de l’usine n’est syndiqué. Mais pour la première fois de leur vie, les employés de Sensata ont décidé de lutter. Depuis le 12 septembre, ils se relaient nuit et jour en face de l’usine, où ils ont monté un camp. Ils ont mis Mitt Romney au défi de venir les soutenir, sans résultat. Le candidat Républicain n’est plus à la tête de Bain Capital, mais il profite des millions investis dans ses filiales. Ainsi en 2011, il a fait virer 405 000 dollars (313 000 euros) de ses bénéfices depuis Sensata vers une fondation qui lui appartient, évitant ainsi de payer des impôts.
Maintenant que les employés de Sensata ont formé les ingénieurs chinois qui les remplaceront à moindre coût, la direction a menacé d’une fermeture anticipée si les protestations ne cessaient pas. Quand les ouvriers ont essayé d’arrêter les camions conduisant leurs machines en Chine, la direction a appelé la police, qui a arrêté 23 manifestants.
Le combat des ouvriers de Freeport est « l’essence même de la lutte des Américains », a lancé le révérend Jesse Jackson, figure des droits civiques, lors de sa venue, le 22 octobre. « Lorsque ces travailleurs perdent leur emploi, ils perdent leur maison, ils perdent leur voiture. Leurs enfants ne peuvent étudier, ils perdent espoir [...] Nous nous battons pour l’ensemble des travailleurs américains ; nous nous battons pour lutter à armes égales. »
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