vendredi 22 février 2013

Être docker, à l’heure de la mondialisation des produits toxiques

Par Nolwenn Weiler
lls sont les premiers à décharger les milliers de tonnes de marchandises qui arrivent chaque jour par bateau. Ils sont aussi les premiers à respirer l’air des cales : céréales aspergées de pesticides, pétrole, ciment… Et ils en paient le prix : sur les docks, on meurt dix ans plus tôt. A Nantes et Saint-Nazaire, las de voir tomber leurs collègues, les dockers sont à l’initiative d’un programme de recherche pour améliorer leurs conditions de travail et préserver leur santé. Un enjeu crucial pour l’avenir de leur métier. Reportage.
Ce matin de janvier, le crachin s’entête sur les quais du port de Montoir-de-Bretagne, à quelques encablures de Saint-Nazaire. Un navire de 40 000 tonnes de soja brésilien vient d’accoster. Mais le déchargement attendra. « Il y a trop de gaz dans les cales », expliquent les dockers. Réfugiés dans le petit bâtiment qui fait office de foyer, ils attendent « qu’il n’y ait plus de danger ». D’ici quelques heures, quand l’aspirateur géant et métallique – appelé la « vis sans fin » – aura terminé d’avaler les tonnes de soja, pour les expédier vers les zones de stockage situées à l’arrière des quais, les dockers descendront dans les cales. « Avec des échelles de cordes quand il y en a, ou en passant par derrière le stock, en bas des tas de marchandise. Parfois, les murs de soja que la vis sans fin repousse contre les parois des cales s’écroulent. Dans ce cas, on en a partout ! », détaille Karl Montagne, docker depuis 30 ans.
Arrosé de pesticides avant la traversée de l’Atlantique, pour décourager champignons, rongeurs et insectes, le soja débarqué ce jour-là et l’atmosphère qui règne dans la cale ne sont pas très respirables. C’est la seule chose que savent les dockers. «  A un moment, on nous dit, c’est bon, vous pouvez y aller. Mais nous ne savons rien des produits qui ont été utilisés. Et respirer des doses réputées sans danger, pendant un jour, d’accord. Mais tous les jours ou presque, pendant 20 ans, qu’est-ce que cela donne ? », s’interroge Karl Montagne. « Et le simple fait que ce soit OGM, ça fait quoi ? Parce que 90 % du soja qu’on décharge est OGM ! », poursuit son collègue Christopher Le Canderf.
Cancers en vrac
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