vendredi 20 juin 2014

Pierre Laurent : « C’est le cap de Valls qui met la gauche en danger »

Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, souligne « l’occasion unique » qui se présente de construire un « front large » avec l’ensemble de ceux qui à gauche contestent la politique du gouvernement.
Les mobilisations sociales – cheminots, intermittents… – sont sur le devant de la scène. Est-ce un tournant dans un climat dominé jusqu’alors par le désarroi chez les électeurs de gauche ?
Pierre Laurent : Ces mouvements montrent que persiste dans le pays une demande très forte de réformes de progrès social. Je mets en garde le gouvernement : il passe son temps à diviser, à opposer les Français alors qu’en vérité, c’est lui qui est isolé. Sa politique d’austérité, de mise en concurrence et de libéralisation n’est pas acceptée, singulièrement par les forces sociales et populaires qui ont voulu le changement en 2012. Manuel Valls dit que la gauche peut mourir, mais ce qui la met en danger, c’est un gouvernement qui prétend parler en son nom tout en menant une politique qui lui tourne le dos. La mobilisation, qui s’exprime à nouveau avec force, est porteuse de propositions. Les intermittents luttent pour la pérennisation de leur régime d’indemnisation et pour la défense des budgets culturels. Les cheminots se battent pour une réforme de la SNCF qui reconstruise l’unicité du service public et favorise les investissements publics. Alors que la politique du gouvernement nous enferme dans une logique de dépression économique, sociale et démocratique, ces mouvements sont d’intérêt national, et montrent que les forces existent pour la relance d’un projet alternatif à gauche.
Le plan d’économies de 50 milliards du gouvernement va être débattu avec les lois de finances rectificatives au Parlement, la semaine prochaine. Au moment où des oppositions se manifestent chez les socialistes, est-ce réellement là une occasion de se faire entendre ?
Pierre Laurent : La politique gouvernementale est désavouée dans le pays. Et il existe au sein même du Parti socialiste et chez les écologistes une prise de conscience que le discours de François Hollande du 14 janvier sur le pacte de responsabilité a été une rupture grave. Désormais, des députés issus de toutes les familles de la gauche refusent d’engager le pays dans cette voie. Car, non seulement elle ne permettra pas de combattre le chômage, mais elle va l’aggraver. Dans cette situation peut s’ouvrir un dialogue nouveau entre tous ceux qui refusent la logique du plan Valls pour reconstruire les grands axes d’un nouveau projet de gauche pour la France. Des forces nouvelles sont disponibles. Toutes ne sont pas d’accord sur les solutions à mettre en œuvre. Mais, ce qui est nouveau à cette heure, c’est que toutes peuvent entrer en discussion et construire des convergences pour chercher ensemble une issue.

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