samedi 1 juin 2013

Ecole : quand les multinationales remplacent les instituteurs

Par Agnès Rousseaux
Le groupe pharmaceutique Novartis va adresser 5 000 kits pédagogiques à des écoles élémentaires. De quoi sensibiliser 150 000 enfants à l’importance de prendre soin de leur animal domestique préféré, chiens ou chats, pour éviter la transmission de maladies grâce… à des produits en partie commercialisés par Novartis. S’agit-il de « séances pédagogiques » désintéressées, ou de réaliser une vaste opération marketing, avec l’aval de l’Education nationale ?
Une trentaine d’enfants sont sagement assis dans les fauteuils de l’auditorium du Muséum national d’Histoire naturelle. Ils regardent un dessin animé sur les risques de transmission de maladie par les animaux de compagnie. Un dessin animé réalisé par l’entreprise pharmaceutique Novartis. Le message : bien se laver les mains après avoir caressé son animal. Et surtout penser à procéder à une vermifugation régulière de son chien ou chat (par administration d’un médicament), pour tuer les vers, vecteurs de maladies. Sylvie Thevenon, conceptrice du programme chez Novartis, anime cette séance « pédagogique » de « sensibilisation pour changer les comportements ».
Cette classe de CE2 de Neuilly-sur-Seine n’est pas la seule cobaye. 2 000 kits pédagogiques ont été envoyés dans des écoles, 3 000 autres vont suivre en juin. 150 000 enfants de « Cycle 3 » (8-10 ans) pourront donc apprendre à s’occuper de leur animal de compagnie grâce aux bons conseils de Novartis, et de sa filiale Novartis santé animale ! Le ministère de l’Éducation nationale a donné son accord pour cette activité « éducative ». Et évidemment totalement désintéressée... Car qui fabrique et vend des vermifuges en France ? Novartis, leader mondial pour les antiparasitaires [1].
Des experts pas si indépendants
« En France, les chats et chiens sont vermifugés en moyenne 2,8 et 2 fois par an. D’après une étude d’experts européens indépendants, il faudrait les fermifuger 4 fois par an, pour réduire la transmission de maladies comme les zoonoses parasitaires », explique les responsables de ce programme éducatif. Il s’agit de « lutter contre un vrai problème de santé publique ». Sur celui-ci, on n’en saura pas plus. Combien d’enfants sont touchés par ces maladies en France ? Pédiatre, vétérinaire et chef de produit, réunis pour la conférence de presse de Novartis, ne s’étaleront pas sur ces chiffres [2]. « A cause de ces vers, parfois un enfant se réveille un matin et hop, il ne voit plus d’un œil. Et ça peut être définitif ». Hop, juste de quoi faire stresser parents et enseignants. « Ça ne serait pas plus simple de vermifuger directement les enfants ? », demande Elizabeth Tchoungui, présentatrice de France Ô, réquisitionnée comme animatrice pour l’occasion.
Qui sont les experts indépendants qui recommandent de prendre en charge ce risque majeur pour la santé publique ?
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