mardi 27 novembre 2012

La veuve de Maurice Audin en appelle à Hollande

Son mari, arrêté en 1957, a disparu. Josette Audin demande au Président, un mois avant son voyage à Alger, de condamner la torture pratiquée alors par la France. 
La douleur est toujours là. Josette Audin, 81 ans, triture ses lunettes, s’interrompt, regarde au loin. Cinquante-cinq ans après l’arrestation de Maurice Audin, jeune mathématicien communiste arrêté par les parachutistes français pendant la bataille d’Alger, la veuve poursuit sa quête de vérité. Les militaires ont prétendu que son mari s’était "évadé". Il n’a plus jamais donné de nouvelles. À quelques semaines du voyage de François Hollande en Algérie, la vieille dame attend encore un geste du chef de l’État. Elle lui a écrit, le 6 août dernier, demandant "que les historiens puissent avoir accès à toutes les archives de toutes les personnalités civiles et militaires françaises en charge du 'maintien de l’ordre' en Algérie". Un dernier espoir pour élucider « l’assassinat » de son époux, devenu une figure emblématique des tortures pendant la guerre d’Algérie.
Le 11 juin 1957, se souvient la veuve, "nous étions couchés, il était environ 23 heures quand on a tambouriné à la porte. Ils venaient arrêter mon mari. Il a eu le temps de me dire : 'Occupe-toi des enfants !''. Maurice Audin, partisan de l’indépendance algérienne, a été torturé. Henri Alleg, arrêté lui aussi, le décrit le "visage blême et hagard" dans son livre-témoignage La Question. Un autre l’a vu, en slip, attaché sur une planche avec "des pinces reliées par des fils électriques à la magnéto, fixées à l’oreille droite et au pied gauche". Josette Audin sait cela. Mais sa lettre évoque aussi les autres Algériens, disparus anonymes de la bataille d’Alger. Elle exhorte donc François Hollande : "Comme le président de la République Jacques Chirac l’a fait pour condamner la rafle du Vél’ d’Hiv, j’espère que vous ferez aussi, au nom de la France, non pas des excuses pour des actes qui ne sont pas excusables, mais au moins une condamnation ferme de la torture et des exécutions sommaires commises par la France pendant la guerre d’Algérie."
Nicolas Sarkozy n’a jamais répondu
Le comité Audin, emmené notamment par l’historien Pierre Vidal-Naquet, a montré que l’évasion était impossible. Josette Audin a déposé plainte contre X pour homicide dès juillet 1957. Premier non-lieu en 1962, après le décret d’amnistie. La veuve dépose une autre plainte en 2001 pour séquestration et crime contre l’humanité.
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