lundi 19 novembre 2012

Steffi, 65 ans, travailleuse précaire brisée par le « modèle allemand »

Après son licenciement, Steffi, Allemande résidant en Lorraine, a découvert que la politique sociale de son pays était bien moins protectrice que celle de la France.
 De Moselle) Steffi (le prénom a été modifié), la soixantaine, est allemande. Célibataire, elle réside depuis le début des années 1990 à Grosbliederstroff, un petit village de Moselle. Elle parcourt tous les matins la dizaine de kilomètres la séparant de Sarrebruck, en Allemagne, où elle exerce la profession de comptable dans une agence de voyage.
Elle est classée dans la catégorie des travailleurs transfrontaliers atypiques : elle réside à « l’étranger », mais rejoint son pays natal tous les jours pour y travailler. Jusqu’en 2009.
Les nouveaux propriétaires de son agence ont décidé il y a trois ans d’« externaliser » le service de comptabilité – comprendre : licencier ses employés. Crise économique, explosion des réservations de voyage par Internet... Il faut tailler dans le tas pour survivre.
Après 40 ans passés dans la même entreprise, Steffi se retrouve au chômage, désemparée :
« Pendant les sept mois de préavis, j’ai travaillé en sachant que j’allais me faire virer. Tous les autres se sont mis en maladie. Moi, j’ai bossé jusqu’au dernier jour pour la boîte qui allait me licencier.
Et puis je me suis retrouvée à la maison, en ne sachant pas quoi faire. J’avais des tas de livres sur l’art, que je me promettais de lire depuis des années sans trouver le temps. Là, j’avais le temps, mais plus l’envie. »
Cinq propositions d’emploi en deux ans
Sans perspective d’emploi immédiate, Steffi doit s’inscrire dans une agence pour l’emploi. En tant qu’Allemande résidant en France, elle a le choix : effectuer les démarches dans son pays d’accueil ou d’origine. Elle décide de s’adresser à la Bundesagentur für Arbeit (BA), l’agence pour l’emploi allemande, malgré les désavantages :

  • en Allemagne, les chômeurs de plus de 55 ans n’ont droit qu’à un an et demi d’allocations chômage, contre trois ans en France ;
  • en Allemagne, les impôts étant retirés à la source, les allocations chômage sont calculées sur la base du salaire net. Steffi est imposée en France, mais la BA a calculé ses allocations comme si elle payait ses impôts en Allemagne. En clair, l’agence pour l’emploi a déduit des « impôts fictifs » de son salaire. Résultat : des allocations bien inférieures à celles que Steffi aurait perçues en France. 
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