jeudi 25 juillet 2013

Manifeste : Pour un statut politique du producteur

Il est possible de rompre avec la logique du capital, qui décide seul de tout ce qui a trait à l’emploi et à la production, mais aussi avec la logique qui enferme le salarié dans son exploitation (qui se double souvent de son aliénation) et qui ne peut, au mieux, que revendiquer la reconnaissance de sa souffrance. Rompre avec cette logique nécessite de lui opposer l’expression positive de notre qualité de producteur[1], c’est-à-dire affirmer le fait que nous sommes les créateurs exclusifs de la valeur économique.
L’expression de ce potentiel impose de donner à ce qui le fonde, la qualification à la personne, toute la force du politique. C’est pourquoi nous proposons la création d’un droit universel à qualification, comme droit politique constitutionnel, appelé à devenir partie intégrante de la citoyenneté au même titre que le droit de suffrage. Ce droit instituera un statut politique du producteur, et se déclinera dans l’attribution d’une qualification personnelle à chaque citoyen dès l’âge de dix‑huit ans. Cette qualification sera irrévocable, pourra progresser à l’ancienneté ainsi qu’au travers d’épreuves de qualification, et fondera pour son titulaire l’obtention d’un salaire à vie correspondant à son niveau de qualification[2].

1. Quelle est la situation ?

Le constat est aujourd’hui connu : dans le partage de la valeur ajoutée entre salaire et profit, le salaire, cotisation sociale comprise, a reculé de presque 10 points en trente ans dans la richesse que nous créons chaque année. Dans cette dynamique, tout le pouvoir économique et politique revient aux détenteurs du capital et aux employeurs. Ils décident seuls de tout ce qui a trait à la production : , par l’implantation de la production dans la division internationale du travail ; qui, par les stratégies d’embauche et de gestion de la main d’œuvre ; comment, par les investissements et l’organisation du travail ; quoi, par le type de marchandises produites.
Comment en sommes‑nous arrivés là, malgré les millions de manifestants dans les rues, les blocages dans les entreprises, les grèves dans la fonction publique ? Pour deux raisons essentielles.
D’abord, parce que nous avons cédé au catastrophisme des idéologues et de leurs relais médiatiques, qui disent que le gâteau à partager est de plus en plus petit, dans un contexte où l’emploi doit être préservé à tout prix, et, plus récemment, où la dette nécessiterait l’austérité[3]. À celà, ils ajoutent le trou de la sécurité sociale, le vieillissement de la population, le tout face à la menace permanente du chômage, des concurrents étrangers, des délocalisations et maintenant des marchés. Autant de problèmes qui seraient, nous dit‑on, techniques et non pas politiques ;  inéluctables et non pas surmontables.
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