mardi 2 avril 2013

Un ANI qui nous veut du mal : quand le syndicalisme devient « servitude volontaire »

L’accord national interprofessionnel (ANI) du 11 janvier sur l’emploi a été transposé dans un projet de loi de « sécurisation de l’emploi », lequel sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 2 avril. Cet ANI divise les organisations syndicales comme en témoigne cette analyse de Serge Le Quéau, représentant de l’Union syndicale Solidaires au Conseil économique, social et environnemental de Bretagne. Nous publions ici l’intégralité de ce texte qui s’interroge sur l’attitude de certains syndicats dans un « projet de société » jugé « dangereux ».
L’accord national interprofessionnel (ANI) du 11 janvier dernier entend construire un « nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés ». Il a été signé d’une part par le Medef, représentant du patronat et, d’autre part, par la CFDT, la CFTC et la CGC. A elles trois, elles ne représentent qu’une minorité des salariés français. Elles sont pourtant étrangement considérées comme représentatives par le gouvernement. L’évidence du contraire fait peser, d’entrée de jeu, une sérieuse réserve sur la validité juridique même de cet accord. Mais là n’est pas le point qui nous importera ici. Ce qui compte, c’est le mécanisme que cet accord met en place de façon inédite. Ce mécanisme est bien, en effet, au cœur d’un nouveau modèle économique et social. C’est même un nouveau « pacte social », proprement stupéfiant, que nous proposent les signataires de l’accord. Il convient donc d’analyser sur quels fondements est construit ce dangereux « projet de société ».
Il y a une quinzaine d’années, Denis Kessler, assureur et vice-président et théoricien du Medef affichait clairement son ambition : œuvrer pour que le contrat prime sur la loi et pour que les risques pris par les investisseurs ne soient plus assumés par le seul capital mais aussi (et surtout !) par le travail [1]. Avec cet ANI, M. Kessler voit avancer à grands pas cette Refondation sociale [2]. C’est-à-dire, sécuriser les employeurs et les investisseurs en précarisant, toujours plus, les salariés et les demandeurs d’emplois, qui sont réduits au statut de variables d’ajustement. Cet accord de 28 articles est devenu un « projet de loi » gouvernemental. Si le parlement l’entérine, les salariés des salariés seront confrontés à une menace inédite particulièrement perverse.

L’idée centrale : placer le loup dans la bergerie

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