mercredi 11 juin 2014

Cette gauche qui veut reprendre des couleurs

Par Frédéric Durandet Sébastien Crépel
Les convergences se cherchent à gauche entre les mécontents de la politique d’austérité gouvernementale. Samedi, une nouvelle initiative a rassemblé des « Socialistes affligés », le Front de gauche et les écologistes, dessinant les contours d’une possible alliance « rouge-rose-verte ».
Privé de tout appui populaire – un récent sondage OpinionWay pour le Figaro indiquait que seuls 3 % des Français désiraient voir François Hollande se représenter en 2017 – le président de la République a également rompu les liens avec ses partenaires traditionnels à gauche. Les Verts se sont retirés du gouvernement et le Front de gauche n’y a jamais participé. Les profonds désaccords politiques ont creusé un sillon qui traverse désormais le Parti socialiste lui-même. L’isolement au sommet de l’État et le refus de discuter avec sa propre majorité – la rencontre du président avec les parlementaires a été ajournée – fragilisent chaque jour un peu plus l’hôte de l’Élysée et, mécaniquement, ouvre de nouveaux espaces de débat pour trouver une issue et une alternative aux orientations jugées « suicidaires » du gouvernement.
À l’instar du colloque organisé, samedi, à Paris, par le club des Socialistes affligés. Symbole d’une élite de gauche en rupture avec les desseins de l’exécutif, le think-tank créé par l’ancien député européen Liêm Hoang-Ngoc et le chercheur Philippe Marlière tente de jeter une passerelle entre le PS et le reste de la gauche. « Parce que la gauche est en danger », souligne Philippe Marlière et parce que s’installe « une lecture nationaliste et ethnique des dominations sociales ». Car le constat est là que l’effondrement du Parti socialiste aux dernières élections n’a pas profité aux autres formations de gauche mais suscité une abstention massive et une forte poussée de l’extrême droite. Et, adossé à cette réalité, l’échec cuisant du gouvernement sur les questions structurantes comme l’emploi, le pouvoir d’achat, la fiscalité, l’éducation… Autrement résumé, la gauche au pouvoir « mène une politique de droite ».
Au-delà du verdict, désormais partagé, proposer une alternative clairement identifiée à gauche suppose de convenir d’un contenu et d’une stratégie pour changer la donne. Car la situation est dorénavant évoquée en termes crus chez les socialistes, bien au-delà du cercle des Socialistes affligés. « Énervés », voire « ulcérés » semblerait d’ailleurs convenir davantage à leur état d’esprit, face à ce qu’ils considèrent comme un véritable hold-up sur le sens du vote des Français de 2012 et, au-delà, sur celui de leur engagement au PS et au sein de la gauche.

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