mardi 4 mars 2014

Si peu d’ouvriers dans les conseils municipaux

Les ouvriers sont le plus souvent absents des conseils municipaux. Même dans les territoires ruraux où ils constituent le premier groupe d’actifs, ils y sont très peu représentés. Avant les élections municipales de mars 2014, Terrains de luttes poursuit l’exploration des conditions de la marginalisation politique des classes populaires. Nous republions un entretien avec Julian Mischi, sociologue qui travaille sur le rapport populaire au politique.
Des ouvriers maintenus à distance de la vie politique locale
Quelles sont les caractéristiques de la « classe ouvrière rurale » que vous évoquez dans vos travaux ?
Julian Mischi : En France, la majorité de la population active se trouve en ville, mais lorsqu’on se penche sur la répartition des actifs selon les types d’espaces, la proportion des ouvriers en milieu rural est supérieure à celle que connaissent les zones urbaines (32% contre 20%). Le déclin des classes populaires est en outre une fausse idée car, sur un plan global, l’addition des ouvriers et des employés, c’est 55 % de la population active de notre pays.
Quelles sont les spécificités de cette classe ouvrière rurale par rapport aux ouvriers dit urbains?
J.M : En milieu rural, on trouve les fractions les plus fragiles en matière d’emploi, avec des emplois mal rémunérés et beaucoup moins qualifiés qu’en ville. Ces ouvriers travaillent le plus souvent dans de petites unités de productions où les rapports hiérarchiques sont resserrés entre salariés et patrons. A la différence de la catégorie des cadres, les ouvriers ruraux vivent et travaillent souvent dans le même espace. Si les ouvriers partagent des mêmes conditions de travail et de vie, ils partagent de moins en moins la même culture de classe. Celle-ci a été fragilisée par des systèmes de rémunération au mérite, une individualisation et une atomisation des conditions au travail. De plus, les réseaux associatifs, d’éducation populaire et d’organisations ouvrières perdent en influence. Ce phénomène s’est accentué dans les campagnes.
L’ancrage local des ouvriers semblait être un facteur majeur d’engagement au sein des conseils municipaux ; quels processus ont amené au déclin de la représentation municipale des ouvriers ?

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