vendredi 21 février 2014

"A pôle emploi personne ne m'a redonné le sourire"

Dans "Le Postillon"
Avez-vous déjà fait attention au nombre de personnes qui poirotent tristement à 8h25, si ce n’est plus tôt, devant les agences Pôle emploi de Grenoble et de la cuvette ? Elles sont des dizaines à attendre chaque jour que les portes s’ouvrent à 8h30 pile poil, pour une première inscription, régler un problème administratif, consulter des offres sur les bornes internet ou tout simplement faire une photocopie gratuitement. Le département de l’Isère compte presque 80 000 chômeurs [1], ils méritaient bien qu’on s’intéresse un peu à eux. Le Postillon a donc envoyé un de ses parasites au charbon, parmi ceux, nombreux, qui traînent dans les couloirs de la rédaction. Il est allé observer ce qui se passait à l’accueil de Pôle emploi et a fait le pied de grue devant trois agences [2] pour recueillir les témoignages de ces pseudo-assistés qui espèrent encore trouver du travail en 2013.
Une trentaine de personnes, pochette soigneusement calée sous le bras pour certaines, s’engouffrent dans l’agence. À l’intérieur, c’est propre. L’espace d’accueil est spacieux. Il y a là des bornes connectées au site internet de Pôle emploi, une photocopieuse, deux bureaux et deux à trois agents qui accueillent derrière leur ordinateur les demandeurs d’emploi qui patientent sagement dans la file. Au mur est accroché le logo de Pôle emploi, un E collé dans un rond qui, rappelons le, avait coûté pas moins de 500 000 euros en 2008 lors de la fusion des Assedic et de l’Anpe [3].
Les nouveaux inscrits disparaissent rapidement et vont assister à une réunion collective dans une pièce adjacente, tandis que d’autres attendent qu’un conseiller les appelle pour un « entretien personnalisé ». Les agents d’accueil étudient les demandes de ceux qui restent encore dans la file. Un homme est affalé sur un siège devant un ordinateur, il fait glisser, sans conviction, la molette de la souris, puis s’immobilise. Il s’endort, l’écran passe en mode veille, il se réveille et lentement reprend la consultation des offres. Sur son bras, il a griffonné au stylo les références de l’une d’entre elles. Une femme ordonne à son chien de rester dans le hall d’entrée. Docile, l’animal obéit. Sa maîtresse poirote une demi-heure, puis, après quelques signes d’impatience, décide de partir. Son chien la suit. Un homme, la cinquantaine, nous interpelle : « Vous voulez pas m’aider à remplir mon dossier, je ne comprends pas où mettre ces numéros ? »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire