mardi 7 mai 2013

Que reste-t-il de la politique ?

Par Michael Lowy
Il y a deux sortes de « politique » en France, en Europe,et ailleurs. Non seulement différentes,mais antagoniques,contradictoires, irréconciliables. 
La première est la politique officielle,institutionnelle,représentée par les gouvernements,qu’ils soient de centre-droite ou de centre-gauche,  ou encore,de plus en plus,d’extrême centre ;parles partis majoritaires au Parlement,et leurs diverses combines et manigances ;et par différentes bureaucraties administratives,  judiciaires, religieuses ou sportives.  Que ces gouvernements et partis soient « honnêtes » ( ?)  ou corrompus, « progressistes » ou conservateurs,   intelligents ou stupides,  partisans de la « croissance » ou de l’ « austerité »,  social-libéraux ou néo-libéraux, « normaux » ou agités,   prétendûment  « socialistes » ou soi-disant « populaires »,  modernisateurs ou traditionnalistes,   ils ne représentent que des variantes de la même politique,  celle du système,  celle du capital  financier,  celle du capitalisme globalisé,  celle qui perpétue et aggrave les inégalités,  celle qui perpétue et accélère la destruction de l’environnement,  celle qui a conduit à la présente crise économique et qui conduira, dans quelques décénnies,  à une catastrophe écologique.  C’est la politique du statu quo,  du business as usual,  de la « gouvernance » du système,  du maintien de l’ordre,  de la police (au sens donné à ce terme par Jacques Rancière),   de la gestion des affaires du capital,  de la neutralisation et/ou repression des conflits,  de la « compétitivité » à mort,   des coupes sombres dans les salaires et les retraites,  des privatisations à tour de bras,  des cadeaux fiscaux aux riches, du démantélement des services publics,  de la course aux armements. 
      Cette politique-là règne,  elle gouverne partout,  elle est aux commandes,  elle exerce le pouvoir d’Etat à l’échelle nationale et continentale.  Malgré la crise,  malgré les difficultés,  la dette,  le chômage,  la corruption,  les scandales à répétition,  elle semble promise à un bel avenir ; le seul changement  semble prendre la  forme d’alternance,  le centre-gauche remplaçant le centre-droite ou vice-versa,  à moins qu’ils ne forment ensemble,  comme en Grèce,  un Gouvernement d’Union Nationale.  Pourquoi pas ?  Ne partagent-ils pas les mêmes options fondamentales,  le même conformisme,  la même soumission sourde et aveugle aux impératifs des marchés financiers ?    Cette politique continuera donc encore longtemps à exercer sa domination sur les peuples de l’Europe,  à moins que…
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