vendredi 11 juillet 2014

« À l’origine de la crise, le refus de mettre un terme à la colonisation »

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
Figure du camp de la paix en Israël, cofondateur de Gush Shalom, l'écrivain et journaliste Uri Avnery s’alarme de la montée d’une extrême droite hostile à tout horizon de paix.

Quelle est la responsabilité du gouvernement de Benyamin Netanyahou dans l’actuel engrenage ?
Uri Avnery. On peut être tenté de situer le début de cet engrenage à l’enlèvement et l’assassinat des trois jeunes colons israéliens. Mais dans les faits, si l’on prend en compte le paysage politique global, la crise a commencé avec l’échec des négociations de paix initiées par les Américains. Il est évident que le refus obstiné du gouvernement israélien de mettre un terme à la colonisation de la Cisjordanie est en cause.

L’influence grandissante de l’extrême droite en Israël compromet-elle tout espoir de paix à court et moyen terme ?
Uri Avnery. Il n’y a plus aucun effort de paix. Ceux qui sont allés jusqu’à brûler la vie d’un adolescent palestinien sont des fascistes, des néonazis. Ces extrémistes, qui ne connaissent aucune limite, ne peuvent être appelés autrement. Nous sommes très inquiets. Cet acte prémédité d’immolation d’un enfant est inédit en Israël. Une extrême droite violente, dangereuse, a poussé à l’ombre d’un gouvernement qui est lui-même d’extrême droite. Le ministre délégué à la Défense, Danny Danon, n’a-t-il pas appelé, après le rapt des trois jeunes colons israéliens, à « raser les villages les uns après les autres comme l’aurait fait Vladimir Poutine » ?

Quel est l’état du camp de la paix en Israël ?
Uri Avnery. Le mouvement pacifiste est très affaibli, comme il ne l’a jamais été. Aucune force politique liée au camp de la paix et contestant l’occupation n’est aujourd’hui en mesure de gagner les élections, d’offrir une alternative et de changer la politique de l’État d’Israël.

Le contexte régional, plus instable que jamais, contribue-t-il à cette nouvelle escalade ?
Uri Avnery. Dans les faits, non. Mais le gouvernement de Benyamin Netanyahou invoque le contexte régional à des fins de propagande contre la paix.

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