samedi 15 février 2014

France 2 stigmatise, La Villeneuve dit stop aux clichés

C'est une première en France : les habitants du quartier de la Villeneuve à Grenoble, ont procédé à une citation directe contre France 2 pour diffamation publique, après la diffusion en septembre, du reportage "Villeneuve, le rêve brisé". Jugé stigmatisant, ce sujet d'Envoyé spécial suscite une réaction collective sans précédant. Reportage à la Villeneuve.
On ne voit qu’elles. Les montagnes enneigées se détachent du ciel bleu azur. Perché au sommet de la butte centrale de la Villeneuve, quartier situé au sud de Grenoble, Monsieur Carnaval, sculpture géante en pierre, domine cet immense quartier qui abrite près de 14 000 habitants. De là, on aperçoit le chapiteau du marché non loin des galeries de l'Arlequin, là où a été tourné en partie le reportage de France 2. Ce mercredi matin, Pauline Damiano, cette habitante native de la Villeneuve fait remplir des souscriptions. « Le marché est un lieu de convivialité où on croise beaucoup de gens. Nous proposons de participer aux frais de justice et nous avons recueilli près de 4000 euros ! Mais il y a aussi des dons qui viennent d'autres coins de France, ce sont des gens qui ont appris notre démarche par les réseaux sociaux », raconte la présidente de l'association des habitants de la Crique Sud. La démarche ? Porter plainte, via une citation directe, contre France 2 et contre le reportage « Villeneuve, le rêve brisé » d'Amandine Chambelland, diffusé dans le magazine Envoyé spécial du 26 septembre 2013, pour « avoir porté atteinte à l'honneur et à la considération des habitants de la Villeneuve ».
Voilà donc quatre mois que les habitants s'organisent, se rencontrent et décryptent minutieusement ce reportage pour tenter de comprendre l'incompréhensible. Un reportage à charge, ultra-négatif, qui montre un quartier violent, dangereux, voire définitivement perdu. Pourtant, la journaliste, employée par la société Ligne de mire production, a passé plusieurs semaines sur place entre février et mars 2013 : une semaine de repérage sans caméra, puis deux semaines avec caméra. Elle a fait appel à Nabil, un jeune du quartier qui a joué le rôle de « fixeur » et qui lui a fait rencontrer les jeunes « qui tiennent le mur ». Mais elle a aussi parlé à des habitants, comme Mohamed Boukhatem, que nous avons croisé au marché. Il raconte comment il a été approché par elle : « Je suis très investi dans la vie du quartier. Elle cherchait des gens pour témoigner mais la première chose qu'elle m'a dit c'est : 'je veux de l'action et de la violence'. Elle partait avec une idée négative, donc je lui ai dit non. Après, quand j'ai vu que c'était Nabil qui faisait le guide, j'étais effondré. Ce gamin a la haine contre la société, il ne pouvait pas lui donner un avis équilibré ».
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