jeudi 13 février 2014

Les gauches du PS s’émancipent

Par Nathanaël Uhl
Lundi, le bureau national du PS s’est réuni pour harmoniser l’expression sur le "Pacte de responsabilité" et la "politique de l’offre". Ce même jour, les gauches du PS, unies, sont sorties du silence pour dire « Il n’y a pas qu’une seule politique possible ». Et qu’il y en a aussi une à gauche.
Faut-il que la situation soit grave pour que les gauches du Parti socialiste aient décidé de sortir de leur réserve ? La période des élections municipales est, d’ordinaire, l’occasion d’observer un silence prudent. Les militants socialistes, quelle que soit leur sensibilité, se détournent du national pour camper sur le local. L’officialisation de la "politique de l’offre" comme nouveau credo de la politique économique du gouvernement a fait sauter les digues. Comme si le "Pacte de responsabilité" cher à François Hollande rappelait les gauches du Parti socialiste à leurs propres responsabilités. Et c’est unis que Maintenant la gauche (Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann), Un monde d’avance (les proches de Benoît Hamon) et des membres de la motion 4 (majoritairement d’anciens proches de Ségolène Royal, animés par Stéphane Hessel) ont publié l’appel « Il n’y a pas qu’une seule politique possible ». Ils ont choisi ce lundi 10 février et le séminaire organisé par le bureau national du PS pour le rendre public.
Revenir au discours du Bourget         
Le débat a eu lieu, à huis clos. « Dans la forme, il s’est bien passé », résume Pouria Amirshahi, député de la 9e circonscription des Français de l’étranger et signataire de l’appel. Sur le fond, Jean-Marc Ayrault a délivré l’explication de texte officielle. Et les ténors des gauches du PS ont riposté, argument contre argument. « Personne ne s’est convaincu, glisse Pouria Amirshahi. Mais nous avons formalisés nos désaccords. Rien que pour cela, c’était utile. » Du côté de Maintenant la gauche, on avait pourtant tâché de mettre sous le boisseau les désaccords. La solidarité de parti en période électorale n’est pas un vain mot au PS. Seul Gérard Filoche n’a pas mis ses positions en sourdine au cours du dernier trimestre 2013. Ainsi, alors que les députés de la gauche du PS se singularisaient par des votes divergents sur la réforme des retraites, Gérard Filoche titrait sur son blog« Pour la première fois c’est la gauche qui casse nos retraites ».
L’appel à une autre politique, qui reprend en fait les axes essentiels du discours de François Hollande au Bourget, rompt avec le silence prudent des quatre derniers mois de 2013. Un premier tir à blanc a eu lieu à l’occasion des vœux présidentiels, par la voix du Pascal Cherki, membre de Maintenant la gauche. Assurant « comprendre les interrogations qu’on peut avoir »sur la politique du gouvernement, le député PS de Paris avait admis reconnaître « les intentions du président de la République », mais « doute(r) que les moyens employés permettent d’y arriver ».

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