vendredi 6 décembre 2013

« Des enfants ne veulent pas jouer avec les Roms ni leur donner la main » : l’école face au racisme

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C’est un combat quotidien que mène Véronique Decker, directrice d’une école primaire en Seine-Saint-Denis, auprès de la trentaine d’élèves roms, roumains et bulgares. Un combat pour la scolarisation de ces enfants vivant souvent dans la misère des bidonvilles. Et contre la xénophobie qui peut se répandre dans la cours de récréation. « Quand un enfant dit à ses parents qu’il veut aller à l’école et ne plus mendier, il est très fréquent qu’il soit écouté », explique-t-elle au journal L’âge de faire, qui l’a interviewée. Comment l’école, malgré les critiques, joue encore un rôle contre la pauvreté et le racisme.
Cette interview a été initialement publiée par le mensuel L’âge de faire, qui traite des expériences alternatives, de création de lien social, d’écologie et d’engagement citoyen.

Véronique Decker est directrice de l’école Marie Curie à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Cet établissement de 260 élèves accueille une trentaine d’enfants roms, roumains et bulgares. Certains lisent et écrivent – ils vivent en France depuis longtemps et parlent très bien le français. D’autres viennent d’arriver et ne sont parfois jamais allés à l’école. Durant un an, ils apprennent les rudiments de la scolarité dans une classe destinée aux enfants non francophones, avant de rejoindre une section proche de leur classe d’âge.
Très engagée pour la scolarisation des enfants roms, Véronique Decker pratique dans son école la pédagogie Freinet, basée sur la coopération entre les enfants, l’apprentissage par tâtonnement expérimental, et la libre expression des élèves.
Deux petits films, intitulés « Scolarisation des enfants rom – Mode d’emploi », ont été tournés dans son établissement à l’initiative de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal).
L’âge de faire : La pédagogie Freinet, que vous pratiquez dans votre école, est-elle un atout pour faire un bon accueil aux enfants roms ?
Véronique Decker : Nous essayons de faire de nos élèves des enfants créatifs. Les enfants roms, qui sont associés très jeunes aux activités de leurs parents, sont très matures dans des domaines comme le bricolage et l’organisation. Par exemple, dans l’une des vidéos tournées à l’école, on voit que Steven et David ont fabriqué une vraie petite maison, avec un garage où l’on voit tous les outils : la clé à molettes, le tournevis... C’était la plus réussie chez les CM2 ! Cela leur permet, malgré leur faiblesse en lecture et en maths, d’avoir à certains moments une place d’enfants leaders, et d’être admirés par les autres.
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