mardi 22 octobre 2013

Municipales : les raisons du vote des communistes parisiens

Le vote interne dans les sections du PCF de Paris a donné 57 % des voix pour des listes d’union au premier tour avec le Parti Socialiste, aux prochaines élections municipales. Au-delà de ses implications électorales, cette décision aura des conséquences importantes – et généralement négatives – concernant les perspectives pour le PCF, pour le Parti de Gauche et, par-dessus de tout, pour la construction d’une force politique capable de défendre les intérêts des travailleurs face aux conséquences sociales désastreuses du capitalisme.
Après l’immense enthousiasme suscité par la campagne du Front de Gauche en 2012, le vote des communistes parisiens provoque une vague d’incompréhension et de déception dans la couche la plus militante et active de la classe ouvrière, celle qui forme la colonne vertébrale des organisations syndicales. La réaction a été du même ordre chez les communistes parisiens qui ont voté pour des listes du Front de Gauche. Tous les communistes – y compris ceux qui ont voté pour des listes communes avec le PS – sentent que la décision parisienne tend à briser l’élan créé en 2012, plaçant un point d’interrogation sur l’avenir du Front de Gauche.
Cependant, il serait complètement erroné de tirer la conclusion que ce vote exprime un sentiment « pro-PS » ou qu’il y aurait un quelconque « virage social-démocrate » à la base du parti. Ce n’est pas vrai. Les camarades qui ont voté pour des listes d’union avec le PS sont loin d’être des inconditionnels de la politique du PS, que ce soit au niveau parisien ou au niveau national. Il est vrai que Pierre Laurent et une majorité de dirigeants de la fédération parisienne voulaient, dès le départ, des listes d’union avec le PS. Ce positionnement a pesé dans la balance, certes. Mais il n’a pas été décisif, à notre avis. Il y a quelques mois, même si l’on ne peut l’affirmer avec certitude, il semblait à bien des communistes que l’option Front de Gauche était majoritaire à la base du parti, malgré la position de la direction nationale. Quoi qu’il en soit, ce qui ne fait pas doute, c’est que le soutien à des listes Front de Gauche s’est progressivement affaibli au fil des semaines. Les partisans des listes PS-PCF avaient des arguments – certains plus forts que d’autres –, mais l’un des principaux facteurs qui expliquent le résultat du vote est indiscutablement le comportement de la direction du Parti de Gauche.
Dans les discussions au niveau des sections parisiennes, de nombreux militants communistes ont expliqué qu’ils auraient préféré des listes du Front de Gauche, mais qu’ils ne voyaient pas comment c’était possible compte tenu de l’attitude du PG. Tout en accusant le PCF de se livrer à la « lutte des places » au détriment des questions de programme, les dirigeants parisiens du PG se sont montrés extrêmement revendicatifs, justement, en ce qui concerne les « places ». Ils exigeaient la tête de liste parisienne. Ils exigeaient une répartition des positions éligibles selon le schéma des « trois tiers », à savoir : un tiers pour le PCF, un tiers pour le PG et un tiers pour des formations minuscules dont la plupart des gens n’ont jamais entendu parler, mais qui se verraient attribuer autant d’élus que le PCF ! Le PG considérait aussi comme « non négociable » d’avoir les têtes de liste dans plusieurs arrondissements clés de la capitale, comme par exemple le 10e, le 12e et le 20e, au détriment du PCF.
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