jeudi 3 juillet 2014

Les faux pas d’Hollande et Valls dévastent le dialogue social

Par Laurence Dequay
C’est le zigzag de trop. Pour ramener le patronat aux différentes tables rondes de la conférence sociale des 7 et 8 juillet, le Premier ministre Manuel Valls a tranché : jetant à la poubelle les projets de décrets rédigés par les équipes de Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, il reporte d’un an, au premier janvier 2016, l’obligation pour les entreprises de répertorier exhaustivement les dix facteurs de risques auxquels elles exposent leurs salariés sur des fiches individuelles. Fiches qui, à l’avenir, doivent leur permettre de partir plus tôt en retraite (1). En 2015, seuls seront pris en compte : le travail de nuit, le travail répétitif, en équipe alternative ou sous pression hyperbare.
Sur le fond, plus que ce demi recul, ce qui effare, c’est la capacité de l’Elysée et de Matignon, à ruiner ce « dialogue social », sur lequel ils comptent cependant pour sortir le pays de la nasse du chômage de masse…
En effet, selon nos informations, la grosse colère du patronat de ce début de semaine, a pour origine… une promesse élyséenne non tenue. Car lorsque le président avait reçu Pierre Gattaz accompagné d’une délégation patronale, en présence de Manuel Valls, le chef de l’Etat lui aurait déjà promis, les yeux dans les yeux, le report à 2016 du dispositif pénibilité. Une « bonne nouvelle » que Gattaz avait alors vendue, mi-juin à sa base pour la calmer, notamment les petits patrons du BTP. Le 17 juin, lors de sa conférence de presse, le patron des patrons promettait donc tout sourire d’assurer « le succès de la phase deux du pacte de responsabilité élyséen ». Et scoop pour les partenaires sociaux, « de ne plus chercher à passer en force sur les sujets qui fâchent. » Tous les signaux étaient au vert…
Cependant, quelques jours plus tard, en découvrant que les premiers décrets rédigés par Marisol Touraine ne respectaient pas à son sens, la parole élyséenne et que les chefs d’entreprises devraient d’ici à la fin de l’année, répertorier toutes les tâches pénibles imposées à leurs employés, Gattaz sortait de ses gonds. « Non seulement on s’est senti floué, mais nombre de petits patrons ne disposent pas des logiciels permettant cette collecte. » rugit-t-on, avenue Bosquet, au siège du Medef. D’où ce grand cirque : une tribune du patronat uni dans le JDD et la menace de boycotter la Conférence sociale…

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