vendredi 30 mai 2014

Européennes : une analyse d’André Chassaigne

- La Montagne : Comment en est-on arrivé à ce que des classes populaires qui votaient communistes, à gauche, il y a peu de temps encore, donnent leurs suffrages au FN ?
André Chassaigne : C’est indéniable : les idées de transformations de la société régressent. Avec, en parallèle, Chassminibourbl’affaiblissement des forces qui les portent, comme le PCF. Si ce recul idéologique se traduit plus fortement dans les classes populaires, c’est que nos idées pénètrent beaucoup moins où se construisent les votes. Je veux parler des lieux de travail, mais aussi des quartiers, des villages. Ce repli est aussi accentué par le rouleau compresseur des grands médias dominants qui relaient les idées conservatrices, voire réactionnaires.

- LM : Pourquoi le Front de gauche ne fait-il pas front face au FN ?
AC : Je crois que le Front de Gauche est le rassemblement politique qui a le plus dénoncé les idées que porte le Front national. Mais nous devons aussi être lucide : notre rassemblement ne réussit pas à irriguer la société, à rassembler toutes celles et tous ceux qui veulent construire des réponses politiques concrètes et crédibles sans pour autant adhérer à une organisation. Il nous faut donc un débat stratégique sur ce que doit être le Front de Gauche : un outil efficace de rassemblement pour que les idées transformatrices deviennent une force. Pas un cartel d’organisations qui mène au repli, à des rigidités, voire à une concurrence stérile entre organisations qui en sont membres.

- LM : Jean-Luc Mélenchon est-il encore légitime pour incarner ce front anti-Front ?
AC : Il ne s’agit pas d’avoir un homme providentiel pour incarner un simple front anti-front. Bien au contraire, c’est le travail collectif qui fait bouger les consciences sur les causes réelles de la crise, sur les vrais responsables de l’austérité et du mal-vivre, sur nos propositions alternatives. L’avenir du Front de Gauche ne se résume donc pas à la légitimité d’un porte-parole, quel qu’il soit, mais bien davantage à une capacité de travailler au quotidien sur tous les terrains, au cœur de la population. La question est plutôt celle-ci : sommes-nous prêts à organiser ce travail collectif au côté de tous les progressistes ?

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