mardi 15 avril 2014

Marxistes des deux rives

Par Jean Ortiz
Le 8 avril un panel de marxistes des deux rives du "charco" (l’océan), se sont rencontrés à Paris, à l’initiative conjointe de l’association "Espace Marx" et de l’ambassade de l’Etat plurinational de Bolivie. Une initiative forte, pertinente et stimulante, présidée par Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. Les uns et les autres étaient appelés à réfléchir ensemble, à s’apostropher, sur "l’avenir de la gauche européenne" et sur "l’actualité du marxisme".

La rencontre s’articulait autour d’un "grand conférencier" bolivien, le vice-président Alvaro Garcia Linera, l’un des penseurs majeurs de la gauche latino-américaine, connu notamment pour ses recherches sur "marxisme et indianisme", déclinées sous formes de travaux pratiques par la révolution bolivienne.
Chacun sait combien en Europe la pensée marxiste est minorée, voire censurée, stigmatisée, étouffée, quasi bannie des universités. Mais elle résiste plutôt bien et se renouvelle, se "questionne", s’enrichit, au nez et à la barbe des nouveaux Inquisiteurs de la pensée unique et du bipartisme. Michael Lowy, André Tosel, Razmig Keucheyan, Etienne Balibar, ont exposé des points de vue décapants, et planté au vice-président bolivien de stimulantes banderilles.
De l’autre côté du "charco"... On assiste en Amérique latine, depuis une vingtaine d’années, à un retour en force de la pensée critique, du marxisme et de ses diverses lectures, de la contestation du capitalisme. Il a précédé les processus de transformation sociale en cours. La légitimité, l’hégémonie, du néolibéralisme sont largement contestés. Le marxisme renoue en quelque sorte avec ses sources endogènes continentales. Le "premier marxisme" des années 1920 et en partie 1930, en Amérique latine, fut "créole", hétérodoxe, ouvert, fécond. Les pensées du Cubain Julio Antonio Mella et du Péruvien José Carlos Mariategui, témoignent de cette fraîcheur, de cette vigueur. Puis vint la prise en main par l’Internationale communiste, la "soviétisation", la soumission à un centre, à un modèle exogène...
Alvaro Garcia Linera a mis insistamment l’accent sur la nécessité des "grands récits", de la reconquête idéologique, culturelle, en abandonnant, face aux échecs, toute sinistrose, tout "repli auto-complaisant" ; tout comme l’urgence d’alternatives viables, d’horizons crédibles. Cet (ces) "horizon d’époque", crédible, est pour lui le communisme, "qui ne peut être que pluriel et démocratique".

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