lundi 3 février 2014

Le social-libéralisme n’est pas la social-démocratie !

Par Yvon Quiniou
Il est un peu désolant intellectuellement de voir la plupart des commentateurs parler d’un tournant « social-démocrate » de F. Hollande alors qu’il s’agit en réalité d’un tournant « social-libéral », non dans sa pratique gouvernementale qu’il ne fait qu’accentuer, mais dans son idéologie politique (même s’il n’aime pas ce mot), tournant qui marque une vraie fracture dans l’histoire de la gauche en France dont on n’a pas encore mesuré les effets à venir. Il convient donc de dissiper une fois pour toute cette confusion qui ne fait pas honneur à ceux qui font la politique ou sont censés l’analyser avec probité.
La social-démocratie, à laquelle Marx appartenait d’ailleurs, a eu son heure de gloire tout au long du 20ème siècle, jusqu’à la chute du mur de Berlin. Elle a été une authentique forme du mouvement ouvrier qui entendait réformer le capitalisme de l’intérieur sur la base d’un compromis entre le monde du travail et le Capital, organisé démocratiquement par L’Etat – quitte à envisager à terme le dépassement du capitalisme lui-même (hormis en Allemagne lorsque le SPD a rompu avec le marxisme à Bade-Godesberg), mais pas à pas. D’où un ensemble de conquêtes positives arrachées à la classe capitaliste par les syndicats et les partis de gauche, dans toute une série de domaines comme les salaires, les droits sociaux, les services publics, etc. Réformer c’était donc améliorer le sort des classes populaires et initier un progrès économique et social en leur faveur, ce qui explique que dans certains pays comme la France, cela ait pu se faire avec l’appui des communistes (1936, 1946, 1981) pourtant partisans d’une rupture révolutionnaire, dont le PS français était d’ailleurs idéologiquement partisan à l’époque de Mitterand et du programme commun de la gauche.
Le social-libéralisme, c’est tout autre chose et sa domination actuelle vient d’un seul  évènement : l’effondrement quasi spontané du système soviétique à partir de 1989.

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