jeudi 23 mai 2013

«Le rapport de la Cour des comptes sur l'Education est au niveau du café du commerce»

Daniel Robin, co-secrétaire général du SNES, réagit pour l'Humanité.fr au rapport publié par la Cour des comptes ce mercredi selon lequel la baisse des résultats des élèves et la crise de vocation des enseignants sont davantage à mettre sur le compte d'une mauvaise gestion des professeurs que d'un excès ou d'un manque de moyens humains ou budgétaires.
Le rapport de la Cour des comptes rendu public ce matin juge que les enseignants sont déjà « nombreux » et critique la création de 60 000 postes dans l’éducation sur cinq ans. Comment réagissez-vous, au Syndicat national des enseignements de second degré, à ce rapport?
Daniel Robin. D’abord, quand on lit ce rapport on a l’impression d’avoir affaire à un programme politique. Il n’y a dans ce document pas une proposition que Luc Chatel [ministre de l’Education nationale sous Sarkozy, NDLR] n’avait dans ses cartons. C’est d’autant plus étonnant que beaucoup de mesures ne relèvent absolument pas des finances. C’est très marqué idéologiquement, ce que je trouve assez hallucinant. Surtout quand on sait qu’il y a de nombreux élèves en difficulté, voire en grande difficulté. Pour leur donner une chance de s’en sortir, il faut individualiser l’aide, et ce n’est pas possible quand un enseignant a 25 ou 30 élèves dans sa classe. On lutte vraiment contre l’échec avec des groupes de 10 à 15 élèves, et la seule solution pour y arriver c’est d’avoir plus de profs. J’aimerais bien voir ces gens-là [les Sages de la Cour des comptes, ndlr] dans une classe des quartiers Nord de Marseille, devant trente collégiens avec une craie à la main… 
Le rapport dit que «les enseignants doivent être mieux payés», tout en encourageant les primes plutôt que la situation indiciaire. Qu’en pensez-vous?
Daniel Robin. Il faut des mesures incitatives fortes pour les établissements en difficultés. La Cour des comptes ferait mieux d’écouter les enseignants qui s’y trouvent déjà. Leur première demande, ce n’est pas plus d’argent, mais de meilleures conditions de travail. Là aussi, on est à côté des attentes des collègues. Nous devons réfléchir au meilleur moyen d’attirer les professeurs, et de leur donner envie d’enseigner quelque soit l’établissement. Par ailleurs, je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’envoyer des professeurs de 62 ans dans des collèges en difficulté, c’est là aussi un non-sens pédagogique.
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