mercredi 4 septembre 2013

Syrie, déplorable veillée d’armes

par Alain Gresh
Depuis combien de temps un responsable politique français n’avait-il évoqué Munich ? Harlem Désir, le premier secrétaire du Parti socialiste a osé : « Je ne voudrais pas que les mêmes qui recevaient M. (Bachar) Al-Assad un 14 juillet montrent aujourd’hui un esprit munichois face à ces atrocités. » Il faisait allusion à la visite en France du président syrien en 2008. La formule sur Munich s’est tellement banalisée — certains évoquaient même, à propos d’une décision du gouvernement sur le foulard, en 1989, « un Munich de l’école républicaine » ; plus éloigné de nous, mais plus significatif, Guy Mollet, un autre socialiste, l’utilisait pour justifier l’agression contre l’Egypte après la nationalisation de la compagnie du canal de Suez en 1956.
Cette formule permet de discréditer, sans beaucoup de risques, l’adversaire accusé de céder au fascisme, comme la France et le Royaume-Uni avaient reculé en 1938 devant Hitler. Elle permet aussi d’éviter tout débat sur des sujets importants et de réduire le champ de la controverse démocratique.
Pourtant, le débat sur un éventuel bombardement de la Syrie, qui aurait sans doute été en partie escamoté si le président Barack Obama n’avait pas décidé de consulter le Congrès avant d’agir, est désormais lancé. Et c’est une bonne chose, tant les décisions prises auront de répercussions sur le Proche-Orient, mais aussi sur la place de la France dans le monde. Le Parlement français débattra de ces questions le mercredi 4 septembre.
Selon le site du Figaro (« Syrie : les députés UMP réticents à un engagement de la France en l’état », 2 septembre), « Yves Nicolin, élu de la Loire, a envoyé samedi (31 août) un SMS à l’ensemble des membres du groupe en leur posant une seule question : “Es-tu prêt à soutenir l’engagement de la France en Syrie dans les conditions actuelles ?”. Lundi matin, 81 députés UMP avaient répondu “non”, 5 “oui”, 5 ne savaient pas, 1 avait dit “oui, si”, en énumérant des conditions, notamment que la France ne soit pas seule, et 106 n’avaient pas répondu. Ce sondage n’a bien sûr pas de valeur scientifique, mais il indique une tendance : une majorité du groupe UMP à l’Assemblée refuse que la France s’engage dans l’aventure syrienne dans les conditions actuelles, c’est-à-dire très probablement sans la Grande-Bretagne, avec des États-Unis très hésitants et une ONU où la Russie fait blocage. »
En effet, la position de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) a rapidement évolué dans un sens plus critique, comme le prouve la volte-face de son président Jean-François Copé, soulignée, malgré ses dénégations, dans un entretien au quotidien Le Monde (3 septembre) :
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