mardi 30 juin 2015

Référundum en Grèce - Discours d'Alexis Tsipras


Citoyens grecs,

Au cours des six derniers mois, le gouvernement grec a mené une bataille sous une asphyxie économique sans précédent, dans le but d’appliquer le mandat que vous lui avez donné le 25 janvier.

Le mandat de négocier avec nos partenaires pour arriver à mettre un terme à l’austérité et pour faire revenir dans notre pays la prospérité et la justice sociale.

Pour un accord durable qui respectera la démocratie, les règles européennes, et qui conduira à une sortie définitive de la crise.

Durant les négociations, il nous a été demandé de manière répétitive de mettre en œuvre les politiques du mémorandum que les précédents gouvernements avaient accepté, en dépit du fait que ce mémorandum avait été condamné sans équivoque par le peuple grec lors des récentes élections.

Nous n’avons jamais envisagé d’abandonner – pas même pendant un instant. Ni de trahir votre confiance.

Après cinq mois d’âpres négociations, nos partenaires ont soumis une proposition-ultimatum à la rencontre de l’Eurogroupe, menaçant la démocratie et le peuple grec.

Un ultimatum qui contrevient aux principes et aux valeurs qui ont fondé l’Europe. Les valeurs de notre projet européen commun.

Il a été demandé au gouvernement grec d’accepter une proposition qui ajoutera un poids insupportable sur les épaules du peuple grec, et qui minera le rétablissement de l’économie et la société grecques – pas seulement en alimentant l’incertitude, mais aussi en aggravant les inégalités sociales.

La proposition des institutions inclut des mesures qui vont augmenter la dérégulation du marché du travail, les coupes dans les pensions de retraite, et inclut de nouvelles réductions de salaires le secteur public – mais aussi une augmentation de la TVA sur la nourriture, les restaurants et le tourisme, tout en éliminant les exonérations d’impôts sur les îles grecques.

Ces propositions – qui violent directement les acquis sociaux européens et les droits fondamentaux à travailler, à l’égalité et à la dignité – prouvent que certains partenaires et membres des institutions ne veulent pas trouver un accord viable qui bénéficierait à toutes les parties, mais cherchent plutôt l’humiliation du peuple grec.

Ces propositions illustrent principalement l’insistance du FMI pour des mesures d’austérité sévères et punitives. Il est maintenant temps pour les pouvoirs dirigeants européens de se montrer à la hauteur de l’occasion et de prendre l’initiative pour mettre un terme définitif à la crise grecque, une crise qui affecte également d’autres pays européens, en menaçant le future proche de l’intégration européenne.

Citoyens grecs,

Nous faisons face à la responsabilité historique de ne pas laisser les luttes et les sacrifices du peuple grec rester vains, et de renforcer la démocratie et notre souveraineté nationale – cette responsabilité pèse sur nous.

Notre responsabilité pour le futur de notre pays.

Cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum sur la base de la volonté souveraine du peuple grec.

Plus tôt ce soir, le Conseil des ministres était convoqué et j’ai proposé d’organiser un référendum afin que le peuple grec puisse décider.

Ma proposition a été unanimement acceptée.

Demain, le Parlement tiendra une session extraordinaire pour ratifier la proposition du Conseil des ministres pour qu’un référendum soit mis en place dimanche prochain, le 5 juillet. La question posée sera de savoir si la proposition des institutions doit être acceptée ou rejetée.

J’ai déjà informé le président français, la chancelière allemande et le président de la BCE de ma décision ; demain, je demanderai aux leaders de l’UE et des institutions une courte extension du programme – en cours d’écriture – pour que le peuple grec puisse décider sans pression et sans chantage, comme il l’est disposé dans la Constitution de notre pays et dans la tradition démocratique européenne.

Citoyens grecs,

Je vous appelle à choisir – avec la souveraineté et la dignité que l’Histoire grecque exige – si nous devons accepter l’exorbitant ultimatum qui appelle à une stricte et humiliante austérité sans fin, et qui ne donne aucune perspective de pouvoir un jour nous tenir debout sur nos deux pieds, socialement et financièrement.

Nous devrions répondre à l’autoritarisme et l’austérité sévère par la démocratie – dans le calme et la fermeté.

La Grèce, lieu de naissance de la démocratie, devrait envoyer un retentissant message démocratique aux Européens et à la communauté mondiale.

Et je m’engage personnellement à respecter la conséquence de votre choix démocratique, quel qu’il puisse être.

Je suis absolument certain que votre choix fera honneur à l’Histoire de notre pays et enverra un message de dignité à travers le monde.

Dans ces temps critiques, nous allons devoir rappeler que l’Europe est la maison commune de tous ses peuples.

Qu’en Europe, il n’y a ni propriétaires, ni invités.

La Grèce est et restera une partie intégrante de l’Europe, et l’Europe une partie intégrante de la Grèce.

Mais une Europe sans démocratie sera une Europe sans identité et sans boussole.

Je vous appelle tous à agir avec sang-froid dans l’unité nationale et à prendre une décision digne.

Pour nous, pour les générations futures, pour l’Histoire grecque.

Pour la souveraineté et la dignité de notre pays.

Alexis Tsipras,

le 26 juin 2015

Fête du Travailleur Alpin

La fête a tenu ses promesses, belle et rebelle !

L’odieux attentat de saint Quentin Fallavier a eu lieu le jour de l'ouverture de la fête, bien évidemment il était dans les esprits et lors de l’inauguration de la fête avec l'hommage rendu aux familles des victimes.

Le soleil durant ses trois jours, l’affluence aux débats, des temps forts de solidarité avec notamment actualité oblige, le débat sur la Grèce, la recherche d’une construction nouvelle à gauche auront marqué la 86e édition de la fête du Travailleur Alpin. Côté festif, un plateau artistique inégalé en terme de nombre de concerts a ravi le public. L’accent a été mis cette année sur le développement durable sur la fête, ainsi que la signalétique, permettant un repérage des nombreux événements, des changements appréciés par tous.

Un grand merci à toutes celles et tous ceux qui ont permis le succès de la fête, les communistes du département avec un plus grand nombre de sections cette année, les invité-e-s aux débats, les associations et collectifs de mouvement de solidarités, l’association des Amis TA, les nombreux bénévoles.

Seul bémol, la fête sera déficitaire ; nous attendons le retour de toutes les vignettes pour un bilan précis. Ce qui rend encore plus nécessaire de participer à la souscription au Travailleur Alpin que vous pouvez trouver dans votre journal. Nous savons que nous pouvons compter sur vous pour faire vivre le journal et la fête !

Gérard Frydman
Directeur de la fête du Travailleur Alpin

lundi 29 juin 2015

Non au chantage financier sur le référendum Grec

La BCE a annoncé qu'elle coupera les liquidités aux banques grecques mardi. C'est le résultat du chantage engagé samedi par l'Eurogroup contre la République Hellenique parce que son gouvernement souhaite consulter les grecs par référendum sur la poursuite ou non de l'austérité.

La vie des travailleurs, des retraités, des familles grecs n'est pas un jeu. Leurs dépôts bancaires non plus. C'est pour les protéger que le gouvernement grec a pris le contrôle des capitaux et fermé les banques.

Alexis Tsipras vient d'adresser une demande de prorogation du programme financier au président du Conseil européen, aux 18 chefs d'Etat de la zone euro, aux dirigeants de la BCE, à la Commission européenne et au Parlement européen.

La France doit immédiatement répondre favorablement à cet appel. Nous ne pouvons pas laisser ce chantage entraver le libre choix du peuple grec et faire entrer l'ensemble de l'Europe dans une crise aux conséquences gravissimes.

Communiqué du Parti communiste Français,
28 juin 2015

Mes voisins exigent la peine de mort pour « ces Arabes terroristes »

Par Jean Ortiz

Mes voisins sont de braves gens, de gauche, et depuis 48 heures ils sont horrifiés, comme moi, par la bestialité des tueurs de Daech...


L’émotion leur fait assimiler Daech=islamistes=musulmans=Arabes=immigrés... Ils ne m’entendent pas. Ils apprécient mes engagements, mais « cette fois-ci, c’est trop ». Voteront-ils Front National ? Le sujet n’est plus tabou.
Au-delà de l’horreur du crime de l’Isère, chauffée à blanc par les médias, il convient de raison garder. Les premières victimes de ces fanatiques fous furieux ne sont-elles pas les peuples arabes eux-mêmes, criminalisés dans un amalgame provoqué et instrumentalisé ?

Je suis horrifié mais je l’étais aussi lorsque les bombes israéliennes tombaient sur les enfants de Gaza. L’indignation ne peut être sélective.
Le problème est global et une grande partie de la responsabilité de l’amplification d’actions fanatiques est hélas occidentale ; le fascisme n’est pas à nos portes. Les interventions néo-colonialistes de la France, des Etats-Unis, des « coalitions libératrices » ont forgé la haine et ont plongé la Lybie, l’Irak, la Syrie,... dans le chaos : les structures étatiques « ont été effondrées ». Ces interventions présentées comme salvatrices cherchaient en fait à défendre les intérêts économiques, géopolitiques, géostratégiques de l’Occident capitaliste.
Daesh, Boko Haram, comme hier Al Qaida, ces créatures monstrueuses ont été enfantées par ceux qui aujourd’hui prônent l’état d’urgence, la limitation des libertés, la guerre des civilisations, la Croisade...

L’Arabie Saoudite, la Turquie, les pays occidentaux ont été des bailleurs de fond du terrorisme ; l’Union européenne, dit-on, achète à Daesh le pétrole au marché noir. Dans ce jeu de dupes, il convient d’appliquer toute la rigueur de la justice, de punir sévèrement les assassins, de maintenir la vigilance, mais aussi et surtout de réaffirmer et de mettre en œuvre des valeurs humanistes, de travailler au vivre ensemble, à un monde plus juste, de dénoncer les pompiers pyromanes, d’extrême droite, de droite et même d’ailleurs. Les hypocrites tireurs de ficelles sanglantes, politiciennes et électoralistes sont légion. Ils s’arrogent le droit, suicidaire, criminel pour tous, d’instrumentaliser le pire.
Le blog de Jean Ortiz

vendredi 26 juin 2015

Situation du site papetier ARJO WIGGINS à Charavines

Courrier à Emmanuel MACRON demande expertise - Par Annie David  / 25 juin 2015

Monsieur le Ministre,

Une table ronde a été organisée le 16 juin, dans les locaux de votre Ministère, réunissant toutes les parties concernées par le projet de reprise du site papetier d’Arjowiggins de Charavines menacé de fermeture au 30 juin.

Ce projet de reprise jugé très sérieux par les représentants du personnel et par les élu-e-s locaux, envisage la production d’un papier alimentaire recyclable et résistant à l’eau et à la graisse par un procédé chromatogénique. Il s’agit d’une production industrielle utile, innovante, écologique et naturelle à laquelle votre Ministère mais également celui de l’Ecologie ainsi que le Secrétariat d’Etat en charge de la Recherche et de l’Innovation, ne peuvent manquer d’apporter leur soutien par tous les moyens à leur disposition.

Lors de cette table ronde, la direction de l’entreprise qui depuis des mois freine toute avancée d’un projet de reprise industrielle, a maintenu son attitude de blocage.

Il a cependant été convenu en accord avec les parties prenantes que votre Ministère mandate un cabinet d’expert. Une date de fin d’analyse du projet a été fixée au 15 juillet. Les représentants du personnel vous ont adressé en début de semaine une proposition d’expert économique indépendant ainsi que d’un expert industriel. Aucune réponse ne leur a encore été apportée sur cette proposition ni sur la date de début d’analyse du projet.

Les délais, Monsieur le Ministre, se restreignent et nous ne pouvons que regretter qu’une telle expertise n’ait été diligentée plus tôt ; le 30 juin les 158 salarié-e-s auront reçu leur lettre de licenciement avant de partir en congé ! Il n’est pourtant pas trop tard et des dispositions techniques pour rendre possible une reprise de l’activité de production que tous les acteurs du territoire attendent, ont été envisagées.

Elles nécessitent également une décision rapide pour laquelle je sollicite votre intervention afin d’accélérer la mise en œuvre de cette expertise.

Je vous en remercie ainsi que de votre soutien à ce projet de reprise, et dans l’attente des informations que vous ne manquerez pas de m’apporter, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération.

Droit du travail ou travail sans droit ? Taxis contre uberisation et macronisation !

Par Gérard Filoche
Entre les taxis et Uber c’est une bataille de civilisation. D’un côté un métier réglementé (plus ou moins bien) de l’autre un métier sans règle.
La pieuvre US multimilliardaire UBER, avec 50 milliards, est partie à la conquête du contrôle de tous les transports individuels des capitales du monde. Pour cela son système est simple : pas de salariés, pas de chauffeurs professionnels, simplement des « sujets » qu’on siffle et qui roulent au forfait, sans droit, sans salaire, sans horaires, sans dignité et sans liberté.
Des volontaires d’autant plus facilement trouvés que les salaires stagnent et que la vie est difficile.
Ces « post esclaves » sont moins bien traités que des esclaves. Les VTC « co-voiturants » (pour faire « cool ») ou les VTC auto entrepreneurs (pour faire faussement juridique) ont ce point commun d’être attachés, non par des chaînes, mais par des appels téléphoniques et, au sifflet, ils font la course commandée, au prix payé calculé d’en haut dont ils gardent un pourcentage pour survivre. A eux de payer cotisations sociales, voiture, assurances, accidents à tout moment, de rouler 70 h.
Uber n’a aucune obligation vis à vis de ces  post esclaves  : pas de « crainte » du licenciement puisque pas de contrat.

Comme dit Attali, « c’est l’avenir, tous les travailleurs vont devenir intermittents, c’est l’ubérisation de la société, c’est la fin du salariat ». « Sauf pour exception talentueuse » prend-il soin de préciser. Plus de code du travail, plus de convention collective, plus rien. Soumission librement consentie, « compliance without pressure » sans contrepartie…

Pour l’heure, c’est « l’illégalité absolue » répond Bernard Cazeneuve et l’interdiction de UBER est même réclamée par les autorités. Il faut dire que les taxis, malgré tous leurs défauts, sont mobilisés et en colère et ça fait peur, car en dépit de leur individualisme, de leur discutable réputation, de leur faible taux de syndicalisation, les taxis sont du bon coté de la barricade juridique ; ils défendent du droit du travail contre le travail sans droit ubérisé.
Le gouvernement semble donc « lâcher » Attali et son « ubérisation ».

Mais la partie n’est pas jouée : car la macronisation, si sa loi passe en 3ème lecture, va prendre le relai de l’ubérisation ! En effet, en modifiant l’article 2064 du Code civil et la loi du 8 février 1995, (article 83) qui renvoie toute relation de travail au code du travail, la loi Macron ouvre la possibilité de contrats civils, commerciaux, de gré à gré qui pourront échapper aux conventions, aux inspections, aux contrôles et aux prud’hommes.

Lisez « L’opinion » qui, comme Attali, prône la fin du salariat. Ecoutez tous ceux qui disent que le Code du travail est obèse : l’offensive générale réactionnaire est lancée, l’épisode TAXIS contre VTC,  c’est cent ans d’histoire et de construction du droit des salariés qui sont en jeu.

Etre contre UBER lucidement c’est être contre Macron-Medef. C’est défendre le salariat et ses droits contre le néo-esclavagisme.

jeudi 25 juin 2015

Grèce: Ce n'est pas à la finance de gouverner (PCF)

La troïka (FMI, BCE et Commission européenne) a refusé les propositions de compromis du gouvernement Tsipras parce qu'elles envisageaient de taxer les revenus les riches et leurs activités de luxe. Les intérêts des financiers et oligarques sont bien défendus. Dans le même temps, Antonis Samaras vient de proposer un gouvernement d'union nationale sans Syriza pour continuer l'austérité. Ces gestes irresponsables conduisent à une situation de blocage extrêmement dangereuse pour le peuple grec et pour la démocratie en Europe.

La France ne peut laisser faire ce coup d'Etat financier. François Hollande, qui s'était prononcé pour un accord respectant le peuple grec, doit agir pour une solution politique. Ce n'est pas à la finance de gouverner. Notre pays doit jouer son rôle pour le respect des choix du peuple grec.

Le PCF réaffirme sa solidarité avec le peuple grec et son gouvernement. Nous ne lâcherons rien. Il en va de l'intérêt commun de tous les peuples européens.
Communiqué du Parti communiste français

Regards sur les changements contemporains en Amérique latine

Dans ce grand entretien réalisé par le site de la revue ContreTemps que reprend ici Mémoire des luttes, Franck Gaudichaud expose son point de vue sur les processus de transformation latino-américains qui se déploient dans la région depuis quinze ans. Le spécialiste de l’Amérique latine et de ses mouvements populaires analyse les contradictions qui travaillent ces processus et développe son point de vue sur leurs perspectives.
Cet entretien est une contribution à un ouvrage collectif (à paraître courant 2015) sur le thème : « Movimientos sociales y poder popular en Chile. Retrospectivas y proyecciones políticas de la izquierda latinoaméricana », travail réalisé par le Groupe d’études sociales et politiques – Chili (GESP) de l’Université de Santiago (USACH) et les Éditions Tiempo Robado Editoras (Santiago du Chili).
Le scénario politique latino-américain actuel et la (ré)émergence des gauches

Bryan Seguel (BS) : De nombreux commentateurs signalent que l’Amérique latine se constituerait aujourd’hui, à nouveau, comme un espace propice à l’émergence de projets politiques de gauche. Quels éléments géopolitiques, à ton avis, poussent-ils à cette conjoncture favorable à la mobilisation des gauches en Amérique latine ? Je me réfère ici à des éléments de la politique internationale, au rôle des États-Unis et à leur politique envers l’Amérique latine, ou à des événements tels que la mise en œuvre et la contestation sociale du néolibéralisme dans la région ou aux virages stratégiques au sein des gauches.

Franck Gaudichaud (FG) : On peut examiner ici divers plans. Sur un plan continental, nous pouvons signaler qu’effectivement la perspective géopolitique est centrale pour comprendre une partie de la conjoncture actuelle. Depuis quelque temps, on parle d’une possible « nouvelle autonomie » ou souveraineté de l’Amérique latine face aux « géants » du Nord, à l’impérialisme du centre et des États-Unis en particulier. Le scénario régional est évidemment fondamental pour analyser l’impulsion ou le « tournant » progressiste – institutionnel et électoral – de plusieurs pays, successivement, en moins de quinze ans. Plus de dix pays, notamment en Amérique du Sud, ont connu l’élection (et souvent la réélection) de présidents qui se reconnaissent comme de gauche ou de centre-gauche. Et des gouvernements de nouveau type, d’allure « progressiste » ou d’orientation national-populaire, plus ou moins radicaux, plus ou moins réformistes, sont apparus. On ne saurait pour autant affirmer que l’influence de Washington a disparu de la région ou que l’impérialisme (plutôt les impérialismes) soit devenu désuet en Amérique latine... Il s’agit d’un phénomène de domination continentale essentiel, mais combiné à de nouveaux processus et de multiples acteurs qu’il faut intégrer dans notre analyse : de la relation des gouvernements latino-américains avec les « pouvoirs de fait » (poderes facticos) toujours plus impressionnants des multinationales, à l’action des ONG ou celle des médias dominants, en passant par le nouveau rôle de la Chine et du Brésil. Néanmoins, nous pouvons certainement constater l’existence d’une nouvelle – quoique très relative – autonomie de la région et de marges de manœuvre plus grandes pour les États et leurs politiques publiques progressistes. J’insiste sur l’aspect relatif, mais aussi sur la nouveauté de la conjoncture, qui se traduit par exemple par un cours intégrateur régional créatif et bolivarien. C’est le cas de l’ALBA [1], impulsée par le président Chávez, sans doute la plus grande nouveauté de la période 2006-2010 car proposant un échange commercial solidaire, mais malheureusement à ce jour toujours dans une phase de développement limité en termes économiques et géopolitiques (au-delà de l’axe Cuba-Venezuela et des collaborations avec des pays de la Caraïbe, la Bolivie ou le Nicaragua). 

mercredi 24 juin 2015

Régionales. Cécile Cukierman : « Nous voulons une liste qui résiste à l’austérité »

Dans la future grande région Auvergne-Rhône-Alpes, le PCF a décidé, dimanche lors d’une conférence régionale, de ne pas partir avec le PS au 1er tour mais de rassembler largement à gauche.
La conférence régionale du PCF a-t-elle arrêté une stratégie en vue des élections régionales de décembre prochain ?
Cécile Cukierman Les 109 délégués communistes d’Auvergne et de Rhône-Alpes      ont réaffirmé notre volonté de rassembler le Front de gauche et de l’élargir pour    permettre aux mouvements social, citoyen, associatif de prendre toute leur place  dans la liste que nous souhaitons construire. Nous avons décidé de ne pas entrer  dans des querelles d’appareils et de partis. Notre posture est d’abord d’affirmer que nous ne souhaitons pas nous rassembler avec ceux qui défendent aujourd’hui des politiques d’austérité ou de casse du service public. Au contraire, nous voulons relever le défi imposé par la crise politique actuelle en ouvrant très largement nos listes à ceux qui y résistent. Une consultation des communistes sera organisée à la fin de l’été pour confirmer ces choix

Est-ce une fin de non-recevoir à l’appel au rassemblement de la gauche dès le 1er tour du président PS sortant de la région Rhône-Alpes ?
Cécile Cukierman Il nous semble, sur le fond comme sur la forme, que toutes les conditions ne sont pas réunies pour qu’il n’y ait qu’une seule liste à gauche au premier tour. C’est vrai avec le Parti socialiste, c’est vrai avec Europe Écologie-les Verts. La construction d’une liste ne peut pas consister à se répartir les places sur un bout de table depuis Paris ou Lyon. Elle doit permettre à un maximum d’acteurs de la vie sociale, syndicale, associative d’y prendre part et s’établir sur un programme très clair. C’est pourquoi nous lançons dès maintenant 1 000 rencontres à travers la nouvelle grande région avec toutes celles et tous ceux qui se battent pour résister à l’austérité. En tant que chef de file des communistes, désignée ce week-end à l’unanimité, j’entreprendrai une tournée régionale d’ici à l’automne pour mener ce débat.
Quelle sera l’attitude du PCF au second tour ?

« Le fascisme, c’est le parti du désespoir contre-révolutionnaire, disait Trotsky »

Syllepse publie un recueil de textes de Léon Trotsky, Contre le fascisme (1922-1940). Deux de ses coordonnateurs, Robi Morder et Patrick Silberstein, expliquent la démarche et l’intérêt de considérer l’époque actuelle à la lumière de ces textes.
Agrémenté d’une postface d’Ernest Mandel sur La théorie du fascisme chez Léon Trotsky et d’une introduction érudite, Contre le fascisme (1922-1940) est une somme de 81 textes et plus de 900 pages qui comporte aussi plusieurs index (noms, géographique, thématique) facilitent une lecture utile en ces temps troublés. Car derrière le détour par les années 1920 et 1930, c’est bien d’une lecture pour le temps présent qu’il s’agit.

Regards. Pourquoi ce livre et pourquoi avoir sous-titré votre introduction "Dernière station avant l’abattoir" ?
Au départ, il s’agissait de rééditer Comment vaincre le fascisme [1] de Léon Trotsky, livre épuisé. Et puis au fil de nos recherches, au regard de l’actualité de la question, de la lecture d’aujourd’hui qui est la nôtre, nous avons été "emportés" dans le projet. Au final, nous avons regroupé 81 textes qui recoupent la quasi totalité de ceux de Trotsky sur le fascisme et l’essentiel de ceux sur la guerre. Le livre aurait d’ailleurs pu s’intituler Contre Le fascisme et la guerre. Notre projet, c’est évidemment de mettre en relief ce qui peut nous servir aujourd’hui dans l’ensemble des réflexions, des intuitions et des théorisations de Trotsky sur le fascisme. D’un certain côté, il s’agit aussi de sortir Trotsky du "trotskysme"…

Vous insistez sur la nécessité d’une définition minimum du fasciste, qu’entendez-vous par là ?
C’est une recommandation de Zeev Sternhell qui indique qu’il faut dégager le dénominateur commun des mouvements se réclamant du fascisme, mais aussi de ceux qui, tout en déclinant la référence, font bel et bien partie de la famille. Disons qu’avec la concordance d’une solution autoritaire, d’une mise en avant du nationalisme et de la xénophobie, du recours à un homme providentiel et adossé à des partis "de masse" (dans les conditions d’aujourd’hui) capable de mobiliser les perdus et les exclus pour les dresser les uns contre les autres, on a des éléments communs à tous les fascismes. Il y a une autre constance, c’est la volonté d’écraser toutes les formes d’organisation populaire autonome et la liquidation de toutes les libertés. Les fascismes de notre temps, comme ceux d’hier, sont capables de rencontrer des groupes humains auxquels ils redonnent un sens, un "but final", est une réalité. C’est déjà ce qu’il y a chez Trotsky en 1933, quand il écrit : « Le désespoir les a fait se dresser, le fascisme leur a donné un drapeau. »
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mardi 23 juin 2015

Retenue à la source : une nouvelle imposture !

L’introduction « irréversible » de la retenue à la source pour 2018 est une nouvelle imposture gouvernementale. Celle-ci ne constitue en rien les prémisses de la réforme fiscale nécessaire afin de rendre l’impôt plus juste et efficace. Plus grave encore : sous prétexte de vouloir simplifier l’impôt sur le revenu pour les citoyens, le gouvernement créé en réalité les conditions de nouvelles inégalités et expose encore plus la vie privée des travailleurs vis-à-vis de leurs employeurs. Pour autant, cette réforme n’entraînera pas de simplification pour les salariés.
Quelques explications :

1 - Grâce à la retenue à la source, nous n’aurions plus besoin de faire de déclaration de revenus…
FAUX. La retenue à la source ne changerait rien. Si l’administration fiscale peut avoir une connaissance automatique des salaires grâce au recoupement avec la déclaration de l’employeur, elle ne peut avoir connaissance des changements de situation de famille, des déductions fiscales dont pourrait bénéficier le contribuable (frais de garde d’enfant, travaux dans l’habitation, cotisation syndicale...). De plus, un certain nombre de revenus ne peuvent être connus de l’administration (par exemple les revenus locatifs). Les français devront donc continuer à faire une déclaration annuelle.

2 – Finis les décalages entre la perception des revenus et le paiement de l’impôt…
FAUX. En cas de baisse des revenus par exemple, le montant de l’impôt ne pourrait pas être immédiatement modifié. En effet, les variations du montant de l’impôt découlent de critères qui ne pourront être connus qu’à l’occasion de la déclaration de revenus annuelle. Les rectifications éventuelles à opérer sur la retenue à la source se feraient, comme aujourd’hui, avec un an de décalage. L’impôt se calcule, en effet, en fonction du montant des revenus perçus durant une année, il faut donc attendre le 31 décembre avant de savoir ce que l’on doit pour l’année. La retenue à la source ne raccourcirait donc pas le décalage entre perception du revenu et paiement de celui-ci.

3 – Au moins la retenue à la source simplifierait le paiement de l’impôt…
FAUX. La retenue à la source n’amènerait pas de bénéfice par rapport au dispositif de la mensualisation. Au contraire, aujourd’hui le contribuable peut choisir entre un paiement en trois fois ou un paiement mensuel. Avec la retenue à la source, les citoyens perdront cette liberté de choisir le mode de recouvrement le plus adapté pour chacun.

4 - Ce nouveau mode de recouvrement ne recouvre aucun risque…
FAUX. La retenue à la source fournirait à l’employeur des éléments sur la vie privée des salariés (situation de famille, niveau de revenus du conjoint...) qui, pour la CGT, doivent absolument demeurer confidentiels.
L’impôt sur le revenu deviendrait un impôt indirect, n’étant plus payé directement par le contribuable à l’État. Moins visible, il faciliterait les fraudes, comme celle, massive, constatée pour la TVA, incitant également les entreprises à faire de la rétention de trésorerie et à réclamer une compensation représentative des frais de gestion du recouvrement de l’impôt sur le revenu, ce qui représentera une nouvelle dépense pour l’État.
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Collectif pour la gratuité des transports publics dans l’agglomération grenobloise

lundi 22 juin 2015

"Les milliards de la dette n’ont servi qu’à remplir les coffres des banques"




















La commission d’audit sur la vérité de la dette grecque, mise en place en mars par la présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, a rendu publiques ses conclusions préliminaires à la mi-juin. Ce pré-rapport met en lumière les pernicieux mécanismes qui confirment dès lors l’illégitimité et l’insoutenabilité, de cette dette, affirme l’économiste Éric Toussaint, en charge de la coordination de ces travaux. Entretien.

HD. Quels sont les points forts du rapport préliminaire qui décortique la généalogie de la dette de la Grèce ?
Éric Toussaint. Pour dresser ce rapport, nous nous sommes penchés sur les prêts consentis par les 14 États membres de la zone euro, qui s’élèvent à 53 milliards d’euros, le prêt débloqué par le Fonds européen de stabilité financière, de l’ordre de 130 milliards, les 27 milliards de titres détenus par la Banque centrale européenne (BCE) et les prêts octroyés par le FMI à hauteur de 27 ou 28 milliards. Nous avons analysé en priorité les dettes réclamées par les institutions que je viens de citer pour voir si l’on peut les considérer comme illégitimes, illégales ou insoutenables. Les résultats de nos investigations nous permettent de répondre clairement que c’est le cas.

HD. En quoi, précisément, ces dettes sont-elles illégitimes ?
E. T. La raison est simple: ces dettes n’ont absolument pas bénéficié à la Grèce. Elles ont été en réalité octroyées pour favoriser les grandes banques privées, notamment françaises et allemandes, lesquelles étaient les principales créancières jusqu’au début de 2010. Nous estimons qu’une dette est illégitime dans la mesure où elle est accumulée sans respecter l’intérêt général, mais pour favoriser une mino rité privilégiée. Les montants qui ont été octroyés par les 14 États membres de la zone euro, dont la France (10 milliards), ne sont pas arrivés dans les caisses de l’État grec, ils n’ont pas servi à payer des retraites ou des salaires de fonctionnaires, à faire fonctionner des hôpitaux ou à maintenir en état des infrastructures, mais à remplir les coffres des banques, lesquelles étaient par ailleurs à l’origine de la crise.

HD. Dans quelle mesure les résultats de vos travaux peuventils inspirer et renforcer la position du gouvernement grec face à la pression de ses créanciers ?
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Julian Mischi : « Il y a une dévalorisation générale des milieux populaires »

Sociologue et codirecteur de collection aux éditions Agone, Mischi a signé deux ouvrages consacrés au Parti communiste français : Servir la classe ouvrière (en 2010) et Le communisme désarmé (en 2014). Mais plus que l'histoire propre d'un parti (et de ses débats internes), c'est ce qu'il dit de la société tout entière qui nous intéresse et nous retient ici : rappelons qu'il avait obtenu 21 % des suffrages à la présidentielle de 1969 et moins de 2 % en 2007 — pareille évolution n'est pas, de toute évidence, sans significations sur notre époque. Comment en est-on venu à croire qu'il n'existait presque plus d'ouvriers en France ? Comment est-on passé de l'héroïsation du prolétariat au mépris des ploucs et des beaufs ? Le FN est-il le nouveau parti du peuple ? Mischi nous répond et propose, surtout, de redonner des armes au communisme français —  en replaçant, en son cœur, la lecture de classes.

Mettons les pieds dans le plat : pourquoi tant de personnes, en France, sont-elles persuadées que les ouvriers n'existent presque plus ? Qu'a-t-il pu se produire, collectivement, pour que cette idée folle ait pu prendre corps ?
Le groupe ouvrier, s’il a décliné depuis les années 1970, est en effet loin d’avoir disparu. Avec 6,8 millions d’individus au dernier recensement de 2011, il s’agit de l’un des principaux groupes sociaux, représentant 23 % de la population active française. Et, si l’on s’en tient à la seule composante masculine, un homme actif sur trois est ouvrier ! La population ouvrière reste donc importante, même si sa composition interne change — tout comme ses conditions de vie et de travail. Cependant, dans les représentations partagées par une majorité de Français, la composante ouvrière de la société est très largement sous-évaluée. Les ouvriers sont le plus souvent perçus comme des figures du passé ou des figures étrangères, travaillant en Chine ou au Bangladesh. Comment expliquer cette distorsion des représentations avec la réalité ? Tout d’abord, sûrement par le fait que l’on confond souvent le mouvement ouvrier et les ouvriers eux-mêmes. De la fragilisation de la classe ouvrière et de l’affaiblissement des organisations ouvrières, on en conclut trop rapidement à la fin des ouvriers, dont l’image est associée aux bastions industriels et aux conflits sociaux. Or les ouvriers d’aujourd’hui sont moins syndiqués, travaillent davantage dans des petites unités de production, dans le secteur des services, et beaucoup résident dans les espaces ruraux et périurbains. Ils ne correspondent pas aux images toutes faites de la classe ouvrière, qui ont été produites par les militants du siècle dernier. Il faut cependant rappeler que les figures ouvrières classiques, telles que les métallos ou les cheminots, sont bien sûr loin d’avoir disparu.
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vendredi 19 juin 2015

Pétition - La France doit soutenir la Grèce










Appel au Président de la République « La place de la France est aux côtés du peuple grec »


"Monsieur le Président de la République,

La crise grecque s'exacerbe de façon alarmante. Chaque jour qui passe peut, soit nous rapprocher d'un accord utile à toute l'Europe, soit d'une rupture dont personne ne peut prévoir les conséquences. L'intransigeance des principaux dirigeants européens peut nous conduire alors au bord de l'abîme. Il est aussi vital que pressant de sortir de ce piège. Le moment est crucial. La responsabilité de chaque acteur concerné est directement engagée. Il serait sordide -et au demeurant parfaitement vain- d'escompter une capitulation du gouvernement grec. La fidélité de celui-ci au mandat que lui a confié son peuple n'est pas un défaut mais un exemple à suivre. S'il refuse la compromission, il s'est, en revanche, montré prêt au compromis. Une solution à la fois digne et réaliste est donc à portée de la main. Le moment ultime est venu pour la concrétiser.

C'est dans ce contexte que nous vous lançons un appel solennel : la France ne peut, dans un tel moment, apparaître inerte sinon suiviste des puissants. Son message ne peut se réduire à un rappel docile des "règles" à respecter quand la maison brûle. D'autant que ces règles sont aujourd'hui massivement récusées par les peuples et reconnues contre-productives par nombre de leurs anciens protagonistes eux-mêmes.

Aujourd'hui, alors que la crise de confiance entre les citoyens et les institutions européennes est à son comble, c'est en se montrant capable d'entendre l'exigence de justice, de dignité et de souveraineté d'un  peuple debout qu'un pays comme le nôtre sert la cause européenne bien comprise. A l'inverse, qui humilie la Grèce obère l'avenir de la construction européenne. Car le refus de l'austérité et l'aspiration démocratique sont aujourd'hui en Europe les attentes les plus partagées.

C'est pourquoi nous attendons de vous, que vous preniez une initiative politique de nature à débloquer les négociations entre l'"Eurogroup" et les autorités grecques. Nous n'évoquerons pas ici les transformations profondes à promouvoir en Europe qui font débat entre nous. L'acte urgent que nous vous demandons d'accomplir est de refuser de participer à la stratégie d'isolement de la Grèce, concernant en particulier le chantage financier et la nature des "réformes" exigées du gouvernement et du Parlement de ce pays. Apportez un soutien explicite aux mesures saines prises par les autorités grecques, telles que celles qui s'attaquent à la crise humanitaire en Grèce, ou qui permettent enfin de lutter contre l'évasion fiscale. Désolidarisez-vous en revanche nettement  des exigences insoutenables de l'"Eurogroup" en matière de dérégulation du marché du travail, de révision du système des retraites ou de privatisations. Acceptez enfin le principe d'une renégociation de la dette grecque, dont une large part est notoirement illégitime.

Cette situation est sans précédent dans l'Union européenne. La France doit prendre la place qui est la sienne dans l'Histoire, celle-ci est aux côtés du peuple grec et de son gouvernement."
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Jean Vautrin ou le peuple debout

Écrivain, scénariste, cinéaste, Jean Vautrin est mort ce mardi 16 juin. Tout au long d’un parcours exceptionnel, il a livré une œuvre passionnée, riche et populaire, à laquelle Roger Martelli rend hommage.


Jean Herman, dit Jean Vautrin, était un sacré zigue. La passion de ses œuvres a jalonné ma vie. De Billy Ze-Kick à Boro…
C’était un touche-à-tout talentueux. Il démarra brillamment au cinéma, tourna avec les meilleurs, Roberto Rossellini, Jacques Rivette, Vincente Minnelli. Réalisateur à part entière, il dirigea des têtes d’affiche, Alain Delon, Danièle Darrieux, Charles Bronson, Suzanne Flon, Brigitte Fossey, Jean Rochefort, Robert Blin.
Tout son talent dans l’écriture
Vautrin sut mettre en valeur ces ainsi nommés "seconds" rôles, qui constituent les figures les plus populaires et les plus attachantes du cinéma français, Bernard Fresson, Paul Crauchet, Henri Virlojeux, Paulette Dubost et tant d’autres. On aime ou on n’aime pas le cinéma populaire "à la française". Mais si Jean Herman ne fut pas le plus connu de ses représentants, il fut l’un des plus subtils et des plus originaux.
Il aurait pu être un grand de la pellicule. Au bout du compte, lui qui adapta à l’écran Raymond Queneau déploya tout son talent dans l’écriture. Il fut et resta un scénariste prolixe pour Georges Lautner, Claude Pinoteau, Jacques Deray, Yves Boisset ou Gilles Béhat. Mais il préféra avant tout suivre les traces d’Alexandre Dumas et d’Eugène Sue. La nouvelle et le roman policier n’avaient pas de secret pour lui. On connaissait un peu Herman le cinéaste. On ne cessa de reconnaître Vautrin l’écrivain. Billy Ze-Kick le projeta sur le devant de la scène. Il ne le quitta plus.
Il est de ceux qui ont donné leur lettre de noblesse au roman populaire contemporain. Il a poursuivi la veine du roman-feuilleton, un peu oublié après les grandes sagas radiophoniques et loufoques de Pierre Dac. Qui avait commencé, en 1987, à arpenter les rues du Berlin de l’entre-deux-guerres avec Boro, reporter photographe, ne pouvait que l’accompagner, séducteur avec canne, à Paris, en Espagne et jusqu’en Palestine, traquant sans relâche la peste brune, avec élégance, distance et sans jamais perdre l’espoir.
Écrivain populaire
D’âme libertaire, Vautrin se passionnait pour le peuple de Paris. Boro fut le personnage fétiche de la dernière partie de sa vie. Mais c’est la Commune de Paris qui révéla pleinement son talent. Son roman de 1998, Le Cri du peuple, nous fit suivre, haletants, les aventures du bel Antoine Tarpagnan, du ténébreux Horace Grondin et de l’éblouissante Gabriella Pucci, présentée comme le modèle de L’Origine du monde, le tableau sulfureux du communard Courbet. En roman, ce Cri du Peuple était déjà un monument à la gloire du Paris communard. Mais que dire quand, à la verve de Vautrin, s’ajouta le trait de plume subtil et rageur de Tardi ? Rarement s’est opérée une telle symbiose entre un scénariste et un dessinateur.
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mardi 16 juin 2015

Nouvelle Secretaire Départemental PCF dans l'Isére

Samedi 6 juin 2015, près de 60 délégués des sections de l'Isère se sont retrouvés en congrès extraordinaire dans les locaux de la Fédération.

Ils ont élu une nouvelle direction départementale avec Annie David comme secrétaire et Jean Martos comme trésorier.