vendredi 30 mai 2014

«Le partenariat transatlantique serait une catastrophe d’ampleur continentale»

En Europe, la reprise pointe son nez. Mais, si la croissance est à nouveau positive dans la plupart des Etats-membres, elle sera trop faible pour réduire significativement le chômage. Au mieux, les cinq prochaines années seront celles d’une croissance molle. Une fatalité ? Pas pour l’économiste français Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS, auteur de l’illusion financière (Les Editions de l’Atelier).
La stratégie européenne repose sur trois piliers : des « réformes structurelles » pour restaurer la compétitivité ; l’austérité budgétaire pour dégager l’espace à l’initiative privée ; et le partenariat transatlantique, dont on dit qu’il créera « des centaines de milliers d’emplois ». Vous y croyez ?
Cette stratégie constitue une erreur majeure. Le problème fondamental n’est pas lié à un manque de compétitivité, mais à l’excès de dettes. Des dettes privées d’abord, notamment celles des banques, qui sont les acteurs les plus endettés et ne remplissent plus leur mission. La question de la dette publique est un alibi pour imposer un vieux programme : le démantèlement de l’Etat-providence. Ce que l’Europe réalise, avec un succès terrifiant, en Grèce, en Espagne, au Portugal et, dans une moindre mesure, en Italie. Cette stratégie n’a aucune chance de favoriser le retour d’une croissance durable. Elle enfonce l’Europe davantage encore dans la trappe déflationniste.

L’Union mise sur le commerce extérieur. C’est ainsi qu’elle justifie le partenariat transatlantique en cours de négociation avec les États-Unis. De plus en plus d’Européens craignent que cet accord « de libre-échange » se traduise par un nivellement par le bas de nos législations sociales, sanitaires ou environnementales. Une inquiétude justifiée ?

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