lundi 14 octobre 2013

Les ouvriers de l’Île Longue, victimes oubliées de la dissuasion nucléaire

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Pendant 25 ans, ouvriers mécaniciens et pyrotechniciens ont consciencieusement assemblé les ogives nucléaires destinées à assurer l’indépendance de la France en matière de dissuasion. Des pièces contenant du plutonium ou du césium étaient manipulées sans précaution particulière sur la base de l’Île Longue, dans la rade de Brest. Aujourd’hui, plusieurs salariés frappés de cancers ou de leucémies tentent de faire reconnaître leurs maladies professionnelles. Le ministère de la Défense et l’ancienne Direction des chantiers navals déclinent toute responsabilité.
Ambiance concentrée ce 18 septembre dans la salle des pas perdus du tribunal de Rennes. Une quinzaine d’anciens salariés de la direction des chantiers navals (DCN) de l’Île Longue, dans la rade de Brest, se serrent autour de leur avocate, maître Cécile Labrunie. Elle va devoir prouver que le cancer de Louis Suignard, découvert en 2009, est d’origine professionnelle. Mécanicien, Louis a travaillé sur la base militaire de l’Île Longue de 1989 à 1997. C’est de cette presqu’île qu’appareillent les sous-marins nucléaires français qui filent ensuite patrouiller dans les profondeurs océaniques. « Je faisais partie de l’équipe chargée d’assembler les têtes nucléaires », détaille Louis Suignard. Six têtes nucléaires par missile balistique. Seize missiles par sous-marins, soit 96 ogives nucléaires à assembler pour chacun des dix sous-marins nucléaires sortis des chantiers de la DCN depuis 1971 [1] (lire aussi notre enquête, « Nucléaire : et si on s’intéressait aux installations militaires secrètes ? »). Sans oublier que les ogives usées doivent être rechargées lorsque les sous-marins rallient la base.
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